Le Mois national de l’histoire autochtone, une célébration quotidienne
Crédit visuel : Ministère des Relations Couronne-Autochtone et Affaires du Nord Canada
Article rédigé par Jacob Hotte – Journaliste
Chaque mois de juin, depuis 2009, le Canada honore officiellement les peuples autochtones à l’occasion du Mois national de l’histoire autochtone. Ce mois permet aux Canadien.ne.s de s’instruire davantage sur les traditions, les croyances et les coutumes des Premières Nations. Cependant, qu’est-ce que ce mois représente réellement pour les personnes autochtones au Canada ?
Plus de 1,8 million de personnes se sont identifiées comme étant autochtones au Canada en 2021. Cela veut donc dire que la perception du public face à l’importance et la signification de ce mois peut varier grandement d’un individu à un autre. Pour Quanah Traviss, représentant des étudiant.e.s autochtones au Conseil d’administration du Syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa (SÉUO), Co-Président de l’Association étudiante autochtone (AÉA) de l’Université d’Ottawa (U d’O) et membre de la nation Kanyen’kehà:ka, ce mois n’a aucune signification particulière. Ce sentiment est partagé par Grand-mère Francine Payer, une marcheuse de l’eau Anishinabe.
Mais alors, pourquoi commémorer ce mois ?
Selon Payer, le seul rappel de ce mois se trouve dans la célébration de différents festivals. Pour Traviss, si la célébration de l’histoire et de la culture de sa nation ne se limitent pas qu’au mois de juin, il considère tout de même qu’il s’agit aussi d’une des périodes où les peuples autochtones sont mis au premier plan. Le Co-Président de l’AÉA précise que c’est pendant ces périodes que les Premières Nations sont réellement écoutées. Selon lui, ce mois permet aux personnes autochtones de s’exprimer afin de démontrer aux autres qu’ils.elles sont plus que de simples stéréotypes et qu’ils.elles méritent d’être célébrées.
Les cérémonies et les événements organisés durant le mois de juin sont majoritairement centrés sur l’éducation révèle Payer. Cependant, pour elle, cette éducation ne se limite pas qu’au mois de juin, c’est un processus continuel qu’elle entreprend toute l’année. L’apprentissage fait aussi partie de la réalité de Traviss qui énonce avoir appris sa langue maternelle dans le but de commémorer ses ancêtres. La pratique continue de ses coutumes et traditions et le fait de vivre sa culture au quotidien lui permet de célébrer l’histoire de sa nation.
Comment s’engager ?
Avant d’apprendre à connaître les cultures et l’histoire des peuples autochtones, Traviss souligne qu’il est nécessaire de se tourner vers une personne qui connaît la culture, une personne qui la vit. En ce qui concerne les traditions et les coutumes, le Co-Président de l’AÉA ajoute qu’il faut aussi se renseigner sur celles-ci avant de les essayer. En effet, certaines pratiques sacrées peuvent être fermées à ceux.celles en dehors du contexte culturel, en outre lorsque celles-ci ne sont pas bien orchestrées, cela peut être de l’appropriation culturelle mentionne-t-il.
En revanche, Traviss encourage fortement l’apprentissage de langues autochtones. Les langages sont accessibles à tous.toutes, et peuvent offrir une idée des cultures qui y sont attachées, ajoute-t-il. Payer quant à elle, suggère d’assister aux cérémonies des peuples autochtones. Ce sont souvent des activités gratuites qui sont ouvertes à tous et à toutes, informe-t-elle. Il est impossible d’en apprendre plus sur les coutumes et l’histoire des Premières Nations sans jamais assister à une cérémonie, insiste-t-elle. S’y rendre en personne nous donne la chance de discuter avec les aîné.e.s de ces communautés et de poser des questions sur ce que l’on voudrait savoir, ajoute-t-elle.
Et la réconciliation dans tout cela ?
Au mois de janvier, le site web du journal Pivot annonçait que cela pourrait prendre jusqu’à 2065 avant que le gouvernement fédéral réponde aux 94 appels à l’action de la Commission de vérité et de réconciliation. La réconciliation ne s’arrête pas qu’aux appels à l’action, indique le représentant des étudiant.e.s autochtones. Bien que ces appels représentent 94 pas dans la bonne direction, ce ne serait pas suffisant pour arriver à destination, conclut-il. La marcheuse de l’Eau, en accord avec Traviss, énonce qu’avant de pouvoir discuter de réconciliation, il est important de s’éduquer sur les Premières Nations. Toutefois, ces derniers partagent des opinions divergentes quant au temps alloué à la résolution de ces appels.
Si selon Payer il serait possible de réaliser tous les 94 appels à l’action grâce à des efforts conjugués et donc en moins de 42 ans. Pour Traviss, c’est un travail constant qui n’arrêtera jamais. Afin de pouvoir accomplir les 94 appels à l’action, beaucoup de volonté politique est nécessaire, explique-t-il. Selon lui, ces changements et leurs évolutions restent dépendants des changements de gouvernement au cours des années. Le Mois de l’Histoire des peuples autochtones bien qu’une opportunité pour mettre en avant les voix autochtones doit être un effort prolongé au long de l’année.