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Éditorial

Deux minorités : deux réalités bien différentes

Actualités
24 septembre 2012

 – Par Vincent Rioux –

Deux situations aux allures similaires ont fait couler beaucoup d’encre ces derniers temps : la minorité francophone de l’Ontario et la minorité anglophone du Québec s’inquiètent respectivement de leur avenir. Bien que ces deux groupes culturels partagent une situation minoritaire, prétendre que leur situation est similaire, est complètement absurde.

D’abord, en Ontario, la minorité francophone s’est fait couper l’herbe sous le pied quand le gouvernement McGuinty a supprimé la bourse pour étudier en français. Même si cette bourse n’a été attribuée qu’à une petite proportion de francophones et de francophiles, abolir une aide financière de la sorte n’aide en rien le sort de la communauté franco-ontarienne. Surtout quand seulement deux universités ontariennes offrent des cours en français.

Lors de la troisième assemblée annuelle du Regroupement des étudiants franco-ontariens qui avait lieu la semaine dernière (lire en page 5), des délégués ont lancés un projet innovateur : avoir une université francophone en Ontario. Soit dit en passant, contrairement aux anglophones du Québec qui jouissent de trois universités anglophones, la minorité francophone de l’Ontario n’a même pas d’université qui la représente. Il y a quelques décennies, alors que la majorité des étudiants ottaviens parlait le français, on aurait pu considérer l’U d’O comme l’université des Franco-ontariens. On ne peut toutefois plus en dire autant aujourd’hui, alors qu’elle compte approximativement 70% d’étudiants anglophones contre seulement 30% d’étudiants francophones.

Le titre du rapport du commissaire Boileau est clair « Pas d’avenir sans accès ». La situation est particulièrement problématique dans le centre-sud-ouest de l’Ontario, où l’offre en matière d’éducation post-secondaire en français est nettement insuffisante alors que la population francophone y est en croissance. L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario dénonce d’ailleurs cette situation.

Les Franco-ontariens se retrouvent donc une fois de plus en situation minoritaire dans une université qui raisonne et qui formule tous ses messages en anglais avant de les traduire, parfois dans un français approximatif. On est encore bien loin de la réalité des anglophones du Québec qui ont l’embarras du choix entre McGill, Concordia et Bishop’s.

Un autre référendum, ou pas?

Du côté du Québec, les communautés anglophones sont sur les dents depuis que le nouveau gouvernement péquiste a pris le pouvoir. Le discours des médias anglophones sur le nouveau gouvernement est animé par la peur irrationnelle que le gouvernement ne tienne un référendum sur la souveraineté du Québec. Tandis que les Péquistes en parlent du bout des lèvres, les chroniqueurs et autres faiseurs d’opinions du Globe and Mail et de la Gazette, en parlent comme si, véritablement, le gouvernement allait sonder la population du Québec sur son avenir constitutionnel, comme on l’a fait en 1980 et en 1995. S’il y a un enjeu qui a été mis en veilleuse lors des dernières élections, c’est bien celui de la souveraineté. Cette peur viscérale qu’a la communauté anglophone d’un référendum est malsaine et absurde. N’y a-t-il pas d’autres sujets plus pertinents à traiter au lieu de constamment alimenter cette crainte de l’exercice démocratique qu’est le référendum?

La communauté anglophone du Québec s’est aussi opposée catégoriquement à la réforme de la loi 101. Le gouvernement Marois veut lui donner un nouveau souffle afin de s’assurer de que le français ne soit pas en situation de précarité dans la seule province officiellement francophone. C’est pourquoi l’État entend prendre des mesures pour freiner ce phénomène de dévaluation de la langue qui s’opère notamment à Montréal et dans l’Outaouais.

Le Québec, de même que les Franco-canadiens, sont les derniers remparts de la francophonie en Amérique du Nord. Favoriser la diversité culturelle c’est aussi prendre des mesures, comme la réforme de la loi 101, pour assurer la pérennité du fait français.

Bien que les anglophones soient en situation minoritaire au Québec, ils sont en situation de grande majorité sur le continent. Ils n’ont nul besoin de s’occuper de l’émancipation de leur langue. Tandis que les Canadiens-Français de l’extérieur du Québec doivent quotidiennement lutter pour leur survivance, les anglophones perçoivent les réformes progressistes du PQ comme une menace et une attaque. Pourtant, ces réformes ont pour but de renforcer la francophonie et par le fait même de maintenir la diversité culturelle, ce qui, rationnellement, faisant fit de ce que disent les médias, devrait être défendu autant par les anglophones que par les francophones.

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