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Opinions

Observer les secrets de l’industrie océanique depuis chez soi

Actualités
9 avril 2021

Crédit visuel : Nisrine Nail – Directrice artistique

Chronique rédigée par Marie-Ève Duguay – Journaliste

Le documentaire Seaspiracy, dirigé par Ali Tabrizi, est sorti sur Netflix le 24 mars dernier. Le cinéaste britannique y traite des effets de l’activité humaine sur nos océans, en abordant notamment la question de la pêche excessive. Il force ses spectateur.rice.s à faire des constatations importantes. 

Alors que je parcourais le menu de Netflix dans l’espoir de trouver de quoi décompresser après une longue semaine, je suis tombée sur ce film vendredi dernier. Mais j’ai rapidement réalisé que le travail de Tabrizi était bien loin d’être relaxant, et qu’il invitait plutôt à la réflexion.

Statistiques alarmantes

En se basant sur la prémisse qu’il faut sauver nos océans afin de lutter contre le changement climatique, le documentaire présente plusieurs données qui choquent. Tabrizi démontre que la pêche commerciale est l’une des principales causes de la pollution océanique, et qu’elle est responsable d’environ 46 % du plastique retrouvé dans les océans. Les filets à la palangre créent par exemple assez de débris pour faire le tour de la planète 500 fois par jour. 

Seaspiracy note que cette industrie est également responsable d’une grande partie des émissions de carbone. Ses effets sont dévastateurs pour les océans, qui abritent environ 80 % de la vie sur Terre. Ainsi, la pêche commerciale a des répercussions plus directes sur la race humaine. Le cinéaste mentionne que jusqu’à 24 000 pêcheur.euse.s meurent chaque année, en faisant l’une des carrières les plus dangereuses au monde. 

En voyant ces nombres défiler sur mon écran, j’ai été désagréablement surprise. Les conséquences de nos activités semblent être un énorme prix à payer pour que je puisse retrouver du saumon dans mon assiette. 

Solutions à toute échelle

Malheureusement, remplacer ses pailles en plastique par des pailles réutilisables et opter pour un sac à usage multiple lorsqu’on fait ses courses ne sont pas des méthodes suffisantes pour remédier à la pollution océanique. Seaspiracy explique que l’industrie de la pêche est plus nuisible pour les océans que l’utilisation du plastique à usage unique, les pailles ne correspondant qu’à un pourcent du plastique qui se retrouve dans ces cours d’eau. 

Le réalisateur incite plutôt les spectateurs.rices à pratiquer le végétalisme. Il explique que les fruits de mer sont surtout consommés pour leur forte valeur nutritive, mais que les acides gras oméga-3 pour lesquels sont reconnus les poissons sont plutôt retrouvés dans les algues qu’ils consomment. En nous plongeant dans la culpabilité et en exposant les effets de la pêche, c’est presque assez pour que je me mette moi-même à ce genre de régime. Mais, je ne crois pas que cela soit un objectif réaliste pour tou.te.s. 

Il serait cependant plus utile de mettre davantage de pression sur les gouvernements globaux afin de pouvoir changer les choses. Tabrizi souligne que ces derniers devraient apprendre à tenir les compagnies responsables pour les dommages qu’elles causent aux océans. Planter davantage d’algues marines serait aussi une méthode efficace pour séquestrer les émissions de carbone produites par la pêche industrielle.

Hypocrisie dénoncée

Le documentaire expose aussi la vérité qui se cache derrière les étiquettes « sans risque pour les dauphins », que portent les compagnies de fruits de mer dites « durables ». Les entrevues qui ont été faites par Tabrizi ont révélé que les entreprises ne peuvent pas garantir que leurs activités soient réellement réalisées de manière éthique. Les prises accessoires, c’est-à-dire les captures faites qui ne correspondent pas à l’espèce visée par la pêche commerciale, ont des conséquences tragiques sur l’écosystème.

La pêche serait, d’après le documentaire, annuellement responsable du décès de plus de 300 000 baleines et dauphins, et de 50 millions de requins. La mort de ces espèces a à son tour de grandes répercussions sur la chaîne alimentaire, influençant ainsi l’ensemble de la biosphère. J’ai souvent fait des efforts pour acheter ces produits certifiés. Vous pouvez donc vous imaginer ma surprise lorsque j’ai découvert que, dans la plupart des cas, les étiquettes ne veulent rien dire. 

De mon côté, je vais continuer à refuser les pailles en plastique, même si, selon le documentaire, leur impact est plutôt minime. En limitant son utilisation de plastique, en recyclant, en faisant des dons à des charités écoresponsables, et, pour celles et ceux qui le désirent, en arrêtant de consommer des fruits de mer, nous pouvons tou.te.s faire une différence. Je crois qu’écouter le film de Tabrizi est aussi un bon point de départ pour prendre part à la conversation. Il ne sert pas qu’à faire une simple prise de conscience ; c’est un appel à l’action. 

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