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Arts et culture

Mois de l’histoire des Noirs – Exposition « Merci pour les souvenirs »

Web-Rotonde
10 février 2014

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– Par Paola Boué –

À l’occasion du Mois de l’histoire des Noirs, événement annuel célébrant la culture et l’histoire de la communauté noire, le Réseau d’artistes noirs en dialogue (RAND) a mis sur pied, le jeudi 6 février dernier, le vernissage de l’exposition artistique « Merci pour les souvenirs » à la Galerie Lorraine Fritzi Yale.

L’exposition rassemblait les œuvres de cinq artistes noires : Dominique Dennery, Evelyn Duberry, Prea Zwarych, Majorie Lubin et Jane Ladan, chacune ayant sa technique de prédilection. Ainsi, peintures, photographies et sculptures se sont vues réunies dans le cadre de cette exhibition. Malgré leur diversité, toutes les pièces représentaient en un sens l’histoire et les identités noires, de l’artiste dans un premier temps, mais également de la communauté noire dans son ensemble.

Par exemple, la jeune mauricienne Jade Ladan, récemment diplômée de l’École d’Art d’Ottawa, a mêlé dans ses colliers géants en terre-papier – un mélange de papier mâché et d’argile – des aspects de sa personnalité ainsi que des éléments de sa région d’origine et d’autres territoires africains. « J’ai toujours aimé confectionner des bijoux. Quand j’étais petite, j’adorais en faire pour les offrir à mes amis et à ma famille. Aujourd’hui, mes colliers sont inspirés des colliers Maasaï d’Afrique de l’Est et leurs couleurs vives viennent de celles des oiseaux que l’on trouve dans les forêts kenyannes. […] De plus, je fais beaucoup de recherches sur les récifs coralliens, parce que c’est important de trouver quelque chose qui me représente. Je suis une fille des îles et étant loin de chez moi, c’est important de me retrouver quelque part, de me sentir bien dans un autre pays. Tous ces éléments font partie de moi en tant que Noire », explique l’artiste.

La photographe Marjorie Lublin, venue présenter sa série de clichés intitulée « Lumière et Mouvements », a également partagé sa perception de l’identité noire. « La communauté noire représente une diversité. Nous sommes une multitude de cultures et le fait que certaines d’entre nous soient rassemblées ici, que l’on expose différents types d’art et différentes approches artistiques est une preuve de cet éclectisme. Par ailleurs, le nom de l’exposition « Merci pour les souvenirs » est important, car il est primordial de savoir d’où l’on vient, connaître son histoire et avoir une réflexion sur sa situation et sur ses progrès, d’où ma thématique sur le mouvement, parce que je pense que nous sommes tous en constante évolution », explique Mme Lublin.

L’idée d’évolution de l’identité est également reprise par la sculptrice Dominique Dennery. « C’est extrêmement important de regarder le passé mais aussi l’avenir. Il faut utiliser notre mémoire pour y trouver une force pour nous inviter à avoir un avenir différent, où on peut être encore plus créateur et novateur. Souvent, les Noirs se retrouvent dans des carcans, ils sont sportifs, chanteurs ou autre, mais pour moi, on peut aller plus loin que cela. L’idée de mémoire importe oui, pourvu qu’elle soit une inspiration pour l’avenir », confie Mme Dennery. La sculptrice donne par ailleurs un aspect supplémentaire à l’identité noire, en alliant à celle-ci la notion de féminité. Ses trois œuvres exposées représentent trois femmes, dont l’une est une ancienne esclave ayant obtenu sa liberté et les deux autres sont Méduse, issue de la mythologie grecque, et Erzulie, une cruelle sirène. Les femmes noires que Dominique Dennery a réalisées ont donc de fort caractères, ce qui laisse paraître une pointe de féminisme revendiquée dans l’art de la sculptrice. Toutefois, quand on l’interroge sur son inspiration et sur le message qu’elle veut passer dans ses œuvres, elle répond : « Je ne prévois pas toujours d’avance ce que je vais faire. Tout n’est pas toujours calculé… C’est souvent après coup que je me dis qu’il y a peut-être un fil conducteur. L’important est de laisser s’exprimer l’inspiration quand elle vient. L’art peut être un moyen de guérison, d’expression de ce que l’on en a en nous. Les œuvres sont le symbole du cheminement et de la façon dont évoluent l’artiste et les êtres humains. »

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