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Éditorial

Comment déraciner cette culture?

Web-Rotonde
9 mars 2014

Edito

– Par Ghassen Athmni –

La parution du billet précédent avait coïncidé avec le dévoilement de l’affaire qui entoure l’équipe de hockey masculine des GeeGees. Depuis lundi dernier, les deux institutions importantes dans la vie estudiantine, à savoir l’Université, ou plutôt son aile administrative, et la Fédération étudiante, ou plutôt son extension exécutive, se sont emboité le pas pour créer des groupes de travail. Les initiatives sont à considérer. Ceci dit, et vu que les outils en eux-mêmes ne sont jamais suffisants, il faut tenter de remettre les choses en perspective. Dans le billet précédent, il s’agissait de démontrer que la culture du viol n’était pas qu’un phénomène détestable qui vient de surgir de nulle part, dans un temps donné, mais qu’elle fait plutôt partie d’un ensemble. Annihiler une culture ne peut se faire sans s’attaquer aux racines.

Décloisonnons ce travail

Les groupes de travail et autres ateliers sont indéniablement nécessaires, simplement la manière dont on les exploite est déterminante. Étant donné que nous ne savons pas exactement ce qui va se passer dans leur cadre, il est important d’appeler à les ouvrir au maximum. Que les groupes s’ouvrent aux autres groupes et à ceux qui n’ont pas de groupe (formel ou informel). Autrement, il ne serait pas exagéré de craindre que ces cellules s’aliènent ce qui les environne.

Au vu de la délicatesse de la question, on pourrait aussi redouter qu’elles se transforment en issues d’auto-complaisance dans le sens où elles publieraient des rapports, des communiqués, des recommandations etc. sans réelle interaction avec les composantes du campus et avec ce qui influe sur la vie étudiante.

Le but n’est pas d’annoncer un échec avant l’heure mais de participer au travail qu’une partie de la communauté uottavienne se propose d’accomplir. Attendre que les dés soient jetés pour se prononcer aurait été contre-productif.

L’autre enjeu est celui se faire participer les personnes et les institutions concernées. Là encore, l’institutionnalisation du travail à faire malgré sa nécessité peut détourner le reste des acteurs de leur rôle à jouer. Le fait que l’Université ou les syndicats annoncent leur détermination à se charger de la question peut faire démissionner le reste de ceux qui sont capables d’apporter leur appui.

Sortir des sentiers battus

La culture du viol, tout comme les différentes offenses à motifs discriminatoires, n’a jamais cessé d’être combattue. Les combats précédents se sont avérés précieux dans l’opposition et ont fait avancer les choses jusqu’à un certain point mais le constat est tout de même sans appel ; la prédation sexuelle est bien plus acceptée et promue que d’autres afflictions. À moins que l’objectif ne soit de seulement de chercher à rééquilibrer les choses face à l’avancée frénétique du courant d’immondices, il faudrait peut-être essayer d’approcher la question autrement et de réinventer la manière dont on se bat contre ces questions. Il n’est pas impossible d’éliminer cette culture du campus à condition de ne pas perpétuer les mêmes réactions et de rompre avec la suffisance des méthodes. Minimiser le rôle de la bureaucratie (en tant que méthode) serait intéressant. Se battre contre un tel fléau demande du concret et du précis mais également de la passion. Les velléités d’action concrète peuvent être refroidies par l’isolation dans des groupes et des bureaux de travail. Ce qui serait intéressant c’est de reconcevoir le rôle des institutions, vu que les dernières manifestations de la culture honnie ont eu lieu au sein de la FÉUO, dans sa structure hiérarchique, ou en rapport avec des campagnes. Des évènements comme la semaine 101, les innombrables apologies d’un hédonisme miragineux qui gangrènent le syndicat et ses corps fédérés et tout ce qui s’y rapporte devraient voir leurs fondements remis en question. Pour avoir la chance de changer les choses, d’inverser la tendance, il faudrait même plus qu’un grand coup de pied dans la fourmilière.

Après avoir exigé la démission ou la révocation des représentants, il faudrait peut-être penser à défaire ce qu’ils ont entretenu.

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