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Arts et culture

Étudier dans la sphère artistique, une scolarité différente ?

Emily Zaragoza
9 novembre 2023

Crédit visuel : Nisrine Abou Abdellah — Directrice Artistique

Article rédigé par Emily Zaragoza — Journaliste

Selon le site de la Faculté des arts de l’Université d’Ottawa (l’U d’O), étudier dans le domaine des arts visuels permettrait aux étudiant.e.s de devenir interprète de musée ou encore restaurateur.rice d’œuvres d’art. À quoi ressemble le parcours de ces étudiant.e.s ? Comment évaluer l’art ?

Arnaud Godet-Champagne est étudiant en deuxième année en arts visuels à l’U d’O. Dans sa classe, une partie des élèves se destinent à l’enseignement ; lui espère bien devenir artiste professionnel. L’art occupe quasiment toutes ses journées, puisque son cursus demande temps et énergie.

Il explique que pour chaque cours de quatre heures, il travaille ensuite huit heures supplémentaires en dehors de la classe. L’investissement varie tout de même d’un.e élève à l’autre, et d’un projet à l’autre, selon lui, car comme dans d’autres disciplines, « on peut choisir la facilité ou bien prendre un chemin plus difficile afin de rendre un meilleur devoir ».

Comment évaluer l’art ?

Si l’art est souvent perçu comme subjectif, Joël Beddows, professeur agrégé au département de théâtre de l’U d’O, affirme qu’il s’agit d’un mythe plus que d’une réalité, puisqu’il existe bel et bien des règles. Il poursuit en expliquant que l’évaluation qualitative des étudiant.e.s repose, en théâtre, sur des critères tels que la clarté et la cohérence.

Gaudet-Champagne affirme que les deux aspects principaux évalués dans sa discipline sont la technique et la créativité. Les professeurs apportent une attention particulière à l’amélioration de l’élève en arts visuels, explique-t-il. Il est toutefois convaincu que cette dimension ajoute une part de subjectivité dans la notation. S’il est intéressant, à petite dose, de prendre en compte la progression, en abuser crée des situations d’injustices, conclut-il.

L’importance des critiques

Afin de progresser, les élèves en arts visuels sont constamment exposé.e.s à des critiques de la part des professeur.e.s, mais aussi de leurs pairs, affirme Gaudet-Champagne. Les étudiant.e.s doivent être en mesure de défendre leurs projets devant la classe et de porter un regard constructif sur celui de leurs camarades, précise-t-il.

Selon lui, cela n’est pas toujours évident d’encaisser les remarques quand elles sont négatives. Même s’il considère que ce sont les critiques qui permettent d’avancer, il remarque avoir déjà vu des camarades pleurer, et trouve que certain.e.s professeur.e.s manquent parfois de tact « en formulant leurs commentaires devant la classe et de manière brutale ».

Si Beddows reconnaît qu’il y a de bon.ne.s et de mauvais.e.s professeur.e.s comme dans toutes les disciplines, il affirme que les enseignant.e.s, encore plus dans le domaine de l’art, cherchent à accompagner leurs élèves. Selon lui, puisque les promotions sont constituées de petits groupes d’étudiant.e.s, il est plus facile d’être présent.e à leurs côtés et d’avoir un suivi individualisé.

Il avance que certain.e.s enseignant.e.s cherchent justement à améliorer l’aptitude des élèves à émettre des critiques de manière pertinente. Le professeur est convaincu qu’il est essentiel de travailler ce « muscle », car l’appréciation des pairs est, à son avis, un élément constitutif à toute entreprise artistique.

Quelle place attribuer à l’enseignant ?

Pour Beddows, l’une des spécificités de l’enseignement dans la sphère artistique tient au fait que le.la professeur.e, comme dans d’autres disciplines, est non seulement un.e pédagogue, mais aussi un.e praticien.ne. Il affirme que le rôle de l’enseignant.e est de pousser les élèves à réfléchir par eux.elles-mêmes, à faire preuve d’inventivité, de créativité. L’art est très personnel, poursuit-il, puisque « l’un des outils est notre imaginaire — or, à travers celui-ci, on révèle malgré nous une part d’intime ». S’il existe nécessairement une proximité entre l’apprenant.e et le.la professeur.e, Beddows conclut qu’il est essentiel de poser des limites, en ne parlant pas, par exemple, de sa vie privée avec ses élèves.

Gaudet-Champagne est convaincu que sans ses professeur.e.s, il n’aurait pu acquérir autant de profondeur dans sa réflexion. Il ajoute que, bien qu’il ne soit pas nécessaire de passer par une école pour être un.e artiste, cela permet plus facilement d’obtenir de la reconnaissance par la suite.

Une exposition permettant de découvrir des oeuvres d’étudiant.e.s en arts visuels se tiendra jusqu’au 1er septembre 2024 au pavillon Simard. Située au premier étage, celle-ci affiche des oeuvres de nombreux médiums et artistes.

 

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