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Les paramètres de l’inclusion pédagogique

Marina Toure
10 février 2023

Crédit visuel : Nicholas Monette – Contributeur 

Article rédigé par Marina Touré – Cheffe du pupitre Actualités

Une équipe du Service d’appui à l’enseignement et à l’apprentissage (SAEA) de l’Université d’Ottawa (U d’O) a décidé de se concentrer sur la mise en place de l’inclusion dans le domaine pédagogique. Leur site a été lancé en novembre 2022, et les créateur.ice.s ont récemment organisé des webinaires d’introduction afin de présenter cette notion à la communauté. Comment peut-on s’assurer de la mise en place de changements durables dans le domaine de l’éducation?

Lorsque l’on discute de l’inclusion pédagogique, il est important de s’entendre d’abord sur la définition, confie Eli Ndala, étudiant en doctorat à la Faculté d’éducation. Pour lui, celle-ci désigne le travail autour de l’inclusion de la sensibilité culturelle dans les stratégies pédagogiques des enseignant.e.s. Il faut s’assurer de sortir du «cadre habituel de l’enseignant», ajoute-t-il, afin de permettre à tou.te.s de se sentir représenté.e.s dans la salle de classe. C’est ce que Maryse Sullivan et Jean-Pascal Beaudoin, spécialistes du développement pédagogique au SAEA et créateur.ice.s du site, ont tenté de mettre en place. Celui-ci regroupe 150 stratégies d’inclusion pédagogique pour aider les enseignant.e.s à instaurer des changements durables.

L’union fait la force

Sullivan et Beaudoin soulignent que dès le début de leur projet, leur but a été de rassembler la recherche du bien-être de tou.te.s les étudiant.e.s dans les différentes stratégies proposées par le site. Tou.te.s deux ne souhaitaient pas diviser les stratégies selon les besoins de chaque étudiant.e, mais plutôt mettre en place des techniques qui répondent à plusieurs d’entre eux.elles. Selon Beaudoin, les origines du site proviennent de la volonté de «travailler ensemble pour bonifier l’environnement d’apprentissage et que tout le monde s’y sente bien».

Le site contient cinq onglets. Le premier est une introduction à la notion d’inclusion pédagogique. Le deuxième, poursuit Sullivan, invite les visiteurs et visiteuses du site à «explorer leurs biais et repenser leur façon d’enseigner». Le troisième onglet offre une approche plus théorique en regroupant des recommandations quant à la mise en place des stratégies. Le quatrième présente les 25 stratégies les plus recommandées et permet aux utilisateur.ice.s de trouver des stratégies plus spécifiques selon leurs besoins. Enfin, le dernier onglet présente différentes ressources, ainsi qu’un espace de rétroaction.

Il était important de s’assurer que le site représente les besoins des communautés sous-représentées ; les utilisateur.ice.s peuvent donc inclure leur rétroaction, ou ajouter d’autres ressources, poursuivent Sullivan et Beaudoin. Tou.te.s deux reviennent sur le processus de recueil des nombreuses ressources que l’on peut trouver sur le site. L’une des étapes centrales a été la consultation des membres des différentes communautés racisées et spécialistes dans le domaine.

Importance de la sensibilité culturelle

Selon Ndala, il est essentiel de retrouver dans ces différentes stratégies la notion de la sensibilité culturelle. En effet, il y a encore plusieurs choses qui ne sont pas comprises par les enseignant.e.s, comme «les cheveux par exemple, si un éducateur ne comprend pas ce genre de choses, ça peut miner l’expérience» dénonce-t-il. Il faut donc centraliser les expériences vécues dans la discussion et la mise en place de l’inclusion pédagogique.

En allant à la rencontre de la communauté étudiante, des groupes et des expert.e.s, Sullivan et Beaudoin ont pu s’assurer que leurs expériences seraient mises en avant. Cela a permis de faire des précisions sur le site, de rajouter des choses qui manquaient, ou simplement d’entendre l’expérience des utilisateur.ices.s après la mise en place des stratégies, expliquent-ils.elles.

De plus, discuter de l’inclusion pédagogique mène aussi à parler de l’inclusion des méthodes d’éducation des communautés autochtones. Ndala confie qu’il peut être parfois difficile de perdre de vue ses propres combats en termes d’inclusion. Il prône donc l’importance de la décentration lorsqu’il s’agit de l’inclusion pédagogique. «C’est important pour tout le monde», continue-t-il. Pour lui, mettre en place ces méthodes, ainsi que les différentes stratégies d’inclusion, n’aide pas que les communautés marginalisées, mais toute la population étudiante.

Changements durables

Le site n’a pas pour but d’être une simple ressource pour les utilisateur.ice.s, insistent Sullivan et Beaudoin : tou.te.s deux veulent en faire une avenue incontournable pour tou.te.s ceux.celles qui s’intéressent à l’inclusion pédagogique. «Notre site, c’est à la fois un répertoire de ressources et un processus d’apprentissage», déclare Beaudoin, d’où la décision de le rendre accessible à la «communauté mondiale». De plus, pour s’assurer de mettre en place des changements sur le long terme, les deux créateur.ice.s du site préparent une «retraite d’inclusion», durant laquelle des éducateur.ice.s seront réuni.e.s pour créer des stratégies d’inclusion à mettre en place dans les salles de classe.

Selon Ndala, il est essentiel de recueillir des données pour véritablement développer la question de l’inclusion pédagogique. Cela permettrait pour lui de démontrer l’impact chez les étudiant.e.s, pour porter cela à l’échelle provinciale et nationale. Pour Ndala, Sullivan et Beaudoin, il est essentiel de continuer à faire évoluer les principes mis en place afin d’inscrire ces nouvelles pratiques de manière permanente à l’U d’O.

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