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Conférence autochtone
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Conférence sur les disparités des soins de santé autochtones : des inégalités à aplanir

Daphnée-Maude Larose
1 décembre 2023

Crédit visuel : Courtoisie — Association de bioéthique de l’Université d’Ottawa

Article rédigé par Daphnée-Maude Larose — Journaliste

L’Association de bioéthique de l’Université d’Ottawa a tenu, le 24 novembre dernier, une conférence sur les disparités des soins de santé pour les personnes autochtones. Ayant lieu au premier étage de la résidence 90U, elle avait pour objectif de présenter les résultats de leurs recherches sur cette problématique ainsi que d’ouvrir une discussion avec Teresa Edwards, une femme autochtone, directrice exécutive et conseillère juridique interne de la Fondation autochtone de l’espoir.

Des barrières multiples

Victoria Hamilton, une des chercheuses, a commencé en présentant une peinture de l’arbre de la vie, un symbole très important pour plusieurs communautés autochtones. Elle a utilisé cette œuvre pour illustrer les différents niveaux de barrières et de limites auxquels font face les Autochtones lorsqu’il est question de services de santé. Elle a expliqué qu’il existe trois types de barrières ; celles dites « proximales », qui ont des impacts plus directs sur les individus, ainsi que celles dites intermédiaires et « distales ».

Hamilton a mentionné que les barrières « proximales » concernent la géographie, c’est-à-dire les longues distances que les Autochtones ont à parcourir pour atteindre un bâtiment offrant des services de santé. Il est aussi question du niveau d’éducation : elle a soulevé qu’une personne moins éduquée comparativement à la population générale « aurait plus de difficultés à naviguer le système de santé où il y a beaucoup de termes complexes ». Les faux propos qui circulent dans les médias affectent les comportements des médecins envers les Autochtones, ce qui explique pourquoi ces dernier.ère.s sont traité.e.s différemment, a-t-elle exprimé. Il n’est pas rare qu’ils.elles soient considéré.e.s comme saoul.e.s par le personnel de santé, alors qu’ils.elles sont atteint.e.s du diabète, a partagé Edwards. Elle a précisé que les symptômes liés à cette maladie chronique et à une trop grande consommation d’alcool peuvent être assez similaires.

Maryam Felfel, aussi dans l’équipe de recherches, a abordé les barrières intermédiaires, notamment en matière d’emploi et de culture. Le taux de personnes autochtones sans emploi est plus élevé que la moyenne de la population canadienne, a-t-elle souligné. Ils.elles ont tendance à avoir un salaire plus bas, ce qui rend leur déplacement pour un traitement plus difficile, selon elle. Elle a soutenu que : « L’accent mis sur les soins de santé traditionnels dans les curriculums de médecine peut décourager les étudiants [autochtones] à choisir une carrière en médecine, parce qu’ils ne sont pas représentés dans ces domaines. »

Celle-ci a continué en discutant des barrières « distales », c’est-à-dire le colonialisme, le racisme et l’exclusion sociale. Felfel a expliqué que les groupes autochtones ne sont pas inclus dans les prises de décisions concernant les politiques de santé, les laissant en désavantage lorsque ces dernières sont exécutées. La chercheuse a rapporté que « les réserves ne disposent pas les services adéquats pour répondre aux besoins des communautés autochtones », ce qui les affecte dans plusieurs autres sphères.

Un manque d’inclusion et de représentation

Farah Mourad, la troisième chercheuse, est revenue sur le manque d’inclusion des Autochtones qui souhaitent travailler dans le domaine médical. Selon elle, il est problématique que les professeur.e.s autochtones soient peu nombreux et qu’ainsi, leur charge de travail pour représenter leurs communautés soit très grande. Ils.elles n’ont pas le temps d’incorporer du contenu autochtone dans les cours de santé, déplorait-elle.

Cette carence de professeur.e.s se manifeste aussi par une rareté d’exemples et de mentor.e.s pour ces étudiant.e.s issu.e.s des communautés qui tentent une carrière en santé, a-t-elle affirmé. Selon cette chercheuse, un manque d’inclusion cause une faute d’encouragement et de motivation dans ce domaine.

Lors de leur échange avec Edwards, les membres de l’Association lui ont demandé, en tant que futur.e.s travailleur.euse.s en santé : « Pourquoi est-il important que la culture autochtone soit intégrée dans le domaine de la santé et de la médecine ? » L’invitée était d’avis que les services publics devraient être adaptés aux individus qu’ils servent. « On [les peuples autochtones] est ici depuis plus de 15 000 ans et nous étions des nations prospères avec nos propres médecines, nos propres gouvernements, nos propres langues, nos propres pratiques », a-t-elle établi. Ils.elles n’avaient pas de problèmes socioéconomiques avant la colonisation et toutes les complications qu’elle a engendrées, a constaté la directrice exécutive.

Edwards a soutenu qu’il y a un devoir de former le personnel médical parce qu’il y a énormément de biais intégrés dans nos croyances sociales. Elle a ajouté que lorsqu’il s’agit de questions de race, il est difficile de modifier le niveau politique sans transformer les comportements et les convictions des personnes travaillant dans ces domaines. La conseillère juridique a exprimé qu’il faut œuvrer avec ceux.celles qui le souhaitent et qui veulent voir des changements.

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