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Sports et bien-être

Bagarre au hockey : Coups de poing ou coups vicieux?

Web-Rotonde
28 janvier 2013

– Par Léa Papineau-Robichaud –

Depuis le décès de quelques durs à cuire de la Ligue nationale de hockey, le débat sur la nécessité de la bagarre dans ce sport sur glace est lancé. Faut-il permettre aux joueurs de régler leurs comptes eux-mêmes à mains nues ou faut-il complètement proscrire ces actes violents?

Des mesures strictes

Dans certaines organisations, la bagarre est punie plus sévèrement que dans d’autres et c’est le cas du Sport interuniversitaire canadien (SIC). Tout joueur qui jette les gants lors d’un match se voit automatiquement expulsé du match et l’instigateur se voit décerner un match de suspension. « Nos règlements s’appliquent seulement aux championnats nationaux. Pour ce qui est de la saison et des séries, ce sont les associations qui s’occupent de la réglementation. Par contre, tout le monde semble avoir adopté une règle semblable pour ce qui est de la bagarre », explique le gérant des communications et des relations avec les médias au SIC, Michel Bélanger. Dans les Sports universitaires de l’Ontario (SUO), l’association dans laquelle évoluent les Gee-Gees, ce sont les deux joueurs qui se sont battus qui reçoivent une suspension.

« Il y a des ligues plus robustes, plus violentes. La mentalité de [chaque] pays et […] ligue diffère », croit l’ancien des Olympiques de Gatineau qui joue présentement en Autriche. Le hockeyeur souligne le fait que dans certains pays européens, les règles sont beaucoup plus strictes par rapport aux bagarres. « Quand je jouais en Allemagne, on était 14 minutes sur le banc des punitions si on se battait et je sais qu’en Suisse, les joueurs n’ont pas le droit de se battre. S’ils le font, ils reçoivent une amende d’environ 800 euros ce qui équivaut à 1 à 2 semaines de salaire. Tu y penses à deux fois avant de jeter les gants », explique Daoust. Même si les mesures très strictes semblent être efficaces en Europe, puisqu’il y a très peu de bagarre, le professeur de l’école des sciences de l’activité physique de l’Université d’Ottawa, Blaine Hoshizaki, croit qu’interdire ou punir plus sévèrement la bagarre au hockey, comme on le fait déjà dans le SIC, n’atténuerait pas les coups vicieux. Selon lui, un comportement agressif et violent, comme une bagarre au hockey, ne peut pas être contrôlé par un renforcement de règlement. Il serait donc peu efficace, selon lui, d’implanter des règlements plus stricts pour diminuer ou totalement éliminer les bagarres au hockey.

La bagarre prévient les coups vicieux?

Selon Daoust, qui a joué pour les Redmen de l’Université McGill, les mesures plus strictes auraient un effet pervers: « Étant donné qu’il n’y avait pas de bataille quand j’ai joué dans le SIC, personnellement, j’ai trouvé que c’est la ligue dans laquelle j’ai reçu le plus de cheap shots. Les joueurs ne peuvent pas se battre pour se défendre et je crois que c’est dans ces cas-là qu’il y a plus de risque de coups violents. » C’est le même son de cloche du côté de l’entraîneur des Gee-Gees qui a aussi été entraîneur dans la Ligue junior majeur du Québec: « Les coups vicieux, c’est de la violence et j’en vois plus au niveau universitaire comparativement au junior majeur. » M. Bélanger est conscient que cette affirmation ressort souvent: « C’est un argument qui est souvent utilisé: les joueurs sont tellement protégés qu’ils pensent qu’ils peuvent faire n’importe quoi avec leurs bâtons et c’est ce qu’on dit des bagarres aussi. » Par contre, il souligne que de permettre la bagarre serait impensable au niveau universitaire: « Ça demeure du sport étudiant. On ne pourrait pas permettre la bagarre comme dans le hockey professionnel ou le hockey junior majeur puisque c’est une question de valeurs universitaires. » Le gérant des communications au SIC souligne que pour le moment la règle ne devrait pas devenir plus stricte: « Je ne pense pas qu’il y ait de discussions à court terme pour que le règlement sur les bagarres devienne plus sévère encore. »

Des bagarres pour le spectacle

« On ne se le cachera pas, les spectateurs vont voir des matchs surtout pour les batailles », explique Jean-Michel Daoust, un ancien joueur des Olympiques de Gatineau qui a notamment joué dans la LNAH, ligue reconnue pour ses nombreuses bagarres par match. « Malheureusement, notre société demande ça. Par exemple, [le combat de] Georges St-Pierre était très médiatisé et il y a un paquet de monde qui a payé pour regarder cette bataille-là. C’est dire que notre société veut ça », renchérit Paiement.

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