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Éditorial

Éditorial : Écologie et jeux de hasard sont mis en jeu

Actualités
9 octobre 2012

– Par Vincent Rioux –

 Ah l’environnement! Un enjeu sur lequel presque tout le monde s’entend – sauf peut-être le club des Conservateurs-monarchistes-pro-sables-bitumineux-qui-n’aiment-que-l’argent-et-la-reine-oh-god-save-her. Je pourrais facilement et hypocritement me permettre d’en beurrer épais, et de chercher à faire culpabiliser tous ceux qui ne font pas de compost, ceux qui ne recyclent pas leurs paquets de cigarettes, ceux qui ne coupent pas l’eau lorsqu’ils se savonnent sous la douche, etc. Mais je vous épargnerai mes lamentations improductives qui ne feraient que rendre cet éditorial aussi réactionnaire que ceux d’André Pratte… Je me rétracte, on m’indique que, même si j’essayais, je n’arriverais pas à la cheville de ses pratteries.

Retournons aux enjeux environnementaux. Il faut agir maintenant pour réduire notre empreinte écologique : c’est clair, c’est net, c’est sûr. Bien que les changements climatiques soient d’une évidence déconcertante et que la route du développement durable soit inévitable et nécessaire à la survie de notre société, plusieurs d’entre nous prennent encore et toujours leurs voitures, simplement pour aller au dépanneur. C’est facile et c’est rapide. C’est beaucoup trop commode pour que monsieur et madame tout le monde n’utilise un autre moyen de transport.

Loin de moi l’idée de pointer du doigt ceux qui conduisent leur Hummer ou leur Escalade pour aller acheter du lait. Si c’est permis, voire encouragé par notre société, pourquoi blâmer l’individu qui ne fait qu’humblement profiter à fond de la société de consommation dans laquelle il (sur)vit.

C’est cette société de consommation qui a poussé la situation des changements climatiques au bord du gouffre. C’est cette « société Kleenex », où tout se consomme, tout se jette et rien ne se préserve qui a amené l’environnementaliste Steven Guilbeault à proposer de véritables actions que peuvent et doivent poser l’ensemble des acteurs de notre société (p. 4). Dans sa conférence intitulée « Développement durable : de la théorie à l’action », Guilbeault a souligné qu’il y a une corrélation claire entre le développement économique et la dégradation de l’environnement. Plus on veut faire rouler l’économie, plus l’environnement en souffre. Il a aussi mis l’accent sur cinq recommandations que nos villes doivent adopter : devenir plus denses, plus mixtes, plus reconnectées, mieux intégrées dans la nature et plus humaines. Pour y arriver, il faut collectivement prendre des mesures concrètes qui visent à réaménager nos villes et repenser les déplacements des citoyens. Il faut impérativement utiliser des énergies vertes. Et, ces mesures, elles sont prises en haut, par nos décideurs. Sauf que, pour l’establishment, être écologique est une stratégie de marketing, rien de plus. Si ça peut pousser les consommateurs à acheter, soyons pseudo-écologiques, pensent les entreprises et les gouvernements, soyons « verts ».

Les grands projets du mayor Watson

En lien avec cette maximisation de la consommation obsessive et abusive au détriment du développement durable, La Rotonde rapporte cette semaine que le maire Jim Watson envisage de bâtir un casino d’ici les prochaines années, à Ottawa. Le big boss de l’Hôtel de ville d’Ottawa pense-t-il aux conséquences sociales de ses projets? Allez, gens d’Ottawa! Consommez, venez vider vos poches! Le rêve américain n’est pas si inaccessible… Renflouer les coffres de la Ville se fait à n’importe quel prix à Ottawa, capitale où nous sabrons allègrement dans la fonction publique et où, dans les mois à venir, plusieurs centaines de travailleurs se retrouveront au chômage. Quel plan de relance économique visionnaire et innovateur!

Surtout quand les coûts et les dépenses sont calculés en vies humaines.

On ne résout pas des problèmes aussi larges que ceux de l’environnement et des casinos en restant chez nous et en posant un petit geste par-ci, un petit geste par-là. On les solutionne en prenant des décisions collectivement puisqu’elles affectent indéniablement l’ensemble de la société. Pour ce faire, nous devons rétablir nos priorités : pendant combien de temps allons-nous aveuglement donner la priorité au « développement économique », au détriment de l’écologie et de la justice sociale?

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