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Éditorial

Un campus critique est nécessaire

Web-Rotonde
3 septembre 2014

Par le Comité éditorial de La Rotonde

Illustration: Andrey Gosse

Imaginons une pièce de théâtre, dans laquelle figurent près de 50 000 acteurs. Elle se déroule chaque année et son scénario change à peine. Depuis les dernières décennies, les acteurs qui y participent reçoivent de moins en moins de reconnaissance pour la jouer. Pire, ils doivent payer de plus en plus cher pour y participer. Le plus déroutant, c’est que les acteurs sont toujours de plus en plus nombreux à vouloir s’y engager. Dans les répétitions, plutôt que d’échanger des connaissances, les participants doivent se préparer à les utiliser pour compétitionner sur le marché du travail. L’idée de bien commun semble avoir définitivement quitté les planches. Bref, ce lieu façonne pour la vie bonne du 21e siècle : celle d’un carriériste.  

Au-delà de l’opportunité 

Cet imaginaire, vous l’aurez deviné dès les premières lignes, représente ce qui se passe sur notre campus ontarien. Il est nécessaire de faire face à l’apathie développée suite à cette condition.

Cette phrase a été écrite maintes fois. Elle est pourtant nécessaire. Chaque année, il importe de se questionner sur la manière dont on peut faire de notre campus (oui, il est à nous!) un meilleur espace d’apprentissage. Pour avancer dans cette direction, il est nécessaire de s’approprier ce qui nous revient. Nécessaire, parce que le militantisme n’est pas seulement une opportunité, c’est aussi un devoir.

L’année sur le campus commence en force, avec le Forum Social des Peuples (FSP), un rassemblement d’une ampleur sans précédent. Cette première pour l’histoire canadienne est, dans un premier temps, une occasion d’échanger sur les causes de l’indignation, et dans un deuxième temps, un lieu de convergence pour trouver des initiatives. C’est une opportunité pour la communauté étudiante de s’initier à de nouveaux discours.

Il nous revient de décider la façon dont notre institution devrait s’organiser ainsi que de définir son rôle dans un contexte plus large, sociétal. Lorsque les revendications étudiantes sont encadrées par une méga structure (comme c’est le cas avec la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants), la mobilisation est encouragée à se conformer aux méthodes des organisations déjà en place. Les minorités n’ont plus besoin de s’emparer de la rue : leurs revendications sont déjà gérées. Le FSP, organisé avec l’effort de regroupements communautaires, indique que tous peuvent se faire entendre.

Pour faire du campus un lieu où les étudiants se mobilisent et font plus que rentrer et sortir des salles de classe, il est nécessaire de le transformer comme nous le souhaitons. Au-delà de la manière dont nous l’organisons, l’espace peut devenir notre si on se l’approprie. Pourquoi nous est-il interdit d’apposer une simple affiche sans avoir l’approbation d’un syndicat étudiant? Présentement, les membres de l’élite (ou les élus, dépendamment de votre foi à l’endroit de la démocratie étudiante) doivent approuver l’affiche. Aller au-delà de cette mascarade serait un premier pas pour s’approprier l’espace. Il est possible d’aller au-delà de ces règles. En d’autres mots, pour construire une communauté, il est nécessaire de se faire confiance.

Briser l’obéissance 

La Rotonde fait de sa mission, pour une année de plus, d’informer la communauté universitaire et d’alimenter des discussions critiques sur les grands enjeux universitaires.

Pour une première fois, les responsabilités du rédacteur en chef seront partagées entre deux personnes, notamment dans le but d’horizontaliser la structure traditionnellement très hiérarchisée d’un journal et ainsi favoriser la prise de décision en groupe. Cet effort permettra à La Rotonde de faire des choix éditoriaux davantage débattus avant leur publication. De plus, l’équipe sera maintenant dotée d’un vidéaste qui produira des vidéos, disponibles sur notre site web et qui accompagneront chaque édition. Ces changements sont représentatifs de notre souci à ce que la communauté de La Rotonde produise une information enrichissante et complète, de façon interactive.

C’est à travers ces changements que l’équipe de La Rotonde désire accompagner la communauté universitaire tout au long de l’année. Pour suivre un effort continu visant à faire de notre campus un meilleur endroit pour partager la connaissance de façon critique, La Rotonde n’hésitera pas à prendre position sur différents enjeux pour susciter des débats. Faisons-nous plaisir, et débutons l’année avec une invitation, celle de désobéir. Désobéir dans le respect, la discipline, dans la non-violence, pour remettre les choses en question et élargir nos horizons. Déroger de la norme, comme le FSP nous a incités à le faire. Le faire avec l’oreille attentive, briser les dogmes qui disciplinent nos pratiques et nos réflexions. Puisque l’Université n’est qu’un point de départ.

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