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Éditorial

Could you repeat in English please?

Web-Rotonde
3 décembre 2012

– Par Vincent Rioux –

Vous êtes-vous déjà demandé où se prennent les décisions de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO)? C’est au Conseil d’administration (CA) de la FÉUO que nos élus parlent en notre nom. C’est à ce CA que la classe politique étudiante prend des décisions au nom de l’ensemble de la communauté estudiantine de l’Université d’Ottawa (U d’O). Disons, que le CA est à la FÉUO ce que la Chambre des communes est à la politique fédérale.

Bien que le CA agisse au nom de l’ensemble des étudiants de l’U d’O, la presque totalité dudit CA se déroule en anglais, sans être traduite en français. De plus, lorsqu’une rare intervention en français est faite, le président du CA, David Molenhuis, s’empresse de demander à ce qu’on la traduise. Même lorsque personne ne demande de traduction, Molenhuis demande à l’interlocuteur de répéter en anglais ce qui a été dit en français. Sans réfléchir aux injustices que vivent les francophones, Molenhuis recommande qu’on traduise tout commentaire en français.

M. Molenhuis, auriez-vous des scrupules quant au fait de traduire les interventions de l’anglais au français? Ah! J’oubliais! Monsieur le président n’a même pas la décence de demander s’il y a un francophone qui – car il y en a encore – ne comprend pas l’anglais.

Deux poids deux mesures contre les francophones

Le président du CA a une politique de deux poids deux mesures en ce qui à trait à la traduction des interventions. Bien que le français soit en péril sur le campus, Molenhuis, de par son type de présidence, contribue à exclure le français et à marginaliser son usage. Si l’on ose s’exprimer en français au CA, on a immédiatement l’impression de ralentir la rencontre et de déranger, puisque l’on nuit à la compréhension des enjeux pour une population anglophone que l’on opprime.

Ce genre de comportement est inadmissible pour La Rotonde. C’est carrément méprisant pour les francophones de se faire reprendre en anglais à chaque intervention. Si certains membres du CA ne maîtrisent pas suffisamment le français, ils n’ont simplement pas leur place au CA. Comment un élu unilingue anglophone pourrait-il comprendre un étudiant unilingue francophone, directement débarqué des contrées lointaines de Chibougamau ou de Gaspé? Cet étudiant, inévitablement, sera confronté à une situation de discrimination. Il devra apprendre l’anglais, sans quoi il ne pourra pas réclamer le soutien de l’élu unilingue anglophone censé le représenter.

Les membres du CA cautionnent l’attitude de Molenhuis

C’est déplorable qu’aucun membre du CA n’ait daigné se lever pour dénoncer le comportement discriminatoire de Molenhuis. En restant silencieux devant cette aberrance, tous les membres du CA cautionnent le comportement de Molenhuis. Certains élus déplorent du bout des lèvres l’attitude du président. La Rotonde encourage ces élus, qui pensent tout bas que le comportement du président est déplacé, à dénoncer et condamner, publiquement et ouvertement de telles pratiques.

Des résolutions radicales, mais essentielles, devraient être prises pour assurer la pérennité du français au sein de la politique étudiante.

Les membres du CA devraient tous être en mesure de s’exprimer convenablement en français. Il est inacceptable que des élus ne puissent pas dialoguer dans une des deux langues de l’Université. Ceux-ci votent sur des motions et parlent au nom des étudiants. Dans le contexte linguistique actuel, où le français est menacé, la FÉUO doit prendre tous les moyens nécessaires pour favoriser l’utilisation du français.

D’abord, on devrait impérativement imposer un test de bilinguisme aux élus du CA. C’est le seul moyen d’assurer le bilinguisme de tous les membres. Sans quoi, en raison du faible poids démographique des francophones sur le campus, les étudiants anglophones pourront toujours voter pour un candidat unilingue anglophone, une situation que La Rotonde considère injuste.

Ensuite, les réunions du CA devraient être présidées uniquement en français. Les interventions pourraient être faites en anglais. Toutefois, à tout le moins, cela aurait pour effet de favoriser l’intégration de francophones et ce serait un moyen concret de combattre la dévalorisation du français. Il va sans dire, le français prendrait une place plus importante et deviendrait peut-être même la langue d’usage!

Dans plusieurs départements de l’U d’O, les professeurs mènent déjà les réunions du corps professoral en français. De fait, la majeure partie de celles-ci se passent uniquement dans la langue de Molière. Le CA de la FÉUO devrait prendre exemple. Le président du CA devrait avoir le devoir d’assurer que la majeure partie de la réunion se déroule uniquement en français. Et puis, si la tendance change au cours des années et que les anglophones deviennent minoritaires, peut-être pourra-t-on changer la formule et revenir aux rencontres du CA en anglais. D’ici là, La Rotonde exigera que le CA prenne des mesures concrètes pour mettre un frein à l’anglicisation de la politique étudiante.

 

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