Inscrire un terme

Retour
Actualités

Cours en ligne et isolement étudiant : un mélange assez fréquent

Malek Ben Amar
1 mars 2022

Crédit visuel : Dereck Bassa – Photographe

Article rédigé par Malek Ben Amar – Journaliste

La pandémie a contraint les étudiant.e.s universitaires à s’adapter, tant bien que mal, à l’enseignement à distance. Même si la rentrée commence à se faire en personne, les séquelles des deux dernières années de cours en ligne perdurent, particulièrement pour les étudiant.e.s de première et deuxième année.

Beaucoup de ces étudiant.e.s n’ont jamais connu les cours universitaires en personne, ni même fréquenté le campus de l’Université d’Ottawa (U d’O). Ils.elles peuvent alors avoir des difficultés à socialiser, faire de nouvelles connaissances et s’épanouir.

Seul.e.s au monde

Nombreux.ses sont les étudiant.e.s qui trouvent les études à distance pénibles. Yaakoub Bayoudh, étudiant en première année en physique à l’U d’O, raconte qu’il n’a aucun cours en présentiel et qu’il ne s’est jamais rendu à sa Faculté. « Cette année particulièrement, la rentrée universitaire était peu excitante. Je suis privé de l’énergie du campus et des contacts avec mes collègues », témoigne-t-il.

Cet isolement lui a causé une détresse psychologique, affirme-t-il. Même après quelques mois d’études à distance, il a toujours du mal à se familiariser avec ce nouvel environnement. La plateforme virtuelle Zoom, d’après son expérience, ne peut remplacer la présence en classe. « D’un clic, on apparait tou.te.s sur l’écran, à chaque séance, et d’un autre clic, on disparaît, comme des fantômes. Personne n’apprend à connaître l’autre, on est tout.e.s, solitaires », affirme-t-il.

Bayoudh pense que la fermeture de l’U d’O a privé les nouveaux.elles arrivant.e.s de nouer des relations, ce qui a également pu affecter leur rendement. « C’est toujours la même routine, le même rythme et la même salle virtuelle. L’isolement s’aggrave, et notre rendement ne fait que baisser », se désole-t-il.

Manque de concentration

Les cours à distance ne sont donc pas sans dégâts sur la communauté étudiante, comme l’indique Mohamed Amine Benamara, étudiant en deuxième année en génie mécanique à l’U d’O. Étant penché sur l’ordinateur jour et nuit, les yeux figés sur le même écran, il avoue que cette surexposition lui cause des problèmes d’attention.

Benamara explique que la surutilisation des écrans représente un véritable frein au bien-être des étudiant.e.s. Non seulement elle altère la concentration, mais elle empêche aussi l’écoute active des propos des enseignant.e.s : « Tant que je suis connecté à Internet, je peux être distrait facilement, et beaucoup d’onglets, en dehors de mes études, captent mon attention », rapporte l’étudiant. Il rapporte en plus que le format visioconférence le pousse à se lasser très rapidement, après seulement quelques minutes de visionnage.

Motivation inattrapable 

Les deux étudiants manifestent également de la démotivation dans la présente situation. Bayoudh, extraverti et socialement très actif, est habitué aux activités associatives et aux événements interactifs. Du jour au lendemain,  il s’est trouvé piégé dans ce monde virtuel. « Dès le début de la pandémie, nous n’étions pas à l’abri d’une perte de motivation ou d’un manque de volonté. Le carburant le plus puissant dont nous avions besoin pour atteindre nos objectifs s’est dispersé », révèle-t-il. Pour lui, les études qui se font à distance riment avec une chute libre de productivité.

Benamara, lui aussi, demeure sans remède face à ce manque d’inspiration. « Il n’y a aucun moyen de me divertir et d’échapper à cette fatigue accumulée. Mes divertissements ? Faire quelques achats nécessaires et passer à la laverie. J’accroche chaque jour des listes de choses à faire sur les murs, mais je n’en fais rien. Je n’ai plus envie de réaliser mes objectifs. Ce n’est pas dur, c’est juste épuisant », dévoile-t-il. Selon lui, la procrastination l’amène à un soulagement émotionnel à court terme. Cependant, cela lui coûte un grand retard pour accomplir toutes les tâches qui lui sont assignées.

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire