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Arts et culture

Musiciens de la COVID : une initiative au-delà de la musique 

Rédaction
4 août 2020

Crédit visuel : Mount Hope Centre for Long Term Care

Par Clémence Roy-Darisse – Journaliste 

David Zheng et Heidi Li, tous deux bacheliers et amis en sciences biomédicales ont lancé le programme Musiciens de la COVID. Cette initiative organise des rencontres virtuelles avec des musiciens bénévoles dans certain.e.s résidences et hôpitaux. Les deux organisateurs sont en contact avec près de onze établissements de la Colombie-Britannique et de l’Ontario, dont le Centre de santé mentale Royal Ottawa et la Résidence Élisabeth-Bruyère, située dans le Marché By de la capitale. 

Musiciens de la COVID donne la chance a plus d’une centaine de bénévoles de se produire chaque semaine devant des groupes de personnes vulnérables, particulièrement isolées de leurs proches. Ce programme vise à briser l’isolement chez les personnes âgées et les personnes atteintes de troubles psychologiques et/ou physiques.

Les bénévoles performateurs sont majoritairement des étudiant.e.s de l’Université d’Ottawa et ils offrent un spectacle d’une durée de 15 minutes à 1 heure. Ces spectacles peuvent être musicaux mais aussi avoir la forme de simples conversations, d’échange avec un animal de compagnie, de séances de peinture ou encore de séances de jeux de société. Les résident.e.s se joignent alors au même appel vidéo pour suivre la performance et peuvent interagir avec le ou la bénévole, ainsi qu’entre eux durant la présentation. 

Des connexions qui se multiplient 

Zheng explique que l’idée lui est d’abord venue d’une expérience précédente ; durant son baccalauréat, il jouait du piano pour la résidence Élisabeth Bruyère comme bénévole. 

« J’ai toujours aimé les réactions des résident.e.s et je trouvais l’expérience gratifiante, en plus d’être un excellent moyen pour créer des connexions significatives », raconte-il.  

Lorsque les mesures de distanciation sociales ont été évoquées, Zheng a tout de suite pensé à l’impact qu’elles auraient sur ces établissements et leurs résident.e.s ; il voulait faire quelque chose pour diminuer les effets néfastes. 

L’étudiant en sciences biomédicales a d’abord établi des liens avec des établissements de santé où il avait fait du bénévolat auparavant, en tant que musicien, ou avait aidé à installer la réalité virtuelle pour les patient.e.s de l’hôpital Royal. D’autres institutions ont entendu parler de l’initiative à travers les médias, le bouche-à-oreille ou directement via Zheng, qui les a contactés. 

La guérison est un art 

Bien que les deux cofondateurs soient étudiants dans le domaine scientifique, ils sont tous deux passionnés de musique. Li confie que depuis toute jeune, elle voulait faire la différence et se connecter avec les gens. Aujourd’hui étudiante en médecine pour la promotion de 2021, la jeune femme dénote l’importance des qualités humaines dans la médecine : « être un docteur n’est pas juste à propos de la science et des connaissances ; les qualités humaines sont essentielles. La musique nous enseigne à être empathique, créatif et émotif », explique-elle. 

Son ami ajoute qu’il y a « beaucoup d’expression créative en recherche et en médecine. » Il  partage également qu’il a toujours aimé la musique et joue du piano depuis son plus jeune âge. La musique lui a toujours permis de décrocher mentalement ; pour lui, cette forme d’art « transcende les barrières de langues et culturelles. »

Un investissement qui en vaut la chandelle 

Zheng analyse que le plus grand défi était de coordonner les horaires des bénévoles aux horaires des travailleur.euse.s des établissements de santé. Avec la pandémie, les horaires de ces dernier.ère. changeaient souvent, notamment parce qu’ils étaient parfois infecté.e.s. 

Concernant les réactions obtenues, Zheng relate qu’une résidente lui a partagé qu’elle jouait la même pièce de Chopin qu’il était en train de jouer, et qu’elle a grandi en écoutant sa mère la jouer. Un autre résident, qui jouait du piano plus jeune lui a donné des partitions de piano des années 30, 40 et 50.

Li partage que ses moments préférés sont lorsque les résident.e.s et patient.e.s lui parlent après sa performance, en lui partageant des histoires et des souvenirs que la musique leur a rappelés. Son moment magique est le silence vivant qui suit la dernière note jouée. 

« La musique a été une opportunité en or pour connecter avec des gens de chemins différents dans la vie, la mort, la maladie, du deuil au mariage, de la joie aux célébrations ; je suis très reconnaissante », raconte celle qui joue du piano depuis l’âge de sept ans et bénévolement depuis dix ans maintenant. 

« La musique est là pour exprimer les émotions lorsque les mots nous manquent »,  souligne-elle.  Avis que partage Zheng, qui ajoute que la musique est aussi une thérapie. 

La suite pour les Musiciens de la COVID

Les deux cofondateurs seront cependant bien plus occupés cet automne, tous deux poursuivant leur formation en médecine. Zheng ajoute toutefois qu’avec l’aide des autres bénévoles, il sera heureux de continuer à organiser ces visites virtuelles. Li renchérit en partageant qu’elle continuera à donner de son temps pour jouer du piano. 

Tous deux concluent en rappelant que des bénévoles peuvent toujours s’inscrire et qu’ils aspirent à en recevoir davantage, particulièrement des bénévoles francophones afin de connecter avec des résidences à Montréal et Ottawa. 

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