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Éditorial

À quand l’officialisation du bilinguisme à Ottawa?

Web-Rotonde
3 octobre 2016

Par Frédérique Mazerolle

Le débat sur le respect et l’officialisation du bilinguisme de la ville d’Ottawa est aussi vieux que le monde, semblerait-il. Chaque année, les organismes francophones et bilingues apportent de nouvelles données, de nouveaux chiffres, créent de nouveaux comités, mais ont toujours les mêmes revendications. Rien ne change, malgré l’effort continu desdits organismes.

Tout compte fait, on pourrait simplement dire que les francophones de la région de la Capitale nationale, sont juste une gang de chialeux. Qu’ils ne représentent qu’une frêle minorité composée d’expatrié.e.s québécois.e.s qui se fâchent dès qu’ils entendent « Sorry, je ne parle pas la français », et qu’Ottawa est réellement une ville bilingue, comme le maire de la municipalité, Jim Watson, aime bien nous le rappeler. Voilà, on peut clore le débat.

Quand théorie et pratique ne font pas qu’un 

Ah, mais si c’était si simple. Vous voyez, ces francophones qui s’acharnent pour la cause année après année ont toutes les raisons de le faire. Motivé.e.s par l’évidente rupture entre la théorie et la pratique quand il est question du bilinguisme douteux de la ville d’Ottawa, ces francophones mènent une lutte incessante contre le statu quo de l’élite anglophone.

Monsieur le Maire, il est temps d’arrêter de se mentir, une fois pour toutes. Alors que le 150e anniversaire de la Confédération du Canada approche à grands pas, n’est-il pas temps, finalement, d’entériner une vraie légalisation pour non seulement offrir, mais promettre des services bilingues à la population que vous représentez? Ou préférez-vous faire rayonner votre ville avec le gouffre sans fond qui a déchiré la rue Rideau l’été dernier, ou encore avec les amas de construction qui ne semblent jamais disparaître du paysage ottavien? La réponse nous semble évidente.

Mais Watson, qu’attends-tu? 

L’Ontario français, avec l’appui des communautés francophones et francophiles d’ici et d’ailleurs, ont en assez des discours vides de sens d’Ottawa. Il est temps de donner aux gens d’Ottawa, voire deux Ottavien.ne.s sur trois selon la dernière étude la firme de recherche Nanos, leur juste moitié tant linguistique que législative.

De quoi avons-nous donc peur? Du complot francophone? Et dire qu’on en parlait à l’époque de l’officialisation des langues officielles au temps du premier ministre Trudeau… père!

Monsieur le Maire, n’est-il pas temps de mettre de côté ce discours dinosauresque insistant sur le fait que le bilinguisme actuel est suffisant? Il l’est peut-être pour vous, dans le confort de votre bureau, mais il ne l’est point pour près de 150 000 francophones de votre municipalité. Si vous n’êtes toujours pas convaincu, vous devriez alors consulter 72 % de la population se disant en faveur du bilinguisme à Ottawa, dont 83 % des répondants se disent fils et filles de la langue de Shakespeare.

Le respect de la francophonie dans la région de la Capitale nationale n’est pas un idéal, mais bien un absolu. L’idée de faire d’Ottawa un pilier officiel du bilinguisme a survécu toutes ces années et ce n’est certainement pas sur la veille qu’elle prendra son dernier souffle.

Pour reprendre les mots de François Baril, avocat chez Gowling’s et conseiller du Mouvement pour une capitale du Canada officiellement bilingue, « Pour le moment, il est impossible de dire qu’Ottawa est officiellement bilingue, parce qu’il n’y a rien dans la législation de la ville d’Ottawa qui reconnait ce bilinguisme. Le bilinguisme actuel de la ville d’Ottawa existe uniquement à la bonne volonté du conseil et du maire. »

Monsieur le Maire, il est bien temps de laisser de côté cette piètre excuse d’une politique sur les services en français et de passer aux vraies affaires avec un règlement officiel. Avec 150 ans d’histoire, il n’est que peu demandé de respecter et d’honorer l’héritage de la francophonie canadienne.

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