Inscrire un terme

Retour
Éditorial

Éditorial : Le cauchemar de l’expérience étudiante

Web-Rotonde
19 septembre 2016

Frédérique Mazerolle

L’Université d’Ottawa. The University of Ottawa. La plus grande université bilingue au monde.

L’Université canadienne par excellence.

La septième institution post-secondaire au Canada à recevoir la mention de « campus équitable ».

L’hôte de la campagne « Défier les conventions ».

« L’autre » université ottavienne.

Pour une raison ou une autre, nous faisons tous et toutes partie de l’institution qu’est l’Université d’Ottawa. Certains ne veulent que terminer leur baccalauréat au plus vite et sortir de cet établissement pour ne jamais y retourner alors que d’autres rêvent d’y rester jusqu’à l’obtention de leur doctorat et d’y enseigner.

La question se pose : pourquoi avez-vous choisi l’Université d’Ottawa parmi tant d’autres universités? Peu importe votre réponse, peu d’entre vous auront répondu que c’est la réputation de l’U d’O au sein des multiples classements universitaires d’ici et d’ailleurs qui vous a attiré à elle. Si c’est bien le cas, nous avons des nouvelles pour vous.

L’U d’O manque le bateau

Pour ceux et celles qui habitent sous une roche, mentionnons que l’Université d’Ottawa continue, à chaque année, de dégringoler dans les palmarès mesurant la réputation des institutions post-secondaires. De 2014 à 2016, l’Université est passée de la 218e à la 291e place du classement QS, classement mondial reconnu qui dresse la liste des 916 universités et collèges du monde. 

Pourtant, l’U d’O reste sans réponses, ou plutôt sans réponses concrètes, devant ce carnage. Où se trouve donc la solution miracle à ce problème dégénératif?

Malgré la dégringolade, l’U d’O reste toujours optimiste et continuer de tenter de rehausser sa réputation au sein du monde académique.

Imaginez la scène. Pavillon Tabaret, salle du Sénat. Une grande table, où se trouve à peu près une trentaine de gens, majoritairement en veston et cravate. La question sur les lèvres de tous et toutes : comment pouvons-nous améliorer notre position au sein de ce genre de classements? Exaspérante cette lute, se disent-ils.

On se rappellera des mots d’Allan Rock, lors d’une réunion du Sénat de l’Université d’Ottawa en automne 2015, où il s’est exclamé « qu’il fallait absolument sortir l’Université du sous-sol des classements universitaires ».

Des résidences ont été construites pour accommoder un plus grand nombre d’étudiant.e.s. Check. Des bâtiments ont été rajoutés, construits et rénovés pour accommoder la population étudiante et le corps professoral. Check. Des bourses et des subventions continuent d’être allouées aux étudiant.e.s. canadien.ne.s et internationaux. Check.

Pourtant, le taux d’inscription semble se synchroniser avec les places qu’occupe l’U d’O dans les placements universitaires. Une chute sans fin, comme celle que l’on vit dans un cauchemar.

Néanmoins, une dernière chose – la bête noire -, reste encore à être abordée : la seule, l’unique, la merveilleuse expérience étudiante. Cette idée que la culture universitaire s’ancre au fond de l’âme de ses diplômé.e.s au point d’être léguée aux enfants de ceux-ci, et à leurs petits-enfants, et ainsi de suite.

Désolée, il semblerait que cette offre ne soit valide qu’aux États-Unis.

Majeure en activisme, mineure en frustration

En ce qui concerne les facteurs qui pourraient avoir des effets sur l’expérience des étudiant.e.s entrant.e.s et sortant.e.s, nous pouvons certainement nous tourner vers la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa.

Celle-ci, représentant plus de 40 000 étudiant.e.s au premier cycle, offre également 12 services, un laissez-passer universel (U-Pass), l’accès à un régime d’assurance de soins médicaux et de soins dentaires, quatre commerces étudiants et plus de 250 clubs étudiants.

Par contre, tout n’est pas rose bonbon à la FÉUO. Ces services ont été coupés durant la période estivale, puis il y a eu le fiasco des files d’attente de la U-Pass et les coûts astronomiques de l’assurance médicale et dentaire aura mené la Fédération étudiante au bord de la faillite. Les commerces, en tout cas, ne permettent pas à la FÉUO de vivre d’abondance, mais bien de survire avec le strict nécessaire.

Pour les clubs, vous connaissez la saga. Pas de fonds, pas de tables au Centre universitaire, pas de support. Oh, bonne vieille austérité, te re-voilà parmi nous!

Pourtant, quand des situations du genre frappent la population étudiante, un nombre restreint d’entre eux, soi-disant téméraires, tentent de se faufiler dans les couloirs du pouvoir pour changer les choses pour de bon.

Ceux et celles qui décident de se plonger dans le monde mystérieux de la politique éstudiantine en ressortent souvent frustré.e.s, fatigué.e.s, et surtout dégouté.e.s d’avoir voulu s’impliquer durant leurs années à l’Université d’Ottawa.

C’est ça, en fin de compte, l’expérience étudiante. C’est de se battre contre des problèmes systémiques, camouflés par un scandale ici et un scandale là, tout en essayant de terminer ses études dans un délais raisonnable. Le mur, dressé à la fois par l’élite politique et académique, devient alors insurmontable. Et on s’étonne que certain.ne.s étudiant.e.s ne désirent plus aller chercher leur diplôme de mains propres au Centre national des Arts.

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire