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Mois de la francophonie : Une Fransaskoisie inclusive

Web-Rotonde
9 mars 2015

– Par Alex Jürgen Thumm –

La Fransaskoisie ne m’a pas bercé comme nouveau-né, mais elle m’a accueilli à bras ouverts dès que nous avons faits connaissance. Elle est infiniment accueillante. Ça a pris 15 ans avant que je ne la croise et du jour au lendemain, elle m’a adopté même si ma famille ne parlait pas un mot de français.

En grandissant à Saskatoon, une ville presque aussi peuplée que Gatineau, j’ignorais complètement qu’il y avait des francophones parmi nous. Je ne l’aurais pas cru. J’apprenais cependant le français pour le plaisir. Un jour, une amie de ma famille m’a fait part de l’existence de Gravelbourg, une ville de 1200 âmes à à peine trois heures au sud-est. J’étais bouche bée, il fallait que je la voie.

L’année d’après, je me suis inscrit en 11e année au pensionnat Collège Mathieu à Gravelbourg. Pour 5000 $, on m’a nourri et logé et j’étais bien à l’aise. Il ne fallait pas payer de droits de scolarité. Nous étions 22 élèves à l’école et cinq en 11e année et c’était peut-être la meilleure et la plus formatrice année de ma vie. Pour une fois, j’avais une identité collective, une appartenance. Je n’étais plus ni le « nazi » unique comme je l’étais au primaire ni un simple anglophone qui ressemble à tous les autres. Je dois beaucoup aux Fransaskois. Même si je ne m’appelais pas Gaudet ou Fortier, je n’étais jamais un étranger ou considéré comme étranger.

Les Fransaskois sont un peu uniques, en effet. Notre accent n’est pas toujours perçu comme étant francophone malheureusement, et de moins en moins de jeunes choisissent de parler le français en dehors de l’école. Toutefois, nous sommes un fait et nous ne disparaissons guère.

La Fransaskoisie ne doit pas sa croissance relative à des gens comme moi, pourtant. Je l’attribue plutôt à la migration, surtout du Québec et de différents pays africains. En effet, plusieurs statistiques se montrent en notre faveur : plus de 4 % des Saskatchewanais parlent français, Saint Isidore de Bellevue compte une population francophone de 78 % et le nombre de francophones se renforce par rapport à la croissance de la population en général.

Néanmoins, beaucoup de Saskatchewanais ignorent la présence du fait français chez eux. Nous restons invisibles aux anglophones. Je me souviens qu’une camarade de classe est montée un jour dans l’autobus à Saskatoon et a montré sa carte étudiante de l’École canadienne-française afin de payer le tarif étudiant. Le conducteur ne s’est pas laissé convaincre qu’une telle école existait à Saskatoon, il croyait donc que sa carte étudiante devait être une fausse. Elle a dû payer le tarif adulte. Une élève fransaskoise paraît ne pas être toujours reconnue comme une élève.

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