
Conseil d’administration de la FÉUO : Quand « bilinguisme » rime avec « absentéisme »
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Par Mathieu Tovar-Poitras – journaliste
La multiplication des réunions du Conseil d’administration (CA) de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO) lors des dernières semaines a créé des débats sur bien des enjeux. Si les thèmes de ces échanges différaient, force est de constater qu’ils avaient tous un point en commun : ils se faisaient en anglais. Pourquoi le CA n’est-il donc pas bilingue? La Rotonde s’est penchée sur la question.
Les exécutifs oui, les représentants non
Si l’anglais est plus que prédominant lors des réunions du CA, c’est en partie parce que la Constitution féuosienne ne prévoit pas d’encadrement de l’utilisation des langues lors des rencontres, comme l’explique Francesco Caruso, vice-président aux services et communications.
« Il n’y a présentement aucune exigence pour [que] les membres du CA parlent une langue particulière », précise-t-il. En effet, contrairement aux membres de l’exécutif de la FÉUO, les membres du CA n’ont pas à passer un test de bilinguisme lors de leur mise en candidature. « Il est attendu que les membres du CA puissent parler une des deux langues », ajoute toutefois Caruso.
Selon Benjamin Doudard, représentant de l’Université d’Ottawa au Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO), il est « aberrant de ne parler français [au CA] que pour des formules de courtoisie ». Il propose que, pour les facultés comptant plusieurs sièges, comme celles du génie ou des sciences sociales, l’un d’eux soit occupé par un.e francophone.
Pour sa part, Caruso suggère le modèle de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants (FCÉÉ) qui, lors des réunions, change de langue après chaque heure.
Il n’en demeure pas moins que ces pistes de solutions sont encore très loin d’être concrétisées. En effet, pour être mises de l’avant, elles devraient être étudiées par nul autre que le Conseil d’administration, à forte majorité anglophone.
Des membres du CA dénoncent la situation
Le 26 janvier dernier, Safie Diallo, représentante de la Faculté de droit, section droit civil, a prié ses collègues d’utiliser davantage le français. Il convient de préciser que lors de cette réunion du CA, qui avait duré près de cinq heures, le français fût très brièvement utilisé à deux reprises par des membres de l’exécutif, et à trois reprises par d’autres membres du Conseil.
Cette situation est aussi déplorée par Axel Gaga, représentant de la Faculté des sciences et candidat aux prochaines élections de la FÉUO à la vice-présidence aux affaires universitaires, qui fait écho aux propos de sa collègue. « [Safie] a absolument raison », explique Gaga. « On se dit qu’en anglais [notre message] va mieux passer. On a surtout l’impression que, si on parle [français], ça va gêner les autres. » Comme quoi, dans les institutions féuosiennes du moins, la langue de Molière a du chemin à faire pour prétendre être l’égale de celle de Shakespeare.