
Tracer la voie vers la justice raciale en éducation et dans la société
Crédit visuel : Marina Touré – Cheffe du pupitre Actualités
Article rédigé par Marina Touré — Cheffe du pupitre Actualités
Le jeudi 16 février dernier a eu lieu la conférence « Avancer l’équité raciale en éducation et dans la société ». La discussion portait sur les différentes expériences des panélistes afin de mettre en place l’équité raciale dans leur environnement. L’événement avait pour but d’offrir aux étudiant.e.s racisé.e.s des outils et des stratégies pour naviguer dans le monde postsecondaire. Comment y promouvoir l’équité raciale ainsi que le bien être de chacun.e ?
Au départ, Mame Fatou Ndiaye, étudiante en 4e année dans le programme d’économie internationale et développement, avait choisi de participer à la conférence pour soutenir une amie organisatrice. Elle dit être finalement ressortie avec de nouvelles connaissances et heureuse d’avoir pu participer à cette discussion.
C’est un sentiment qui pouvait se lire sur le visage des participant.e.s au panel. Ce dernier mettait en scène Sarah Audrey Seh Abomo et Yanaminah Thullah, toutes deux anciennes étudiantes de l’Université d’Ottawa. La première occupe un poste au ministère de la Défense nationale en tant qu’analyste politique junior pour la mise en place de politiques antiracistes, tandis que la seconde est curatrice communautaire d’art à la Galerie d’art d’Ottawa.
Expérience vécue
La première question de la conférence portait sur ce qui a mené les deux panélistes à travailler autour de la diversité et de l’inclusion. Toutes deux, bien qu’ayant eu des parcours différents vers l’activisme, ont mis en avant le rôle qu’a joué l’expérience vécue dans ce choix de carrière. Elles se sont attelées durant leurs années universitaires à créer des espaces afin de mettre en avant l’expérience des autres personnes noires et racisées et leur permettre de s’intégrer.
Il peut être difficile pour les étudiant.e.s racisé.e.s de s’intégrer sans ces espaces. En effet, selon Seh, iels sont porté.e.s, en plus d’être étudiant.e.s, à devenir activistes ou à s’investir dans des clubs et la communauté. Thullah explique ce besoin de s’investir dans un environnement communautaire par le fait que cela permette de ne pas avoir à « cacher qui nous sommes ».
Pour lutter contre cette « charge raciale » énoncée par Lesly Nzeusseu, modératrice du panel, il est nécessaire selon Thullah et Seh d’utiliser les outils qui existent dans son propre environnement. « On veut créer des espaces où on se sent bien, mais on a le même temps que les autres étudiants », poursuit Seh. Pour pallier cela et éviter l’épuisement, il faut accepter de devoir se détacher de certains combats par moments, avoue Thullah.
La santé mentale dans tout ça ?
Thullah confie avoir eu du mal à mettre en place des pratiques de self care dans sa vie. Elle raconte qu’après son rôle dans la manifestation contre le racisme à l’U d’O en automne 2020, elle a dû prendre ses distances avec l’activisme pour prioriser son bien-être. Cela lui a pris environ deux ans après sa graduation pour désapprendre les habitudes qu’elle avait prises en tant qu’étudiante impliquée dans la communauté. « On doit se donner la permission de prendre soin de soi d’abord », conseille-t-elle.
Seh rappelle cependant que plusieurs pratiques de self care ne sont pas accessibles pour tou.te.s. Il faut selon elle comprendre que le concept de self care est adaptable à chacun.e, cela peut être par exemple prendre cinq minutes pour faire des exercices de respiration. Selon Thullah, ces pratiques ne demandent pas toujours de l’argent, au contraire, « il y a plusieurs manières de trouver des moments de paix ».
Ndiaye définit ce moment comme le plus marquant durant la conférence. Elle décrit la santé mentale comme un sujet tabou dans son pays d’origine, et est heureuse de pouvoir en discuter amplement dans ce type d’espaces.
Selon elle, peu étudient la manière dont certains problèmes de santé mentale apparaissent chez les personnes racisées. Il peut être difficile de se reconnaître dans certains symptômes, car les femmes noires sont souvent vues comme étant high functioning ou très productives, énonce Thullah. Cela ne leur permet donc pas de recevoir le traitement approprié pour leurs problèmes de santé mentale, dénonce-t-elle. Selon Seh, il faut aussi créer des services de thérapie culturellement adaptés, afin que les client.e.s ne fassent pas face à des micro-agressions lorsqu’ils.elles tentent de trouver de l’aide, insiste-t-elle.
Promouvoir l’équité raciale
Somme toute, afin de promouvoir l’équité raciale, selon les panélistes, il faut d’abord comprendre ce dont il s’agit. Thullah utilise l’analogie d’un dîner : elle compare les invité.e.s et le fait de servir à chacun.e des plats qui leur conviennent à la notion d’inclusion des personnes racisées et de leurs besoins. Selon Seh, il est essentiel de construire dans les institutions des mécanismes de réprimande lorsque les politiques de diversité et d’inclusion ne sont pas respectées. Lorsque ces mécanismes seront mis en place, il sera possible pour elle d’instaurer « de véritables actions durables et de sortir du tokénisme ».
Nzeusseu conclut la conférence en espérant que tou.te.s les participant.e.s retiendront les leçons données. Elle prime l’importance de continuer à avoir ces discussions pour faire véritablement avancer l’équité raciale dans la société et l’éducation.