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Éditorial

Creuser sa propre tombe

Web-Rotonde
14 novembre 2016

Éditorial

Par Frédérique Mazerolle

L’automne bat son plein. En fait, on devrait clarifier que c’est plutôt la période préhiver que connait présentement la région de la capitale nationale. Les feuilles sont tombées et recouvrent vos pas, le ciel porte toutes ses teintes de gris et vous avez probablement la tête enfouie dans vos bouquins dans un recoin de la bibliothèque Morisset, en essayant de vous rappeler des jours meilleurs, des jours où les examens et les travaux de session semblaient encore si lointains. Voilà en quoi se résume votre session d’étude, dont la fin approche tranquillement.

Par contre, si vous êtes étudiant.e. à l’Université d’Ottawa et que vous portez faiblement attention à vos alentours, un bourdonnement a surement résonné près de vous, vous sortant de cette rêverie universitaire.

À vrai dire, vous connaissez déjà la chanson. À l’horizon, vous apercevez l’Assemblée générale (AG), la soit disant plus haute instance décisionnelle de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO). La FÉU-quoi? Ouan, ce truc pour lequel vous payez des cotisations chaque semestre et qui vous donne accès à la U-Pass. 

Pourtant, il se peut bien que vous vous en foutiez royalement de cette assemblée. Vous vous dites que c’est qu’une activité gauchiste, instaurée par des étudiant.e.s radicaux, pour donner à toutes et à tous le droit de changer les règlements à leur guise. À quoi ça sert d’élire un comité exécutif, s’il doit encore se référer aux voix de plus de 40 000 étudiant.e.s au premier cycle?

À moins qu’on n’ose apporter de l’avant une motion qui pourrait mener à une grève étudiante, ce qui vous empêcherait de poursuivre votre train-train quotidien, vous n’allez pas lever le petit doigt et répondre audit devoir civique d’étudiant.e engagé.e.

Inutilité démocratique?

Par conséquent, vous ne vous y présenterez pas. Ça tombe bien, car il semblerait que votre présence ne changera rien à la donne. Vous ne le savez surement pas, mais l’AG n’est dorénavant plus la plus haute instance décisionnelle.

La motion, votée par le Conseil d’administration (CA) le 6 novembre dernier, fait maintenant en sorte que l’Assemblée perd son pouvoir comme tel, devenant tout simplement un lieu de forum symbolique pour les étudiant.e.s. Ça tombe encore mieux, tout cela se passe une semaine avant ladite Assemblée générale. Les motions qui y seront présentées doivent maintenant être adoptées par les membres du CA. 

En revanche, il se peut tout de même que cette description de l’étudiant.e apathique ne vous ressemble pas du tout. Au contraire, vous êtes bien au courant de ce qu’est la Fédération étudiante et de l’importance de votre participation à l’AG. Il est même fort possible que vous, ainsi que vos ami.e.s tout aussi impliqué.e.s dans la sphère de politique étudiante, ayez soumis des motions pour modifier certains règlements de la constitution de la FÉUO.

Malgré tout cet optimisme, rien ne peut vous consoler. Vous savez déjà que pour une cinquième fois, le quorum ne sera pas atteint.

La question a déjà été posée mille fois. Oh, que faire pour attirer les étudiant.e.s à l’AG, si ce n’est seulement pour atteindre le simple quorum de 330 étudiant.e.s?

De la bouffe gratuite pour les étudiant.e.s affamé.e.s? Check.

Une amnistie académique, qui vous laisse manquer vos cours sans conséquence? Check.

Et pour ceux et celles qui ne veulent pas manquer de cours sous aucun prétexte, une assemblée qui se déroule pendant la fin de semaine? Check.

De la publicité sur les médias sociaux, parce que clairement c’est dans ce monde que la population étudiante habite? Encore une fois, check

Plusieurs diront que la Fédération étudiante semble se fendre le cul en quatre pour promouvoir et rendre l’Assemblée accessible à toutes et à tous. En effet, ce travail de promotion ne peut pas être exécuté par seulement les six personnes qui siègent au sein de l’exécutif. Par contre, quand des membres du comité de promotion des assemblées générales se plaignent du manque de promotion fait par l’exécutif, c’est qu’il existe un sérieux problème.

Avec cette dernière assemblée et les échanges enflammés entre l’exécutif et quelques étudiant.e.s, l’éponge semble avoir été jetées par les deux parties. La tombe de la démocratie étudiante s’est creusée elle-même, emportant avec elle les assemblées générales.

La FÉUO, la loi et la magouille

Plusieurs se souviendront longtemps des grands titres en mars dernier, au moment où la Fédération étudiante annonçait qu’elle était dans une situation financière astronomiquement précaire. Des coupures de services et de ressources humaines, ainsi que des changements d’allocation de finances allant contre les règlements constitutionnels ont mené la population étudiante à se méfier de l’éthique de travail de la Fédération étudiante.

Pourtant, plusieurs semblent oublier que la FÉUO aura tenté de blâmer son Conseil d’administration quant à la mise en place de mesures austères, alors qu’elle présentait le plan d’urgence à son syndicat de travailleurs. Comme indiqué dans un article publié dans La Rotonde le 11 avril 2016, lors d’une discussion sous huit clos, les membres du CA ont dû suivre le statu quo de l’exécutif, sous peine de problèmes légaux.

La même situation semble s’être reproduite lors de la dernière réunion du CA. Alors que l’exécutif était bien au courant des conséquences légales que pouvaient engendrer les décisions prises lors de l’AG, en vertu de la Loi sur les personnes morales, rien n’empêchait celui-ci d’en informer son CA bien plus tôt, ce qui aurait pu éviter de nombreux problèmes. Transparence, que t’est-il donc arrivé?

Cette fois, par contre, la FÉUO n’a même pas pris la peine de cacher les nuances problématiques du rapport présenté aux membres du CA, qui à ce jour, n’est toujours pas entre leurs mains. On présente la motion, on parle des conséquences légales si celle-ci n’est pas adoptée et on oblige carrément les membres à voter en faveur. Il y a toujours deux côtés à une médaille, alors où est son revers?

On peut donc se demander à quoi s’attendre par la suite. Est-ce que les membres devront signer des contrats à la façon d’Ariel dans La Petite Sirène? Seul l’avenir nous le dire, mais il va sans le dire que l’abolition du pouvoir conféré aux assemblées générales n’est que la cerise sur le gâteau de la magouille de la Fédération étudiante.

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