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Arts et culture

For Love, un documentaire pour la réconciliation

Maxence Bahaban
26 novembre 2022

Crédit visuel : Courtoisie : Facebook / For Love Film 

Critique rédigée par Maxence Bahaban – Stagiaire

Sorti cette année et disponible depuis le 21 septembre sur la plateforme Netflix Canada, le documentaire For Love adresse la « crise humanitaire » qu’ont vécu et vivent encore les personnes autochtones. Ainsi, le documentaire nous raconte et nous fait vivre les histoires de ces communautés. 

La production de Mary Teegee et Matt Smiley commence en nous donnant des chiffres vertigineux : il y a aujourd’hui 48 000 enfants dans le système du bien-être de l’enfant au Canada, 29 000 d’entre eux.elles, soit 52 %, étant des enfants autochtones. Ces chiffres prennent d’autant plus d’ampleur quand nous apprenons que les enfants autochtones représentent seulement 7,7 % de la population canadienne. Cela cause des problèmes identitaires chez ces enfants, qui sont séparé.e.s de leurs traditions et cultures et dont « le souvenir le plus clair de leur enfance est le jour où ils étaient déplacé.e.s ».

Le début des injustices 

Tout débute avec la Loi sur les Indiens de 1876. Cette loi a donné au gouvernement de l’époque ainsi qu’au département des affaires indiennes de nombreux pouvoirs sur la vie des autochtones. Elle a par exemple rendu la possession et l’acquisition de terrains quasiment impossible pour les personnes autochtones, et la pratique de leurs traditions spirituelles a été déclarée illégale. Selon le documentaire, l’objectif de ce projet de loi est était de faire disparaître les personnes autochtones, de les assimiler. L’idée était que les personnes dites « civilisées » devaient intégrer ceux.celles qui étaient considéré.e.s comme des « sauvages ».

La Loi sur les Indiens n’a pas été la seule mesure prise par le gouvernement pour accomplir cet objectif. En effet, vers cette même période, le Canada a témoigné de la création des pensionnats. Ces derniers étaient des écoles créées par le gouvernement et l’Église catholique afin d’éduquer et de convertir les jeunes autochtones à la société et aux « valeurs » canadiennes. Les personnes autochtones ont donc été forcées d’y envoyer leurs enfants, sous peine de sanctions.

Dans ces écoles, on attribuait parfois aux jeunes autochtones de nouveaux noms et ils.elles souffraient de conditions misérables, dont des abus sexuels et physiques, de l’espace restreint et des maladies, entre autres. Ce système a été très efficace dans sa mission d’assimilation et est aujourd’hui « considéré comme une forme de génocide culturel ». Dans le documentaire, un des survivants des pensionnats résume son expérience comme étant une lutte pour la survie, qu’elle soit culturelle, mentale ou physique. Ce témoignage prend beaucoup de sens lorsque nous nous remémorons le récent scandale de la découverte de tombes et de corps d’enfants autochtones sur les terrains d’anciens pensionnats.

Une génération traumatisée 

Vers 1960, plusieurs amendements à la Loi sur les Indiens ont été adoptés, visant à redonner plus de libertés et à reconnaître plus de droits aux populations natives. Cependant, ces mesures étaient insuffisantes et ont donné lieu à un nouvel affront envers les Autochtones, les « Sixties Scoop ».

Cette expression réfère à la prise en charge massive des enfants autochtones par les services du bien-être des enfants canadien.ne.s dans les années 1960. Ces prises en charge se faisaient régulièrement sans le consentement des parents et les enfants étaient arraché.e.s de leur communauté et, encore une fois, privé.e.s de leur culture. Pour les autorités, c’était la méthode la plus rapide et fiable de gérer le bien-être de ces enfants, qui vivaient dans des conditions déplorables, parfois même abusives. 

De nombreux.ses autochtones rencontraient (et rencontrent toujours) des problèmes de logements, à l’accès à de l’eau potable et font face à de l’insécurité alimentaire. D’autres ont sombré dans l’alcoolisme et les drogues afin d’échapper aux traumatismes de leur enfance et des pensionnats. Le documentaire remet en question ce système d’intervention et plaide pour plus de proactivité et d’aide – notamment des services pour soigner la dépendance – permettant d’éviter le sentiment d’impuissance et d’isolement qui s’est emparé des populations autochtones.

Une lueur d’espoir

Afin d’aider les personnes autochtones et de préserver leur culture, de nombreuses initiatives ont été lancées. Ces dernières visent notamment à éduquer les allochtones dans le but de lutter contre les confusions et les méconnaissances sur les peuples natifs, mais aussi à permettre à tou.te.s les autochtones de se lier avec leur patrimoine, leur culture, leur langue. Ces initiatives servent au processus de guérison, qui est nécessaire pour plusieurs.

De plus, le 28 février 2019, le projet de loi C-92 a été introduit afin de donner aux communautés autochtones la juridiction sur leur progéniture. Le 21 juin de la même année, le projet a reçu l’accord royal et ainsi, le gouvernement a reconnu le droit des communautés autochtones de gérer leurs enfants et d’implémenter leurs lois et politiques concernant leurs situations familiales. Cela démontre une envie du gouvernement de réellement changer la situation pour le meilleur.

Ce documentaire est très informatif et complet. Nous sentons l’envie des réalisateur.ice.s d’informer la population sur la situation des peuples autochtones. Leur documentaire nous emmène partout au Canada à la recherche d’exemples, des 34 intervenant.e.s et des différentes communautés. Les diverses langues et chants des personnes autochtones ainsi que d’autres éléments des cultures autochtones sont une part intégrale de cette production. Pour comprendre les peuples autochtones et ne pas répéter les mêmes erreurs que dans le passé, il est crucial de s’informer : For Love est un pas vers l’avant. 

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