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Arts et culture

#PigeonsAffamés, ou comment se donner bonne conscience

Culture
1 février 2016

Par Sophie Bernier

#PigeonsAffamés, pièce éclatée écrite et mise en scène par Anne-Marie White, inaugura l’édifice nouvellement rénové de la Nouvelle Scène, le mardi 26 janvier dernier. Cette première production de la 40e saison du théâtre du Trillium a offert une prestation plutôt hétérogène qui pousse au questionnement des habitudes sociales actuelles à travers une critique des médias sociaux.

Cette pièce est une véritable courtepointe de réflexions sur les petits moments quotidiens et de métaphores éloquentes parsemées de monologues, de chœurs et de danse. Elle déplore ce que nous sommes en tant que société : des êtres surpassés par la technologie, déboussolés, à l’âme ulcérée. On voit bien au fil du spectacle que les protagonistes, qui représentent à la fois une communauté et des individus, font naître les questionnements plutôt que de tenter d’y répondre.

Il faut être courageux pour souffrir

Le texte est tel que les spectateurs sont confrontés à quelques souffrances absurdes, comme la sensibilité accrue ou déraisonnable. On assiste par exemple à la lecture au ton absurde d’une lettre écrite par une jeune fille qui, ébranlée par l’accident d’un de ses camarades qui le plongea dans un coma, doit visiter un psychologue. Le destinataire, l’ami accidenté, reçoit les explications de son éloignement : elle doit affronter ses peurs, ses craintes, ses angoisses. La jeune fille est soutenue par sa famille et son petit ami dans cet épisode dépressif qui prend fin lorsqu’elle comprend que la souffrance de son camarade n’est pas la sienne.  Elle conclut qu’elle doit imposer les limites de sa compassion. La recherche identitaire, le déséquilibre mental et le vide qu’il entraine sont éloquents ici, même si le jeu comique se développe sur l’auto-victimisation de l’amie.

La culture de l’image

Un autre cadre portait sur le culte de l’image par le truchement d’un bris de conversation d’une femme (ou pas), à son mari (ou un autre). Cette conversation, plutôt réprobatrice, exposait le manque de rigueur qui existe dans la construction d’une opinion juste et sensée. « Si on te demande ce que tu penses des capitalistes, t’as qu’à dire : ‘Ahh! Donald Trump là! R’garde..!’, en roulant les yeux et c’est dans la poche! » Et en effet, ces pseudo-analyses politiques sont retrouvées à profusion sur les réseaux sociaux, autour de la table et parfois même à la radio.

On retrouvait d’ailleurs plusieurs clichés présents dans la société moderne, tel que celui de la gauche caviar, celle qui se félicite de manger bio, d’aller faire du Bikram Yoga et qui sauvera le monde avec sa Diva Cup. Namasté!

 

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