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Éditorial

Des bémols qui changent la mélodie

Rédaction
19 mars 2018

Actualités

Par Mathieu Tovar-Poitras – Rédacteur en chef

Il fallait bien que quelque chose vienne sortir le monde de son hibernation hivernale et honnêtement, il commençait à se faire tard.

On aura tout vu mardi dernier. Plus de 500 personnes qui se présentent pour une Assemblée générale (AG) de la Fédération Étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO). L’auditorium des Anciens rempli à capacité, poussant alors les organisateurs de l’AG à installer dans l’agora du Centre universitaire (UCU) une vidéoconférence pour que les centaines d’étudiant.e.s à l’extérieur puissent suivre le fil des événements et voter. Un public qui saute les préliminaires pour tout de suite entamer la période de questions et la présentation des motions.

Ces fleurs, tout le monde se les mérite, que ce soit la FÉUO, le personnel de soutien et bien entendu les étudiant.e.s venu.e.s en très grand nombre débattre de sujets leur tenant à cœur. L’envergure de l’événement n’est pas négligeable; ce n’est que la deuxième fois que le quorum est atteint à une AG de la FÉUO – la dernière fois étant durant la session d’hiver 2017 où 288 membres s’étaient déplacés. Avec un chiffre qui a presque doublé en un an, et ce malgré que l’AG de la session d’automne 2017 n’ait pas atteint le quorum, il est évident que l’engouement étudiant est au rendez-vous lorsqu’il est motivé par des causes d’envergure.

Petite mention à la motion du vote en ligne qui s’est faite discrète durant ces péripéties mais qui a été approuvée par une importante majorité des membres présent.e.s à l’événement.

Bien que ces fleurs méritent une attention particulière et qu’il faut les souligner avec fierté, ce sont les pots qui retiennent l’attention et qui monopolisent les avis sur l’AG. La confusion entourant le vote d’une motion à caractère constitutionnel a créé un revirement de situation digne d’une telenovela mexicaine. Initialement considérée comme étant approuvée, la motion avait reçu l’appui d’une majorité simple (241 c. 231). Toutefois, en vertu de l’article 3.13.10.4, un vote majoritaire des deux-tiers des voix est nécessaire pour modifier des règlements et des politiques de la FÉUO. La motion BDS (Boycott, Désin­ves­tis­se­ment, Sanc­tions) voulant que la FÉUO adopte une position pro-palestienne et soutienne le mouvement BDS correspond à cette description. En conséquent, elle fut rejetée.

Mais les avis étaient mitigés et plusieurs avaient encore l’esprit confus à la fin de l’AG. « La motion va au Conseil d’administration (CA) de la FÉUO alors elle peut peut-être encore passer… pas vrai ? », se demandait une étudiante confuse. Si tel est le cas, il ne faut pas oublier la réunion du 5 novembre dernier, où la résolution BDS, aussi appelée la motion 47, n’a pas été approuvée dans sa version originale. Un important amendement a été nécessaire pour passer la version diluée de la motion 47. La résolution présentée lors de l’AG venait en quelque sorte contourner cette situation, mais compte tenu de la tournure du vote, la question se pose à savoir si elle sera de retour à la prochaine AG.

Bien entendu, cette confusion n’était pas le seul bémol à cette AG. Certain.e.s se sont plaints du retard du vice-président aux Finances et président-élu de la FÉUO, du temps d’attente avant l’AG ou de la fermeté de la présidente de l’AG, Bilan Arte – il faut toutefois saluer cette dernière qui a su tant bien que mal conserver un certain ordre à cette AG hors du commun.

Mais ce qui retient encore l’attention aujourd’hui et qui soulève d’importantes questions sont les actions de la coordinatrice de l’exécutif, Vanessa Dorimain. Avant d’entrer dans le creux du sujet, il est d’abord important de préciser que durant l’ensemble de l’AG, Arte avait explicitement fait savoir à la foule que des manifestations d’appui ou de désaccord tels que des applaudissements, des cris, des sifflets ou toutes autres formes ne seraient tolérés. Un système d’avertissements avait été énoncé et Arte a arrêté l’AG pour répéter ses instructions. Procédure rappelant l’école primaire, elle s’est avérée efficace dans la salle pour la quasi-totalité de la session.

Toutefois, cette dernière ne pouvait gérer ce qui se passait auprès de la foule regroupée dans l’agora du UCU, et c’est là où le vase a débordé. Dorimain a retiré des cartons de vote à certaines personnes : c’est un fait confirmé. Pour en arriver là, les étudiant.e.s puni.e.s auraient vraisemblablement commis des actes non-conformes aux directives de la présidente de l’AG. La procédure d’avertissement et de punition en vigueur aux deux regroupements aurait dû être appliquée jusqu’au dernier point, qui est le retrait du membre de l’AG en session.

Mais selon plusieurs rapports et une vidéo partagée en ligne, les trois étudiants visés n’auraient pas commis d’actions menant à cette sanction. En fait, ils n’ont même pas été expulsés, la coordinatrice de l’exécutif ayant tout bonnement et de manière entièrement arbitraire retiré leurs bulletins de vote, tout en leur permettant de rester.

N’est-ce pas déjà contradictoire ? Si ces personnes avaient réellement commis des gestes nuisibles, n’aurait-il pas été logique de les exclure au lieu de leur enlever leur droit de vote ? Parce que oui, selon Dorimain, enlever les bulletins de vote devrait garantir que ces personnes se tiennent tranquilles. Meilleure chance la prochaine fois.

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