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Éditorial

Quand éducation rime avec manifestation

Rédaction
2 mars 2020

Crédit visuel : Andrey Gosse – Directeur Artistique 

Par Caroline Fabre – Rédactrice en chef

L’Association des enseignantes et enseignants franco-ontarien.ne.s (AEFO), la Fédération des enseignantes et des enseignants de l’élémentaire (FEEO), la Fédération des enseignantes-enseignants des écoles secondaires (FEESO) et l’Association des enseignant.e.s catholiques anglo-ontarien.ne.s (OECTA), soit les quatre syndicats d’enseignant.e.s en Ontario, se sont réunis pour protester contre les réformes mises en place par le gouvernement progressiste-conservateur de Doug Ford.

À moins que vous ne viviez reclu.e.s de toutes formes de civilisations, ou coupé.e.s de toutes technologies, vous n’êtes pas sans savoir les multiples grèves des enseignant.e.s qui sévissent depuis plusieurs mois déjà dans l’Ontario. 

Sujet d’actualité épineux, la question de l’éducation est placée au cœur des débats depuis ce début d’année 2020, et ne semble pas près de disparaître, un consensus ne semblant pas envisageable. 

Éducation remise en question

Il est absolument légitime que les enseignant.e.s des milieux élémentaires et secondaires manifestent pour leurs droits. Qui accepterait de travailler sans contrat de travail, donc sans sécurité, et sans garantie d’être payé.e ? Pas grand monde, soyons honnête. 

Il convient plutôt de condamner le gouvernement de Doug Ford, qui s’est illustré, depuis son élection en juin 2018, par de trop nombreuses controverses. Nous pensons, par exemple, au projet d’une université francophone en Ontario, annulé et fort heureusement, de nouveau au goût du jour. Les réductions des dépenses en santé publique, en environnement, ou encore de garde d’enfants. Nous pensons également aux changements impliqués par l’annulation des frais de scolarité, jugés non essentiels dans le cadre postsecondaire ; services utilisés, voire même essentiels à de nombreux étudiant.e.s.

« Ces services comprennent des programmes dirigés par des étudiant.e.s tels que des clubs, des journaux de campus, des banques alimentaires et d’autres services d’appui, ainsi que la création d’emplois à temps partiel », selon un article de Radio-Canada.

Fort heureusement, la Cour divisionnaire de l’Ontario a jugé cette mesure illégale, et est, depuis, revenue sur celle-ci, entraînant son annulation. Si c’est un coup dur pour ce cher Ford, c’est une victoire pour ces services universitaires. Malgré tout cela, ces manifestations entraînent, il est important de le rappeler, la suppression de journées scolaires, empêchant cette future génération ontarienne l’accès stable à l’éducation qu’elle nécessite et qu’elle mérite. 

Les enseignant.e.s se battent corps et âme pour améliorer les conditions d’enseignements, leurs conditions de travail, et faire reconnaître leurs droits. Qu’en est-il du côté opposé ? Le gouvernement n’a pas l’air prêt à réaliser des sacrifices financiers au nom de la future génération. L’Ontario se porte financièrement bien ; est-il réellement nécessaire de continuer à couper des services, des emplois ? L’argent prime-t-il, une fois de plus, sur l’avenir des populations ? Il semblerait que ce soit malheureusement le cas ici. 

En cause ?

La raison de ces multiples grèves à répétition se trouverait dans plusieurs décisions prises par le gouvernent de Ford. Selon Radio-Canada, 

« Le gouvernement Ford a adopté une loi limitant les augmentations de salaire dans le secteur public à 1 % par année et prétend que la province ne peut pas en donner plus aux enseignant.e.s, qui en réclament le double ». Le gouvernement Ford aura également rendu obligatoire la prise de cours en ligne.

De plus, les enseignant.e.s de la province travaillent sans contrat depuis le 31 août 2019 dernier, normalement obligatoire, et qui leur assure une certaine protection, et surtout, une rémunération.

S’ajoute à cela la hausse du nombre d’élèves par classe, passant « de 22,5 à 25 en moyenne de la neuvième à la 12e année du secondaire », ce qui impliquerait la perte de milliers d’emplois dans la communauté enseignante ; environ 10 000 selon le journal Le Droit.

Une solidarité 

Selon Radio-Canada, « c’est la première fois depuis 1997 que les quatre syndicats [AEFO, FEEO, FEESO et OECTA] seraient en grève au même moment ». Le proverbe « aux grands maux les grands moyens » prend alors tout son sens. 

Malgré ces temps sombres, une réelle solidarité est née entre les enseignant.e.s francophones et anglophones de la province, qui ne cesseront de se battre que lorsqu’une entente raisonnable sera proposée. 

Ces derniers bénéficient pour le moment de l’appui du public, selon Tony Dean, sénateur et ancien sous-ministre provincial du Travail « la question de l’augmentation de la taille des classes est particulièrement impopulaire auprès des parents. C’est sans parler, dit-il, de l’insatisfaction du public en général à l’endroit du gouvernement Ford ».

Il est également important de prendre en compte que les parents des enfants affectés par ces grèves toucheraient « une indemnité de 25 $ à 60 $ pour chaque jour de grève qui force la fermeture de l’école ou de la garderie scolaire de leur enfant.» 

Une entente possible ?

« Le gouvernement devra faire des compromis quant à l’augmentation de la taille des classes, notamment, pour en arriver à un accord […]. Entre 25 et 22,5 élèves par classe, il y a place au compromis », a déclaré le sénateur à Radio-Canada.

L’AEFO, qui prévoit une journée de grève générale par semaine, se réunira de nouveau le jeudi 5 mars, en espérant toujours que les négociations seront fructueuses.

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