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Éditorial

« Juste un changement de nom » … Vraiment ?

Rédaction
25 février 2019

Éditorial

Par Mathieu Tovar-Poitras – Rédacteur en chef

On en entend des pas pires durant les réunions du Conseil d’administration (CA) de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO). La plus récente citation ? « C’est juste un changement de nom, de logo et de couleurs », avait exclamé une personne affiliée à la FÉUO en référence à la récente défaite référendaire de l’organisation.

Disons que oui, c’est juste un changement de nom, de surface.

Quand une organisation telle que la FÉUO décide de changer de nom, c’est généralement dans le cadre d’efforts pour changer l’image de la marque. On l’a vu en 2017 lorsque cette même Fédération a changé de logo et de couleurs. Un nouveau nom serait alors l’étape logique pour nouer la boucle.

La question est alors pourquoi le faire ?

Les raisons peuvent être multiples : mettre à jour sa marque, augmenter son public cible ou se distancer de controverses. Pour la FÉUO, chances sont que c’était pour cette dernière raison. Mais changer le nom de l’institution ne fait pas oublier ses erreurs et les défaillances de son système. En juin 2018, le groupe Bayer achetait le géant Monsanto et décidait de supprimer son nom, qui est entré dans les esprits comme synonyme de scandales environnementaux. Petit bémol : la commercialisation des produits à la source des scandales ne changera presque pas. Comme quoi on peut changer de nom, mais la toxicité et la polémique resteront.

Si la FÉUO ne fait que remplacer le F par un S, est-ce que tout le monde oubliera soudainement les scandales qui ont mené à la fin de l’institution ?

Non.

Factuellement, est-ce même juste un changement de nom ?

Non plus.

Alors, pourquoi dire ça ?

Remettons-nous dans le contexte de la réunion du CA. Le quorum n’allait vraisemblablement pas être atteint – et il ne l’a pas été. Aucun représentant du Syndicat élu n’était présent. Il y avait presque autant de journalistes (2) et de conseillers de la FÉUO (2) que de membres siégeant au CA. Ces paroles ont pu être dites pour rassurer les quelques directeurs présents.

Il faut néanmoins préciser que c’est faux. Les résultats du référendum ne représentent pas qu’un « changement de nom, de logo et de couleurs ». La victoire du Syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa (SÉUO) par 74,7 % des voix n’est pas le résultat d’étudiants et d’étudiantes qui pensaient que le réel problème de la FÉUO était son nom.

« Oui, sure, le manque de confiance, les allégations de fraude et celles d’environnement de travail toxique. Mais tsé qu’est-ce qui me fait vraiment chier ? Le F dans FÉUO. Crissez-moi donc un S au lieu. » Je doute que ce soit la motivation première des personnes ayant voté pour le SÉUO. Mais en même temps, ce n’est pas comme si la FÉUO faisait campagne en partie sur des prémisses de changements superfi… – ah ben non. « On a qu’à changer les personnes qui sont là, pas besoin d’enlever la structure et l’organisation », que la Fédération nous disait.

La réalité est que les gens ont voté pour du vrai changement. Que celui-ci ait lieu est un autre sujet d’éditorial, mais chaque chose en son temps. Présentement, la FÉUO a officiellement perdu la confiance de ses membres parce que la majorité de ceux et celles ayant voté a opté pour des réformes en profondeur et/ou n’avait tout simplement plus confiance en la Fédération. Le SÉUO s’est engagé à réformer le tout et c’est en partie pour ça qu’il a été élu.

Le début de la fin

L’impact du référendum semble déjà se faire sentir au niveau des ressources. Dans un courriel à l’intention des clubs daté du 22 février 2019, la FÉUO indique explicitement qu’à cause du référendum, « [elle n’est] pas dans la capacité de continuer le financement des clubs ». Nous ne sommes qu’en février, deux semaines après le référendum. Les clubs sont les premiers touchés, mais force est d’admettre que d’autres remaniements à l’interne auront lieu dans un futur proche.

C’était prévisible à la lumière des résultats référendaires.

Cela étant dit, rappelons que le maintien des clubs et des services était une priorité lors de la campagne, que ce soit du côté de la Fédération ou du SÉUO. Les clubs devraient être en mesure de garder la tête au-dessus de l’eau ; au fil des années, ils se sont de toute manière habitués à devoir trouver leur financement ailleurs. Cependant, que se passera-t-il lorsqu’il sera temps de faire des coupures au niveau des services ?

C’était quand même le fer de lance de la FÉUO, « en votant pour nous, vous maintiendrez les services ». Comment fera-t-elle pour démontrer que les services sont bel et bien sa priorité ? Maintenant, des représentant.e.s de la FÉUO pourraient facilement lire ces lignes et se dire qu’ils avaient raison à ce sujet. Cependant, rappelons que ces mêmes personnes avaient rassuré le public en indiquant qu’ils feraient tout pour assurer une transition fluide.

Par contre, pour que cette transition soit efficace et reflète la volonté des étudiants et étudiantes du premier cycle, il faut que les parties impliquées prennent le processus au sérieux. Malheureusement, de dire que « c’est juste un changement de nom, de logo et de couleurs » insinue que c’est ce que les 74,7 % des gens ayant voté au référendum désiraient, ce qui est faux. Bien qu’elle soit sur son lit de mort, la FÉUO ne doit pas manquer de respect envers ses membres, pour une énième fois.

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