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Éditorial

Des assemblées générales à la FÉUO pour une vraie démocratie étudiante

Web-Rotonde
2 avril 2013

– Par Vincent Rioux – 

L’année scolaire 2013-2014 à l’Université d’Ottawa (U d’O) verra peut-être enfin la démocratie directe faire son entrée sur le campus. Non seulement c’est une promesse du parti Action étudiante qui, mené par Anne-Marie Roy, a remporté cinq des six sièges du comité exécutif de la Fédération étudiante de l’U d’O (FÉUO), mais l’Association des étudiantes et étudiants marxistes a aussi entrepris une campagne pour assurer la mise en place dans un futur proche d’assemblés générales (AG) à l’U d’O. À l’initiative de cette association, plusieurs étudiants font circuler une pétition pour que la FÉUO tienne un référendum permettant aux étudiants de se prononcer pour que des AG soient non seulement impérativement mises en vigueur dès l’année prochaine, mais qu’elles soient aussi le corps suprême décisionnel de la FÉUO. Si cette pétition obtient plus de 1500 signatures, la FÉUO sera obligée de tenir un référendum sur la question des AG.

Durant le Printemps québécois, les AG ont joué un rôle névralgique et ont été le moteur populaire qui a rendu la grève étudiante légitime. Cet outil démocratique a permis à des centaines de milliers d’étudiants québécois de se réunir pour décider de la direction qu’allait prendre leur syndicat étudiant et, plus largement, des choix de société des Québécois.

Qui prend les décisions à la FÉUO?

Pour l’instant, la plus haute instance décisionnelle de la FÉUO est le Conseil d’administration (CA), sur lequel siègent les six membres exécutifs en plus de 25 administrateurs élus qui représentent chaque faculté et un étudiant spécial nommé par le CA. C’est donc une minorité d’élus, soit entre 20 et 30 personnes – parce que le taux d’absentéisme est très élevé, surtout cette année –, qui prend des décisions au nom d’environ 35 000 étudiants de l’U d’O. Ce système décisionnel est très loin d’être représentatif et génère le cynisme et l’apathie sur le campus, puisque les étudiants ne peuvent pas se prononcer sur les enjeux qui les concernent, ni présenter de motions et encore moins voter sur celles-ci.

Une assemblée générale, qu’est-ce que ça donne?

L’AG est un moyen concret de donner aux étudiants une véritable voix. Dans une AG, tous les membres – en l’occurrence, tous les étudiants du premier cycle – ont un droit de parole et un droit de vote. Ils peuvent aussi présenter une motion s’ils le souhaitent. De plus, les membres doivent se comporter selon certaines procédures afin de s’assurer du caractère démocratique et ordonné de l’exercice. Au Québec, c’est généralement le Code Morin qui est appliqué lors de ces rassemblements. Au Canada anglais et aux États-Unis, c’est plutôt le Robert’s Rule of Order qui est utilisé.

Les assemblées générales seraient-elles représentatives?

Certains étudiants impliqués au sein de la politique étudiante ottavienne soutiennent que de telles assemblées ne seraient pas représentatives des quelques 35 000 étudiants de la FÉUO. Ces détracteurs croient qu’il serait impossible de rassembler tous les étudiants au baccalauréat dans un même endroit pour les faire voter sur divers sujets. Ils ont en effet raison. Toutefois, nous soutenons qu’une assemblée de quelques centaines – pour ne pas dire quelques milliers – d’étudiants est plus représentative qu’un simple CA d’une trentaine d’administrateurs (quand ils sont tous présents!).

Preuve que ce système politique génère le jemenfoutisme par rapport à la politique étudiante: à toute fin pratique, aucun étudiant n’assiste aux CA, bien que ce soit la plus haute instance décisionnelle de la politique étudiante. Donc, à ceux qui disent que nous ne pourrons jamais accommoder les 35 000 étudiants, laissez-nous vous dire que nous sommes encore loin d’une telle situation. Pour l’instant, seuls quelques rares étudiants engagés pointent le bout de leur nez aux CA.

Le CA n’est pas sensible aux revendications des associations étudiantes

Dimanche dernier, le CA a encore fait la preuve qu’il peut faire ce qui lui chante, peu importe la mobilisation étudiante et le poids de leurs revendications. Le CA a en effet légiféré en bloc contre les trois motions présentées par le président de la FÉUO, Ethan Plato, et pourtant appuyées par une majorité des présidents des corps fédérés. Ces motions visaient à modifier les règlements des élections de la FÉUO (pour connaître la nature des motions, voir p. 9). Plusieurs autres acteurs politiques sur le campus, comme les candidats indépendants aux dernières élections, ont aussi manifesté leur accord avec certaines des motions présentées.

Dans ce cas, une AG aurait permis aux étudiants, en tout cas à ceux qui l’auraient désiré, de débattre des enjeux et d’exercer leur droit de vote après les délibérations.

À l’instar des associations étudiantes québécoises, l’ensemble de celles du Rest of Canada doit enfin appliquer la démocratie directe au sein des syndicats étudiants. Le CA de la FÉUO, composé d’une trentaine de représentants étudiants, n’est pas suffisant et ne représente pas convenablement les étudiants ottaviens. Au lieu de bêtement reproduire le parlementarisme britannique désuet et dysfonctionnel, nos syndicats étudiants doivent appliquer la démocratie directe, et cela passe par l’intermédiaire d’AG.

C’est pourquoi La Rotonde, qui a pour principe fondamental de servir les intérêts des étudiants, est convaincu de la nécessité, pour la FÉUO, de tenir au moins une AG par session, et de faire de ces assemblées l’instance suprême décisionnelle du syndicat étudiant, qui aurait le mot final sur toutes les questions importantes telles le budget, la constitution, etc. Ainsi, nous appuyons l’initiative de l’Association des étudiantes et étudiants marxistes de l’U d’O et encourageons tous les étudiants à signer la pétition de cette dernière et à voter en faveur de l’implantation de ce précieux outil démocratique. L’U d’O pourrait alors rejoindre l’avant-garde de la démocratie étudiante au Canada

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