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Doug Ford contre la communauté franco-ontarienne

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25 septembre 2020

Crédit Visuel : Valérie Soares – Photographe

Par Aïcha Ducharme-Leblanc – Journaliste

Alors qu’est aujourd’hui célébrée la journée des Franco-Onta­­rien.ne.s, c’est le moment parfait pour réfléchir à la politique de Doug Ford, le premier ministre de l’Ontario, à l’égard de la communauté. Dans l’ombre du conservateur Mike Harris et de l’hôpital Montfort, aurait-il, lui aussi, réussi à soulever les foules ?

C’est du bout des lèvres que le candidat aux élections provinciales avait manifesté son soutien à la communauté franco-ontarienne, en 2018. Le projet phare ? Celui d’une université francophone en Ontario« Il est important que nous regardions cette université de langue française », avait-t-il même déclaré en entrevue avec ONFR+. Il sera élu le 10 juin 2018, dans une victoire écrasante contre les libéraux de Kathleen Wynne.

Entre annulation et abolition

Mais c’est dès le premier énoncé économique du gouvernement Ford, en novembre 2018, que le futur des Franco-Ontarien.ne.s s’est obscurcit. Entre l’annulation du projet de l’Université de l’Ontario français, et l’abolition du Commissariat aux services en français, le jeudi 15 novembre est baptisé le jeudi noir de la francophonie

Stéphanie Chouinard, professeure de sciences politique au Collège militaire royal du Canada à Kingston, constate que ce premier geste choquant de Ford « venait vraiment consolider cette idée que les progressistes conservateur.rice.s allaient être néfastes pour la communauté franco-ontarienne ». 

Néanmoins, en décembre 2018, les Franco-Ontarien.ne.s et les francophones, de tout le pays se mobilisent pour manifester contre les compressions des services en français mises en place par le gouvernement Ford, en solidarité avec leurs consœurs et confrères ontarien.ne.s.

Tentative de réconciliation 

« Le gouvernement Ford s’est fait un peu prendre par surprise par l’ampleur de la réaction [les manifestations] », signale Chouinard, ce qui explique pourquoi celui-ci a rapidement fait « quelques concessions […] pour réparer les pots cassés ». 

Avec l’appui du gouvernement fédéral, il relance notamment le projet de l’Université de l’Ontario français, et redonneaux affaires francophones le titre de ministère.

Le gouvernement Ford s’est également investi dans la francophonie ontarienne en confirmant notamment, le transfert de la gouvernance du Centre Jules-Léger aux francophones. Également, il a fait du drapeau franco-ontarien un emblème officiel de l’Ontario. 

« C’est [en référence à l’officialisation du drapeau franco-ontarien] excellent, je suis super content de voir ça, mais c’est très symbolique », critique Trevor Stewart, étudiant en quatrième année en sciences politiques et en étude de conflits et droits humains à l’Université d’Ottawa.

Ce dernier est également coordinateur de l’engagement franco-ontarien du Parti libéral de l’Ontario, et croit fermement que ce geste de Ford prépare les prochaines élections. 

Encore du chemin à faire

Stewart poursuit en mettant en l’avant que « Doug Ford nous a donné beaucoup de recul au sein de la communauté franco-ontarienne ». Mais « les étapes concrètes et systémiques qui vont concrètement aider la communauté […] n’ont pas encore été achevées », poursuit-il.

Pour Chouinard, une de ces étapes en question serait de rétablir l’indépendance du Commissariat aux services en français, dont la responsabilité appartient en ce moment à l’Ombudsman de l’Ontario. Elle souligne que le premier ministre devrait prendre les francophones en considération, non seulement dans le cadre d’enjeux linguistiques, mais aussi dans le cadre de ses autres décisions provinciales.  

La professeure et l’étudiant souhaitent tous deux une réforme concernant la loi sur les services en français, afin d’assurer l’universalité de ces derniers dans tous les coins de la province. 

Une identité retrouvée 

À l’instar d’Harris, Ford a permis à la communauté franco-ontarienne de réaffirmer sa fierté francophone. 

Choulinart juge que les manifestations fulgurantes de décembre 2018, ont permis de mettre la « communauté en marche ». Ce lègue perdurera dans la conscience collective des Franco-Ontarien.ne.s. 

« On s’est fait donner une bataille, et on l’a gagné », renchérit Trevor, qui parle d’une revitalisation du combat des droits en français, enchaînée au mandat de Ford.

Si les espoirs pour les francophones ontarien.ne n’ont pas encore été enterrés, la lutte pour l’égalité avec leurs homologues anglophones se poursuit avec ardeur. 

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