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Arts et culture

Quand les arts visuels affrontent la pandémie

Culture
11 octobre 2020

Crédit visuel : Nisrine Nail – Direc­trice artis­tique

Par Aïcha Ducharme-Leblanc – Jour­na­liste

De nombreux secteurs de l’industrie culturelle ont été affectés par la pandémie, et tout particulièrement le secteur des arts visuels. Artistes, étudiant.e.s en art ou galeries d’art, tou.te.s les adeptes de ce milieu ont dû s’adapter pour faire face à cette période d’incertitude.  

La situation sanitaire depuis mars et les mesures de distanciations sociales exigent de tou.te.s les acteur.rice.s du secteur artistique qu’ils.elles repoussent leurs limites et se réorganisent. Mais cela ne se fait pas sans difficultés. 

À la maîtrise

Pour Maxime Boisvert-Huneault, candidat à la maîtrise en arts visuels à l’Université d’Ottawa (U d’O), l’impact majeur de la pandémie sur le milieu des arts est visible. Si, selon lui, le « présentiel est primordial en art », les activités du département d’arts visuels ont dû migrer vers le virtuel, la majorité des cours, présentations, critiques, et conférences étant désormais offerte à distance.

Les étudiant.e.s du cycle supérieur peuvent néanmoins accéder au pavillon des arts en réservant à l’avance un atelier. Cet accès aux ateliers offre aux étudiant.e.s à la maîtrise un espace de travail désigné, mais aussi la possibilité de visiter les ateliers des un.e.s et des autres, sous respect de la distanciation sociale et autres mesures sanitaires. Ils.elles peuvent ainsi se nourrir des créations de chacun.e. Antoine O’Donoughue, lui aussi candidat à la maîtrise en arts visuels à l’U d’O, estime qu’il s’agit là d’un privilège, auquel les étudiant.e.s du baccalauréat au premier cycle n’ont malheureusement pas accès. 

Au premier cycle

Le contact avec l’art de ses collègues est ce qui manque le plus à Senka Stankovic. L’étudiante de troisième année en arts visuels rapport que, malgré les efforts de ses professeur.e.s, la rétroaction essentielle obtenue par ses pair.e.s à l’issue de la présentation de son art « devient presque impossible, parce qu’on ne peut pas partager ce qu’on fait présentement [à travers un écran d’ordinateur] ».

Boisvert-Huneault et O’Donoghue, assistants d’enseignement au premier cycle, concèdent qu’un énorme fardeau est porté par les étudiant.e.s de ce dernier. Toutefois, en dépit de cette situation peu idéale, ils se disent très impressionnés par la résilience dont ils sont témoins. 

Galeries d’arts

Les galeries d’art ottaviennes ont repris leurs activités depuis le printemps, avec de nouvelles mesures préventives. Véronique Couillard, chargée des communications francophones pour la Galerie d’art d’Ottawa (GAO), explique que la GAO a rouvert cinq expositions au public depuis début juillet.  Le reste des activités, des réunions et conférences aux ateliers, continuent cependant à se dérouler virtuellement.  

Jean-Claude Bergeron, propriétaire de la galerie Jean-Claude Bergeron, dit ne pas avoir été très dérangé par la situation actuelle. Il a rouvert son espace en mai, et estime qu’il a pu continuer son activité comme à son habitude, avec essentiellement quelques nouvelles mesures de sécurité, comme la prise de rendez-vous des client.e.s au préalable. 

En revanche, ce qui a changé, explique-t-il, c’est qu’il « vend beaucoup plus [d’œuvres] par internet [puisque] les gens sont chez eux ». Il ajoute que ses ventes ont même augmenté certains mois depuis le début de la pandémie ; la présence virtuelle d’une galerie d’art lui paraît aujourd’hui essentielle.  

Couillard remarque, elle aussi, que le transfert au virtuel a entraîné un changement favorable par rapport à l’accessibilité de la GAO. Elle leur permet alors d’atteindre un autre public, comme « les gens pour qui c’est peut-être pas facile de se rendre à la galerie pour des questions de mobilité ».

Art et pandémie 

O’Donoughue, Stankovic, Boisvert-Huneault et Bergeron s’entendent sur le rôle thérapeutique de l’art, qu’ils décrivent comme  soulageant et introspectif. Bergeron souligne en particulier que « l’art a toujours joué un rôle sécurisant, du point de vue mental, intellectuel. C’est une façon de s’entourer de choses positives pendant des moments difficiles […], l’art apporte un certain bien-être ». 

Les oeuvres d’art de demain seront, selon Couillard, d’autant plus riches que leur contexte de création s’inscrit dans la dynamique actuelle de la pandémie. Les artistes devront raconter, représenter, transmettre, ou traduire dans leur art, leur perception de cette crise historique mondiale. 

La Rotonde tient à souligner que tous les entretiens ont été conduits avant la mise en oeuvre des nouvelles restrictions liées à la COVID-19 à Ottawa et en Ontario.

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