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Éditorial

Éditorial : La dérive de Luc Gélineau

Actualités
1 octobre 2012

– Par Vincent Rioux –

Cinq maigres matchs. C’est la chance que l’organisation des Gee-Gees aura donnée à Gary Etcheverry pour faire oublier Jean-Philippe Asselin, lui qui avait remis sa démission le printemps dernier après avoir accepté une offre alléchante des Ravens de l’Université Carleton pour un poste de coordonateur offensif.

On peut, en partie, attribuer le renvoi d’Etcheverry à la décevante fiche de 0-5 de l’équipe. Cependant, pour comprendre pourquoi l’administration est arrivée à une telle situation, il faut porter un regard plus large sur la situation du sport à l’U d’O. Il faut aussi regarder du côté des joueurs de Carleton qui font déjà mal à Ottawa, même sans équipe active, eux qui sont sans équipe depuis 1999, mais qui prévoient un retour pour la saison 2013.

Tout d’abord, pour ceux qui l’ignoraient, l’équipe de football est certainement l’équipe sportive la plus importante de l’Université : elle est en effet la mieux financée parmi les autres programmes interuniversitaires et c’est aussi celle qui a le plus d’entraîneurs et de joueurs. Elle attire les plus grosses foules et il n’est pas rare de voir les footballeurs faire le saut au niveau professionnel après leur carrière universitaire. Pour toutes ces raisons, aux yeux de l’administration ainsi qu’à ceux des médias, le football revêt une importance certaine. Et, comme dans n’importe quel autre sport compétitif, celui qui a le plus d’argent, bon an mal an, gagnera plus souvent que celui qui en a moins.

Cela dit, remontons dans le temps, au printemps dernier, alors que l’entraîneur Asselin venait de conclure sa deuxième saison à la barre de l’équipe avec une fiche respectable de 5 victoires et de 3 défaites. Son meilleur receveur, Simon Le Marquand, avait terminé la saison au deuxième rang au pays pour le nombre de verges par réception. Malgré l’élimination hâtive de l’équipe, rien ne laissait présager la démission d’Asselin. L’équipe avait tous les effectifs pour continuer sur sa lancée et connaître une saison du tonnerre en 2012; en d’autres mots, l’avenir était prometteur. Or, le 15 mai 2012, à quelques semaines du début du camp d’entraînement, Asselin remet sa démission et signe le jour même un contrat avec les éternels rivaux des Gee-Gees, les Ravens de Carleton. Sa démission avait été suivie par celles de deux autres transfuges sportifs au profit des Ravens, Chris Coulson et Josh Sacobie, deux entraîneurs de l’équipe de l’U d’O.

Les démissions de Asselin, Coulson et Sacobie eurent l’effet d’une véritable gifle en pleine face à l’organisation des Gee-Gees.

Résultat : Luc Gélineau, directeur du Service des sports, engage à la va-vite Gary Etcheverry comme entraîneur par intérim. The rest is history comme dirait les Anglais. L’entraîneur ne réussit pas à relever le défi, les joueurs se retournent contre lui et finissent par demander sa démission.

Etcheverry a-t-il véritablement eu sa chance avec l’équipe? La construction du dôme promis par Luc Gélineau et le Service des sports sur le campus Lees ayant été retardée, l’équipe a dû jouer ses matchs à domicile à Beckwith, situé à près d’une heure du campus. Cette situation a certes joué en défaveur de l’équipe.

La grogne s’accumule

 

Encore sous le choc du départ d’Asselin, les joueurs se sentent délaissés par le Service des sports et son directeur, Gélineau. Les footballeurs ont vu leur entraîneur quitter le navire il y a peine cinq mois, principalement pour des raisons d’argent.

Cette situation n’est pas étrangère à la grande famille des Gee-Gees. À la fin de la saison 2010, l’entraîneur de l’équipe de basketball masculine, Dave DeAviero, l’un des meilleurs au Canada, avait claqué la porte en disant que le Double G devait investir plus dans le programme ainsi que dans son salaire. DeAviero s’était ensuite trouvé un poste avec l’équipe des Redmen de l’Université McGill.

Le problème n’est pas tant dans combien d’argent l’U d’O investit dans les équipes sportives, plutôt comment elle l’investit. À la place de répondre à la demande des entraîneurs et des joueurs en offrant des salaires plus compétitifs, Gélineau et sa bande préfèrent investir dans un dôme sur le campus Lees. Pourtant, ce qui rend une équipe prestigieuse, ça n’a jamais été grâce à la qualité du centre d’entraînement. Ce sont ses exploits sur le terrain qui compte. Combien d’entraîneur devrons-nous perdre avant qu’ils ne le réalisent?

Gélineau a la réputation d’être très conservateur dans les dépenses de l’organisation, ce qui commence à créer des tensions entre les joueurs et l’administration, tous sports confondus. Toutefois, un problème se pose à lui : d’une part, tous veulent un meilleur financement et, d’autre part, la majorité des matchs sur le campus sont présentés devant des gradins vides. Ce qui peut drôlement nous rappeler ce que vivent présentement les joueurs d’une certaine ligue de hockey.

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