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Arts et culture

Split : jeu de sablier, le temps et l’espace filent

Culture
27 octobre 2019

Crédit visuel : Gregory Lorenzutti 

Par Noémie Calderon Tremblay – Journaliste 

Tout droit venu de Melbourne en Australie, Split est un spectacle de danse contemporaine chorégraphié par Lucy Guerin. Présenté au Centre national des arts (CNA), du 24 au 26 octobre, le spectacle présente deux danseuses se livrant en duel. La rencontre des deux corps ne laisse pas indemnes.

La petite salle et le public proche de la scène créent un rapport intime. Les danseuses Lilian Steiner et Ashley McLellan dansent dans une aire de jeu qui se rapetisse au fur et à mesure . L’une est complètement nue et l’autre vêtue d’une robe bleue diaphane. 

La chorégraphe soulève ainsi la question du partage de l’espace. L’idée est née, pour Lucy Guerin, du désir de créer un spectacle de création plus intime suite à plusieurs projets de grande envergure. L’artiste souhaitait renouveler avec la recherche en danse et s’offrir le privilège de ne travailler qu’avec deux danseuses.

Cadre strict

Après 20, 10 et 5 minutes, les deux femmes arrêtent de danser pour poser une bande adhésive sur le plancher de la scène. Elles séparent d’abord la salle en deux, puis en un quart et ainsi de suite; ajoutant contraintes à l’espace. Leurs gestes se mêlent et leur corps se rapprochent. Les danseuses se séduisent, jouent ensemble, s’agrippent, se battent et se mordent afin de gagner de la superficie. 

La trame sonore, une composition du musicien électronique britannique Robin Rimbaud, est un son de percussion variant en volume et en rythme selon l’intensité de la scène. L’effet sonore y est réduit à son minimum et accompagne les mouvements.

Quelques faisceaux éclairent les danseuses. À une exception près où, pour une courte période, une lumière est projetée de sorte que l’on voit les ombres des deux interprètes sur le mur. Pendant ce bref instant, deux nouvelles présences semblent se joindre à la pièce et ajoute une toute autre histoire.

Violence et poésie

Dans un arrangement composé de mouvements techniques abstraits, il est possible pour le spectateur attentif d’y mirer l’esquisse d’une fiction. À quelques reprises, les danseuses miment presque des scènes de violence, de meurtre, voir de cannibalisme. L’harmonie esthétique de leurs mouvements côtoie la passion, la sauvagerie, la brutalité des scènes qu’elles interprètent. Toutefois, les gestes des danseuses sont très poétisés ce qui rend difficile de croire à la violence de leurs gestes.

Même si elles dansent ensemble et répètent souvent les mêmes mouvements, chacune se distingue clairement. Le fait qu’une soit nue et l’autre vêtue et que leurs expressions personnelles de la pièce divergent, crée un contraste saisissant, l’impression qu’elles occupent un lieu différent.

Le choix de faire danser nu l’une des artistes, donne au spectateur une autre perspective sur l’acte de danser. La nudité dévoile la réalité des danseurs professionnels : le travail physique, l’effort soutenu et la constitution particulière du corps de la danseuse. L’interprète dégage ainsi à la fois une force et une vulnérabilité qui bouscule le spectateur.

Un spectacle simple, sans effet de masse ou technologique puissant. Sa force est dans la beauté du dynamisme des corps chorégraphié. Split donne envie de voir d’autres oeuvres où la nudité est exploitée aussi brillamment. 

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