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Éditorial

Une culture qui perdure

Rédaction
18 septembre 2017

Éditorial

Par Mathieu Tovar-Poitras – Rédacteur en chef

À moins que vous viviez en hibernation dans le fin fond d’une forêt, dans le sous-sol d’une cabine abandonnée, vous savez que la culture du viol sur les campus est un véritable fléau. Le constat sur le sujet fait réellement pitié, et c’est une situation qui n’aurait jamais dû subsister.

Mais cela ne reste que des mots. De dire qu’une situation n’aurait pas dû pouvoir exister est beaucoup plus facile que d’agir pour combattre cette situation. Mais faire ce qui est facile ne sert à rien. Tout changement, aussi logique et naturel qu’il semble, est fondamentalement difficile.

Les personnes qui se dévouent réellement à la cause, et quand je dis réellement, je fais référence à celles qui dérangent, qui parlent trop fort, qui ne comprennent pas le message quand des imbéciles écrivent des slogans misogynes sur leurs voitures, méritent tout notre respect.

Des organismes comme le Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) ici à Ottawa sont fondamentaux afin de dénoncer des agressions et de combattre les inégalités. S’il y a quelque chose qui devrait être fait, dans l’optique de la communauté uottavienne, c’est de renforcer la visibilité des services présents autour du campus.

En accroissant les ressources disponibles dans ce secteur, les liens vers les informations et contacts de ces services seront diffusés à une plus grande échelle. De simplement faire connaître le nom des services est un pas vers l’avant afin que la communauté étudiante en connaisse l’existence.

Une réalité qui fait baisser la tête

Pourquoi devrions-nous faire connaître ces organismes sur notre campus ? Je sais, moi-même je n’arrive pas à croire que je viens d’écrire cette question parce que la poser, c’est y répondre.

Selon une étude datant de 2013, 300 000 étudiantes américaines sont victimes de viol lors de leurs études au sein d’universités américaines. Bon, je pense déjà pouvoir entendre le monde qui me dira quelque chose du genre « c’est triste, mais c’est aux États-Unis, ici c’est différent ».

Désolé, mais non. Juste non. Se comparer à nos voisins afin de se bomber le torse n’est tout simplement pas une raison pour minimiser le problème. En perpétuant cette approche au problème, un cercle vicieux s’installe. On est prêt à se contenter du minimum sous prétexte que c’est pire ailleurs, ce qui mène ensuite à un ralentissement du développement relatif aux efforts pour remédier à ces problèmes.

Mais bon, pour le monde qui décide de persister avec cette approche, je vous dis, avec respect, que c’est le temps de se réveiller et d’arrêter de niaiser.

La culture du viol existe sur les campus canadiens.

Le réseau CBC Toronto a récemment introduit la série Sex Assault on Campus, qui a pour objectif d’examiner la manière dont les victimes sont affectées par les politiques liées aux agressions sexuelles. Cette émission au mandat de donner une voix aux victimes a en plus un autre impact, qui semble tellement évident : de démontrer l’étendue et l’impact du problème.

Ce n’est pas un sujet facile à aborder. Mais encore une fois, ce n’est pas parce que c’est difficile qu’il faut l’éviter. La culture du viol et les agressions sexuelles sont encore des sujets tabous qui font baisser la tête de certaines personnes lorsque ces termes sont mentionnés.

Une pression grandissante

En mars 2016, le gouvernement ontarien a présenté un projet de loi visant à rendre obligatoire, dans les universités et collèges, la création d’une politique portant sur les agressions sexuelles, plus précisément la manière dont ces institutions géreraient les plaintes et les enquêtes. Cette Loi 132 fixait janvier 2017 comme la date limite pour créer ces politiques. L’Université d’Ottawa a adopté la sienne en juin 2016.

La Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO) a quant à elle augmenté les parts prévues de son budget qui sont liées au Centre de ressources des femmes, au Centre d’entraide et au Centre de la fierté.

Ce sont des actions dont l’application et les retombées concrètes restent encore relativement nébuleuses. Toutefois, leur concrétisation formelle se doit de dépasser le dogme du symbolisme. Il ne faut pas que le caractère véritable de ces politiques et prises de position soient en réalité une manière superficielle de satisfaire une pression grandissante pour combattre ce fléau.

Faire pression. C’est un incitateur de changement, mais aussi un moyen de responsabiliser les individus en position de pouvoir. Il est alors vital de mettre pression sur l’application concrète de ces politiques afin d’en assurer le sérieux.

Cette réalité, celle de la culture du viol, doit être dénoncée sur notre campus. Que l’on ne voie pas un incident de cette nature ne veut pas dire qu’il n’y en a pas à l’Université d’Ottawa.

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