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Opinions

Les flocons ont disparu, et laissent place aux détritus

Actualités
25 mars 2021

Crédit visuel : Valérie Soares – Photographe

Chronique rédigée par Marion Charruyer – Journaliste

Le printemps pointe le bout de son nez et a fait monter la température de quelques degrés. Alors que la neige fond, nous espérons redécouvrir notre belle ville d’Ottawa ; mais dans certains quartiers, nombreux sont les déchets ménagers étalés sur le sol. Il semblerait que nous ayons encore beaucoup à apprendre concernant la gestion de nos ordures.

Cela fait maintenant trois mois que je suis arrivée à Ottawa. Durant l’hiver, je me suis émerveillée devant cette magnifique ville enneigée : un décor digne d’une carte postale. Mais maintenant que les températures commencent à monter, une quantité assez impressionnante de détritus en tout genre deviennent visibles et, plus particulièrement, d’emballages plastiques. Cela m’a amené à questionner ce que les habitant.e.s du centre-ville font de leurs déchets.

Recyclage inefficace

Mouchoirs, emballages plastiques, bouteilles en verre… Voilà une liste non exhaustive des objets que je dois enjamber chaque jour en rentrant chez moi, et qui invitent les ratons laveurs à venir festoyer la nuit devant ma fenêtre. Mais comment en sommes-nous arrivé.e.s là ? 

Je partage mes bacs à ordure avec la maison à côté de la mienne. À chaque fois que je sors pour jeter et trier mes poubelles, je remarque que le carton, le verre et le plastique sont mélangés. Il semble que mes colocataires et mes voisin.e.s, comme un quart de la population d’Ottawa, ne savent comment ou ne veulent pas recycler leurs déchets. En effet, il s’agit d’un problème assez important dans notre ville, et il faudrait que les citoyen.ne.s cherchent à le régler. 

Ce qui pose le plus problème dans tout ça, c’est le plastique. Ce matériau est celui qui est le plus utilisé quotidiennement et qu’on retrouve le plus par terre dans la rue. Si on sait que l’Amérique du Nord représente l’un de ses plus gros consommateurs dans le monde, on sait aussi qu’au Canada plus spécifiquement, moins d’un dixième du plastique utilisé par la population est recyclé. Et la pandémie n’a fait qu’aggraver cette situation : en discutant avec plusieurs personnes autour de moi, j’ai réalisé que bon nombre d’entre elles craignant la transmission des bactéries, privilégient les emballages plastiques à usage unique pouvant se jeter directement après utilisation. 

D’un autre côté, la ville a également sa part de responsabilité dans tout ça. Peut-être devrait-elle faire en sorte que ses citoyen.n.es soient mieux informé.e.s sur la façon de trier leurs déchets ? Pour ma part, je pense que les bacs à recyclage devraient être systématiquement remplacés par des poubelles qui se ferment. Étant à ras du sol, il suffit d’un coup de vent pour que papiers et bouteilles plastiques s’envolent. Le point positif, c’est que la ville est généralement nettoyée au printemps.

Modèle étranger

J’ai grandi en France, et grâce à ma famille, j’ai pris l’habitude de recycler mes déchets depuis toute petite. Il est difficile de réellement comparer les chiffres sur le recyclage entre l’Europe et l’Amérique du nord, alors je ne peux pas vraiment affirmer que la situation est bien meilleure de l’autre côté de l’Océan. Mais je pense qu’il y a certains éléments sur lesquels nous pourrions prendre exemple.

Dans un premier temps, j’ai l’impression que les citoyen.ne.s européen.ne.s sont mieux informé.e.s quant à la façon de trier leurs déchets. En France par exemple, nous avons deux sortes de poubelles devant chez nous : une verte pour ce qui n’est pas recyclable et une bleue pour le papier, le plastique et l’aluminium. Sur les couvercles de nos poubelles, sont indiqués les produits que nous pouvons mettre dedans. Je trouve cela très utile, car une fois arrivé.e devant la poubelle en question, nous savons quoi y mettre. Or ici, je ne vois que des bacs de couleur, et il est facile de se tromper. Là-bas, si nous voulons jeter notre verre ou même recycler nos vêtements, il y a des grands conteneurs disposés un peu partout dans les villes. Et, une fois de plus, des étiquettes indiquent quoi mettre dedans.

Lorsque j’ai voyagé en Suède ou en Hollande par exemple, j’ai été étonnée de voir à quel point ces pays sont propres et prennent à cœur l’environnement. Les deux pays font en effet partie du tiers de l’Europe qui « recycle 90% des déchets plastiques », comme le soulignait Delphine Simon pour France Inter l’année dernière. À Stockholm par exemple, vous trouverez à chaque coin de rue une poubelle en deux parties, une des deux moitié correspondant à ce que vous pouvez recycler.

Agir à son échelle

Je suis bien consciente qu’un.e individu.e ne peut radicalement changer la situation environnementale actuelle. Cependant, avec de petits gestes quotidiens, vous pouvez faire beaucoup. D’autant plus que ces petites actions s’additionnent avec celles des autres.

Ce qui me parait le plus important, c’est de réduire la consommation de plastique ; partez faire vos courses avec des sacs réutilisables, privilégiez les emballages qui peuvent être recyclés et utilisez des gourdes en aluminium. Pour ma part, cela fait un an que j’utilise des savons et des shampoings solides. Ils sont généralement vendus dans des emballages en carton, ne me coûtent pas plus cher, et sont souvent faits avec des produits naturels.

Depuis quelques années, je recycle vêtements, meubles et décorations. Autrement dit, je rachète de multiples objets qui ont déjà servi. Même s’ils ne sont pas neufs, ils sont généralement en très bon état et me coûtent trois fois moins cher que si je les avais eus en magasin. C’est ce que vous pouvez faire avec des sites comme Kijiji, ou mieux encore, en allant explorer la gratuiterie de notre campus.

Je ne saurais aussi trop vous recommander de trier vos déchets. C’est une habitude à prendre, mais qui ne demande finalement pas plus d’énergie. Il suffit de prendre, par exemple, deux cartons et de les disposer dans votre cuisine. L’un sera pour le papier et l’autre pour le plastique et le verre. Vous n’aurez plus qu’à les porter et à les vider dans les bacs à recyclage. Si vous ne savez pas comment trier vos déchets, il existe de multiples sites et articles en ligne qui vous aideront. Je vous conseille également l’application mobile Calendrier collecte d’Ottawa, qui vous offre un calendrier de ramassage des ordures, et un sommaire d’informations relatives au tri sélectif. 

Finalement, profitez du beau temps pour laisser vos voitures de côté ; marchez, faites du vélo, des patins à roues alignées ou même de la trottinette. L’air vous en remerciera, et votre humeur également !

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