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Sports et bien-être

Du sport universitaire à la scène mondiale : le parcours laborieux des footballeurs canadiens

Dawson Couture
26 janvier 2022

Crédit visuel : Nisrine Nail – Directrice artistique

Article rédigé par Dawson Couture – Journaliste

L’équipe masculine de soccer du Canada est sur le point de se qualifier pour la Coupe du monde, et ce, pour la première fois depuis 1986. Cependant, ses athlètes font face à des obstacles considérables pour gravir les rangs du soccer mondial. Deux anciens Gee-Gees, Nicholas Aramouni et Nicholas Kashirahamwe, témoignent de leurs parcours personnels, d’Ottawa au soccer professionnel international.

Selon Aramouni, capitaine des Gee-Gees et MVP (most valuable player) pour trois saisons consécutives, il n’existe que très peu d’options pour les jeunes footballeurs canadiens. En effet, la majorité des joueurs mondiaux réussissant au niveau professionnel sont découverts et rejoignent les académies européennes dès leur jeune âge. Au Canada, les anciens Gee-Gees attestent que les recruteur.se.s des clubs européens restent plutôt évasif.ve.s.

Développement au Canada

Pour Jason deVos, analyste de soccer à TSN, le problème commence très tôt. Au lieu de développer les talents individuels des enfants, les entraîneur.euse.s de clubs compétitifs se concentrent sur la conquête de championnats qui n’ont aucune valeur pour les recruteur.euse.s. deVos souligne que ces pratiques poussent les dirigeant.e.s à ignorer leur rôle, soit faire évoluer leurs joueurs, et les encouragent plutôt à recruter d’autres athlètes pour gagner des trophées. Plus encore, selon lui, le système standard d’épanouissement des jeunes n’a pas été réellement intégré au pays : il n’existe à ce jour que trois académies de premier niveau pour chacune des équipes canadiennes de la Ligue majeure du soccer.

D’après Aramouni, malgré le nombre élevé de jeunes talents qui rejoignent l’une de ces académies, le système demeure peu fiable. Leurs familles paient des milliers de dollars pour le logement et la formation de leur enfant, et ce, pour une chance minime d’intégrer l’équipe senior, déplore-t-il.  Aramouni rapporte que le meilleur scénario pour ces compétiteurs est d’être reconnu et invité par un club étranger à un essai, mais ceci dépend souvent des connexions interpersonnelles. « Au Canada, il n’y a aucun trajet direct pour devenir professionnel », poursuit-il, soulignant qu’en Europe et en Amérique latine, les clubs prennent la responsabilité du développement des athlètes dès le départ. Au pays, ceux-ci sont généralement obligés de côtoyer l’université ou un collège américain.

Parcours universitaire incertain

Aramouni signale que même si le modèle nord-américain peut être favorable lorsque le talent du continent domine, il désavantage généralement les athlètes dans des sports émergents comme le soccer. En effet, selon celui-ci, malgré des frais plus élevés que les académies européennes, les académies canadiennes offrent moins de visibilité, et très peu d’entre elles se spécialisent dans le soccer.

Comme l’énonce Aramouni, l’équipe masculine des Gee-Gees n’échappe pas à ces généralisations d’autant plus qu’elle est un club compétitif plutôt qu’une équipe varsity. Les athlètes varsity obtiennent un soutien financier de l’Université d’Ottawa (U d’O) et sont éligibles au repêchage de la Première ligue canadienne. Cette nouvelle association professionnelle ayant vu le jour en 2019 est prometteuse, selon Kashirahamwe, « mais le rêve reste de jouer en Europe ».

Le duo a choisi l’U d’O pour des raisons académiques, cependant, ils affirment que cela ne les a pas empêchés de tirer le meilleur parti de leur expérience avec les Gee-Gees. Aramouni et Kashirahamwe expliquent que dans chacune des saisons jouées ensemble, leur équipe a remporté le championnat de division 2 du Réseau du sport étudiant du Québec. 

Conseils pour l’avenir

Les anciens Gee-Gees insistent sur l’importance du réseautage face aux défis importants du système de développement canadien. « On a été très chanceux d’avoir des entraîneurs avec de bons réseaux interpersonnels en Asie et en Europe », admet Aramouni qui, à l’aide d’un entraîneur, a rejoint l’équipe nationale U23 du Liban pendant l’été 2021. Par l’entremise d’un membre du personnel de l’équipe, en 2020, Kashirahamwe a de son côté pu intégrer le FC Voiron Moirans, club de quatrième division française. Il s’est donc positionné pour la présélection de l’équipe nationale du Burundi en 2021. Tous deux ont d’ailleurs engagé des agents pour leur ouvrir des portes et indiquent que toute personne peut être un contact précieux.

Kashirahamwe suggère d’agir et de se présenter comme un vrai joueur professionnel, peu importe les circonstances. Pour l’ancien défenseur du Gris et Grenat, il est plus avantageux mentalement de croire en ses capacités et de toujours viser haut. « Je sais que ça peut sembler loin présentement, mais je sais aussi que le foot est un sport qui bouge très vite. Ça ne serait pas juste de se mettre un plafond », rappelle Aramouni.

Finalement, quels que soient l’objectif et le parcours choisi, il vaut la peine, selon Aramouni et Kashirahamwe, de poursuivre ses rêves. 

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