Comment « freiner » les vols de bicyclettes à l’Université d’Ottawa ?
Crédit visuel : Archives
Article rédigé par Hai Huong Le Vu – Journaliste
Dans une enquête réalisée par la police d’Ottawa auprès de 60 victimes victimes de vols de bicyclettes, 71,7 % ont vu leur vélo volé alors même que celui-ci était verrouillée par un cadenas. Ce phénomène ne surprend pas au campus de l’Université d’Ottawa (U d’O), où au moins 92 % des bicyclettes volées étaient sécurisées. Pourquoi cela arrive-t-il ? Comment peut-on éviter qu’une telle situation se produise ?
« C’est une menace constante pour nous », soupire Kyle Serdan, étudiant de deuxième année en sciences environnementales à l’U d’O. Selon lui, plusieurs de ses ami.e.s ont fait l’objet d’un vol de bicyclette. Kenzie Whalen, coordonnatrice du Centre du développement durable (CDD) du Syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa (SÉUO) et spécialiste en promotion de modes de transport écologiques, confirme qu’il y a des dizaines de cas de vols de bicyclettes sur le campus par année.
Facteurs de risque
D’après Whalen, plusieurs facteurs facilitent les vols de vélos, comme l’utilisation d’un cadenas de mauvaise qualité, le manque d’éclairage et l’isolement des lieux de stationnement.
Pour Serdan, le fait que l’université soit située au cœur de la ville augmente le risque de vol. Il ajoute que ce problème se pose également dans plusieurs autres grandes villes du monde, pas seulement à Ottawa. En effet, en 2022, les agglomérations d’Amsterdam, de Copenhague et de Londres ont chacune compté entre 10 000 et 20 000 cas de vols de véhicules à deux roues.
La coordonnatrice remarque que ce délit survient majoritairement au printemps et en été, soit durant la période de l’année où il fait plus beau et où les journées sont plus longues. Cela entraîne une augmentation du nombre de pédalistes et, par conséquent, du nombre de cibles pour les voleur.se.s de bicyclettes.
Whalen suggère aux étudiant.e.s ayant leur vélo volé de contacter le Service de la protection de l’U d’O, que ce soit par téléphone au 613-562-5499 ou directement au bureau situé au 141, rue Louis-Pasteur Private. Elle ajoute que les étudiant.e.s peuvent également communiquer avec cette unité s’ils.elles remarquent des activités suspicieuses liées au vol de bicyclettes ou à d’autres infractions.
Prévenir les vols
L’étudiant en sciences environnementales se réjouit de ne jamais avoir subi de vol de vélo. Il confie son secret : il utilise un cadenas en U et un autre à câble. Selon Whalen, ces outils doivent être de bonne qualité et de haute sécurité. L’U d’O recommande elle aussi d’utiliser deux types de cadenas, car le.la voleur.se devra consacrer plus de temps au vol et aura besoin de divers outils pour les briser.
Whalen souligne la nécessité d’attacher le cadre, ainsi qu’une des roues du vélo, à un support fixe. Le site de l’Université demande d’ailleurs aux cyclistes de verrouiller leur vélo à un râtelier ou dans un enclos quand ils.elles sont sur le campus. Il y est également indiqué que les bicyclettes qui ne respectent pas ces consignes ou qui entravent la circulation piétonne seront ramassées.
Serdan renchérit avec un autre secret : il détient un permis de stationnement sécurisé pour son vélo, qui lui donne accès aux enclos des pavillons Lamoureux et Desmarais. La coordinatrice du CDD, quant à elle, suggère de stationner son vélo dans des espaces bien éclairés et souvent fréquentés. Elle poursuit en proposant d’éviter d’utiliser des accessoires détachables.
« L’Université devrait construire davantage d’enclos pour les vélos », affirme Serdan. Whalen est du même avis, ajoutant qu’il faut que ces espaces soient sécurisés et surveillés. L’étudiant de deuxième année renchérit en déplorant le manque de place dans l’enclos du pavillon Lamoureux, à cause du nombre élevé de vélos stationnés. La coordonnatrice ajoute que l’Université devrait informer davantage sa population étudiante sur les bonnes méthodes de verrouillage.
Écologie, économie et communauté
Malgré les risques de vol, Serdan et Whalen encouragent tout le monde à faire du vélo, soulignant que ce moyen de transport réduit notre émission de gaz à effet de serre et est bon pour la santé physique comme mentale, en particulier pour la réduction du stress. La coordonnatrice ajoute que le vélo est également économique et pratique, puisqu’il permet d’éviter des frais de transport et de ne plus craindre les embouteillages.
Whalen remarque que le cyclisme nourrit un sentiment de communauté chez les personnes qui le pratiquent, permettant de socialiser et de se faire des ami.e.s, ce qui est bien plus difficile lorsque l’on se déplace en voiture.
Pour encourager davantage la culture du vélo, Serdan souhaite développer un système de vélopartage dans la région de la capitale nationale, de façon similaire à ceux existant à Montréal ou Toronto. Il croit que ce réseau permettrait de réduire le nombre de vols de bicyclettes, puisque chaque Ottavien.ne pourrait utiliser et partager des vélos.