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Éditorial

Covidiots et partys ; oui, mais à quel prix ?

Rédaction
2 novembre 2020

Crédit visuel : Nisrine Nail – Directrice artistique

Par Caroline Fabre – Rédactrice en chef

Alors que certain.e.s se tuent à respecter les mesures sanitaires mises en vigueur par le gouvernement à cause de la pandémie, d’autres n’hésitent pas à se retrouver à 200 pour faire la fête. Que votre santé vous importe si peu, soit. Mais que nous nous retrouvions confiné.e.s plus longtemps pendant que vous prenez du bon temps, non merci. 

C’est aux alentours de deux heures du matin dans la nuit du samedi 24 au dimanche 25 octobre que la police de la Municipalité régionale de comté (MRC) des Collines a été appelée en raison du bruit engendré par une soirée. Ce sont entre 80 et 200 personnes qui se sont réunies dans un Airbnb, à Chelsea en Outaouais, pour y célébrer un anniversaire. Une idée qui, en pleine pandémie, en a choqué plus d’un.e. 

Sur tou.te.s les invité.e.s, 83 ont été attrapé.e.s, et sont tou.te.s des étudiant.e.s internationaux.ales. Ils et elles ont écopé d’une amende de 1 000 dollars, en vertu de la Loi sur la santé publique du Québec, et risquent d’être poursuivi.e.s en justice par Airbnb, qui avait annoncé, le 29 août, une interdiction mondiale des fêtes au sein de ses logements. 

Les autres participant.e.s, dorénavant surnommé.e.s les covidiots, se sont enfui.e.s dans les bois, ce qui n’a pas manqué de surprendre les habitant.e.s, a déclaré Martin Fournel dans un article pour Radio Canada. En même temps, voir des gens courir dans les sous-bois dans des états d’alcoolémie plus ou moins avancés à deux heures du matin a dû être cocasse. 

Privations nécessaires

La situation est compliquée pour tout le monde, et elle le sera encore plus avec les fêtes de fin d’année qui approchent à grands pas. Mais les cas augmentent toujours, et les travailleur.euse.s de santé commencent à fatiguer. Rappelons également que Gatineau et la MRC des Collines sont en zone rouge depuis le 11 octobre, en raison de l’augmentation du nombre de cas de COVID-19. Si ces informations ne vous donnent pas un indice sur l’état de la crise sanitaire actuelle, c’est soit que vous n’avez pas réalisé sa gravité, soit que vous vous en moquez. En ce qui est de la dernière option, c’est un petit peu égoïste, irrespectueux et irresponsable.

Nous sommes tou.te.s dans la même situation ; frustré.e.s, déprimé.e.s, fatigué.e.s par cette situation qui ne semble pas s’améliorer. Mais ce n’est pas en la jouant individualiste que nous allons nous en sortir. Il faut une réelle prise de conscience de la part de la population, pour que nous puissions retrouver notre vie d’avant au plus vite. Et ce n’est pas comme ça que nous allons le faire. Malheureusement, cette prise de conscience engendrera une période intense de frustration, mais n’est-ce pas un mal pour un bien ? 

Fin de toute sociabilité, ou pas

Rappelons également que l’interdiction de se réunir n’est pas totale. Si en Outaouais les rassemblements dans les lieux privés sont formellement interdits, à Ottawa, dix personnes peuvent tout de même se réunir en intérieur, et vingt-cinq en extérieur. Ce n’est pas énorme si vous aviez prévu de vous marier à cette période, ou d’organiser une fête de révélation pour votre futur bébé. Mais en fin d’année, qui organise ce genre d’événements alors qu’il neige dehors ? 

Si l’envie de faire la fête est vraiment trop présente, vous pouvez organiser des soirées, des rencontres, mais faites-le de façon sécuritaire. Soyez sûr.e des personnes qui vous entourent; constituez-vous une bulle, et isolez-vous avec elles. Dans le cas de la soirée à Chelsea, les étudiant.e.s venaient de collèges et d’universités de villes du Québec et de l’Ontario, dont Montréal, Ottawa et Trois-Rivières. Si certain.e.s ont fait plusieurs heures de route pour venir célébrer cet anniversaire, des covidiots de l’Université d’Ottawa se sont également fait verbaliser.

Dans un communiqué émis par cette dernière, la provost et vice-rectrice aux affaires académiques Jill Scott, et le vice-recteur international et francophonie Sanni Yaya ont souligné que la plupart des membres de la communauté étudiante appliquent les mesures mises en place par les régions. Mais ils ont également rappelé que la pandémie est un moment difficile pour tout le monde, et qu’en dépit de l’envie légitime de sortir et de socialiser, il est impératif de respecter les directives gouvernementales.

De son côté, le député fédéral de Pontiac, William Amos, tient également à rappeler que « ce petit groupe de jeunes n’est pas représentatif de l’ensemble de la jeunesse canadienne, qui suit les directives de santé publique afin de préserver la sécurité et la santé de leurs communautés. »  Pourtant, le cas de Chelsea est loin d’être un cas isolé ; la police de Montréal a, elle aussi, verbalisé 83 personnes qui s’étaient réunies dans un entrepôt du quartier Ahuntsic la semaine dernière. 

S’il est clair que le chiffre 83 porte malheur pour les quelques covidiots qui s’essayeraient à faire la fête en pleine pandémie, il convient de prendre la COVID-19 au sérieux. Faire la fête, c’est bien ; rester en vie aussi.

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