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Les obstacles pour les femmes en politique municipale

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24 septembre 2018

Par Camille Ducelier, cheffe du pupitre actualités 

À l’heure actuelle, sur les 24 postes au conseil municipal de la ville d’Ottawa, seulement 4 sont occupés par des femmes. Diverses campagnes et groupes tentent de changer la donne pour les prochaines élections de la ville, qui se dérouleront le 22 octobre. L’Université d’Ottawa a accueilli 4 candidates au conseil municipal pour une conférence ayant pour thème les obstacles rencontrés par les femmes en politique.

Animé par la journaliste de CBC Joanne Chianello, le panel organisé par le regroupement étudiant I vote – Je vote a invité quelques leaders de la communauté féminine ottavienne. D’abord, Emilie Coyle se présente dans le district 8, soit le district Collège. Celle-ci a longtemps travaillé en droit et s’implique dans plusieurs mouvements, dont un programme de parrainage avec des réfugiés, par exemple. Ensuite, Raylene Lang-Dion, originaire de Terre-Neuve, se présente dans le district d’Alta Vista.

La crise du logement à Herongate est d’ailleurs un enjeu majeur dans sa plateforme électorale. La troisième panéliste, Jenna Sudds, est candidate dans le district de Kanata Nord. Issue du milieu technologique, Sudds a été nommé citoyenne de l’année pour Kanata Nord en 2012. Finalement, Christine McAllister se présente pour le conseil municipal dans le district 17, soit le district de la Capitale. Cette dernière a longtemps travaillé dans la fonction publique et se dit maintenant prête à se lancer en politique municipale.

Le saut vers la politique

Ces quatre femmes ont été invitées pour témoigner des difficultés que les femmes rencontrent de manière quotidienne lorsqu’elles décident de se lancer en politique. Les candidates ont beaucoup insisté sur la difficulté de faire le saut entre une vie ordinaire, c’est-à-dire un emploi traditionnel et une vie de famille, à une campagne électorale, qui dépasse largement les horaires de la semaine de travail de 37,5h. Pour certaines, c’est simplement se lancer et prendre la décision de mettre sa vie sur pause qui a été très difficile.

D’ailleurs, pour chacune des candidates présentes mardi soir, la question de la famille est souvent abordée lors du porte-à-porte dans la communauté. Elles expliquent que souvent, des citoyens ou d’autres candidats se questionnent sur leur difficulté à mettre de côté leurs enfants et conjoints pour mener une campagne électorale. Bien qu’il soit compliqué de donner moins de temps à sa famille, admet Emilie Coyle, il est rare que ce type de question soit posée aux hommes candidats.

De plus, toutes les candidates poussent les jeunes femmes et les filles à prendre des risques et à se lancer malgré les obstacles, puisqu’elles considèrent que les femmes ont souvent plus de difficulté à prendre des risques que des hommes.

Manque de financement

Ensuite, l’obstacle majeur pour se lancer en politique, soutiennent Coyle et Sudds, est le manque de financement. « J’ai arrêté de travailler à temps plein la semaine dernière », explique la première. Sudds travaille encore à temps plein, en plus d’être en campagne électorale « plus qu’à temps plein ». Le manque de financement est un véritable obstacle pour les femmes de milieux moins aisés qui tentent de faire une différence dans leur communauté.

Raylene Lang-Dion se considère chanceuse, étant financièrement en mesure de prendre un arrêt de travail et de se concentrer sur sa campagne. C’est pour cette raison, souligne Christine McAllister, qu’il faut plus de bénévoles et de jeunes qui s’impliquent dans les élections municipales. Cette dernière défend que « c’est une expérience incroyable, tant au niveau politique que communautaire ».

Sexisme : encore un enjeu

D’autre part, le sexisme est toujours présent dans les campagnes électorales. En effet, Sudds qualifie les médias sociaux comme un obstacle important dans la carrière des politiciennes. En se basant sur son style vestimentaire, celle-ci s’est fait accuser d’utiliser son sex appeal pour remporter des votes, ce qu’elle qualifie d’aberrant et de totalement faux. Emilie Coyle raconte d’ailleurs qu’à plusieurs reprises, des hommes lui ont demandé si elle avait reçu l’accord de son mari pour faire de la politique. Ainsi, les quatre panélistes s’entendent pour dire qu’il y a toujours un travail phénoménal à faire pour l’intégration des femmes dans la vie publique.

Des solutions concrètes

D’un point de vue plus pragmatique, les conférencières se sont fait poser la question suivante : « Comment allez-vous concrètement aider les femmes à s’intégrer en politique ? » Les quatres femmes sont d’accord : il faut la création d’un Bureau de la promotion de la femme pour que la ville prenne en compte différents points de vue, pour être ainsi en mesure d’accommoder l’entièreté de la population d’Ottawa.

De plus, Lang-Dion propose la création d’espaces où les femmes sont à l’aise de participer, que ce soit au conseil municipal ou ailleurs dans la communauté. Pour Emilie Coyle, il faut créer des programmes qui permettent aux jeunes filles de participer à la vie politique. Par exemple, pouvoir suivre un conseiller municipal dans son travail pour en apprendre davantage sur la vie politique et ainsi possiblement les inciter à se lancer en politique.

Les femmes qui se lancent en politique rencontrent plusieurs obstacles qui nuisent à leur carrière. Entre autres, le manque de financement force des candidates à travailler à temps plein tout en menant une campagne électorale. Finalement, les solutions plus concrètes comme des programmes qui incitent les jeunes filles à s’impliquer vont peut-être changer les statistiques alarmantes du quota homme-femme au conseil municipal d’Ottawa.

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