Inscrire un terme

Retour
Actualités

Attitudes problématiques sur le harcèlement à l’U d’O

Actualités
4 novembre 2019

Crédit visuel; Loïc Gauthier Le Coz 

Par Maeve Burbridge – Cheffe du pupitre Actualités

Les plus récentes études indiquent que le campus de l’Université d’Ottawa (U d’O) vit toujours des problèmes au niveau du harcèlement sexuel et de la culture du viol. La Rotonde a découvert des statistiques et les compare aux résultats d’autres universités ontariennes afin de situer l’U d’O sur le phénomène social.

Le rapport le plus récent vis-à-vis le harcèlement sexuel à l’U d’O, au niveau interne, date de 2015 car c’est à ce moment-là que l’Université avait un Groupe de travail sur le respect et l’égalité. Le Groupe n’existe plus actuellement.

Celui-ci conclut que 44% des étudiantes sondées disaient avoir vécu du harcèlement sexuel de l’U d’O, dans la forme du touché non-désiré et de rapports sexuels forcés.

33% des étudiantes disaient avoir vécu des situations où une personne ne voulait pas accepter qu’elles refusent de participer à une activité sexuelle ou romantique. 65% des étudiantes affirmaient avoir été victimes de blagues ou de commentaires sexuels non-voulus.

Le rapport en question révèle que les endroits où il y a le plus d’incidents de harcèlement sexuel sont les bars hors campus, les résidences et les sites d’activités de la Semaine 101.

Attitudes problématiques

Ces trouvailles seraient en partie le résultat de comportements troubles vis-à vis du respect des femmes sur le campus.

Le rapport publié par le Groupe de travail sur le respect et l’égalité révèle que « des pourcentages plus élevés d’hommes minimisaient la violence sexuelle » et que « les hommes sont aussi plus susceptibles de tenir les femmes responsables de la violence sexuelle ».

Par exemple, le rapport constate que 42% des étudiant.e.s étaient d’accord ou neutres par rapport à l’énoncé selon lequel les femmes qui signalent des cas de violence sexuelle cherchent à se venger des hommes. 21% des étudiant.e.s sondé.e.s proposaient que les femmes ont tendance à exagérer leur bouleversement face au viol.

Nombre d’étudiant.e.s sondé.e.s ont affirmé que le harcèlement n’est pas toujours commis à mauvais escient. Par exemple, 39% des étudiant.e.s sont d’accords ou neutres avec l’énoncé selon lequel que quand une femme reçoit des commentaires sexuels sur son corps, il s’agit tout simplement de compliments. De plus, 14% des étudiant.e.s croient qu’une femme peut inviter le harcèlement si elle porte une tenue révélatrice.

Le rapport mentionne que parmi les étudiant.e.s sondé.e.s, les hommes étaient plus nombreux à être d’accord avec les énoncés susmentionnés.

Simon Lapierre, professeur en travail social à l’U d’O, explique que les rapports de force peuvent créer des environnements plus propices au harcèlement sexuel. Le harcèlement ne se fait pas seulement qu’entre étudiant.e.s mais aussi entre étudiant.e.s et professeur.e.s.

Lapierre souligne également l’existence d’un rapport de pouvoir particulier entre les professeur.e.s et le personnel de soutien de l’Université.

Le rapport publié par le Groupe d’étude indique que plusieurs « intervenant.e.s soutenaient que le manque de respect du corps professoral envers le personnel de soutien est répandu et largement toléré […]. Les accusations de harcèlement par des professeur.e.s tomberaient dans un « grand trou noir » à l’Université d’Ottawa ».

Autres institutions 

Selon le rapport Student Voices on Sexual Violence, publié en 2019, seulement 19,8% des étudiant.e.s de l’U d’O sondé.e.s connaissent la marche à suivre pour déposer une plainte et sont au courant des services offerts pour soutenir les victimes de harcèlement sexuel. Ce chiffre met l’U d’O en dernière place parmi les 43 collèges et universités ontariens pour ce critère.

L’U d’O se trouve au 25ième rang de la province quant au niveau de satisfaction face aux réponses des plaintes concernant le harcèlement sexuel ; 55,3% des individus qui déposent une plainte sont satisfait.e.s des actions de l’Université.

Les meilleurs résultats de l’U d’O sont au niveau de la compréhension du consentement. 90,3% de ses étudiant.e.s disent savoir que le consentement est toujours nécessaire avant d’entamer des rapports sexuels, peu importe les circonstances, ce qui met l’U d’O en 13ième place au niveau de la province pour cette question.

Comment aller de l’avant ? 

D’après Sofia Descalzi, présidente nationale de la Fédération canadienne des étudiant.e.s, l’Université doit « mettre en œuvre une formation obligatoire sur la violence fondée sur le genre à l’intention du personnel, de l’administration et de la population étudiante ».

Lapierre mentionne que « ce n’est pas assez de travailler avec les victimes du harcèlement. Il faut aussi travailler avec les jeunes hommes », pour faire le point sur les attitudes qui peuvent alimenter la culture de viol sur le campus. Les suggestions de Descalzi et de Lapierre mettent toutes deux l’accent sur le rôle pro-actif que peut jouer l’Université dans la prévention du harcèlement.

Descalzi affirme également que l’Université doit se garder informée, en « prenant l’habitude de recueillir et de communiquer des données sur la violence fondée sur le genre afin de faire la lumière sur sa fréquence ».

Lapierre tenait à souligner la difficulté, dans nombre d’institutions post-secondaires, d’avoir accès aux données sur le harcèlement sexuel. Ce manque de données serait l’un des facteurs qui alimenterait les taux d’harcèlement sexuel sur les campus.

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire