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Arts et culture

Question de responsabilités avec une artiste engagée

Culture
4 mars 2021

Crédit visuel : Quincy Houdayer – Contribution

Entrevue réalisée par Aïcha Ducharme-LeBlanc – Cheffe du pupitre Arts et culture

Kelly Bado est une chanteuse et compositrice franco-manitobaine originaire de la Côte d’Ivoire. Actuellement en concert virtuel à travers l’Ontario pour son nouvel album Hey Terre, elle se livre sur son style de création, et les messages environnementaux et politiques qu’elle veut transmettre à travers ses chansons. 

La Rotonde (LR) : En quoi consiste votre tournée virtuelle ? 

Kelly Bado (KB) : Je me suis organisée à Winnipeg, où j’avais déjà fait quelques concerts en ligne, ce qui m’avait donné une expérience de l’approche virtuelle […]. On a loué une salle, avec une équipe d’enregistrement sonore et visuel […], et j’ai préparé tous les titres de l’album. J’ai aussi fait un retour sur mon premier extended play qui s’appelle Entre-deux que j’avais lancé en 2016.

On a contacté les diffuseur.euse.s [dans différentes régions de l’Ontario] pour savoir quelle était la meilleure façon de diffuser [ce contenu]. Certain.e.s ont pu réunir un petit public dans une salle pour visualiser [le concert], et d’autres ont fait des diffusions sur YouTube […]. La tournée se passe très bien !

LR : De quoi parle la chanson titre de votre nouvel album ? 

KB : Hey Terre est une chanson qui parle de la Terre comme d’une mère qui prend soin de ses enfants […]. Pour moi et mon réalisateur, c’était l’occasion de retourner aux sources, et de se rappeler de l’importance de prendre soin de notre planète. Avec le développement, l’industrialisation, et la pollution, on a l’impression qu’elle n’est plus une priorité, alors que c’est elle qui nous permet de vivre […]. On cherche à éveiller les consciences, et rappeler que la Terre est notre mère à tou.te.s.

Je vois la planète comme un grand village, grâce à laquelle nous sommes connecté.e.s. Les humains sont citoyen.ne.s de la Terre, au-delà des continents, des pays, des cultures, ou de la couleur de peau […]. 

LR : Est-ce que vos chansons sont toutes politiquement engagées ?

KB : Plus ou moins. Je suis quelqu’un d’engagée dans le sens où je me suis toujours demandée comment je pouvais faire une différence. Oui on fait des dons, on est bénévole ici et là, mais je cherchais d’autres façons d’avoir une influence sur le monde. J’ai réalisé que le chant pouvait être une bonne façon de lancer des messages, alors pourquoi pas utiliser ma musique pour transmettre mes idées ? 

Je parle très souvent d’histoire, et de la souveraineté en Afrique […]. Je suis originaire de la Côte d’Ivoire, donc quand je chante des chansons politiques, je réfère toujours à ce temps où l’on était souverain.e.s et libres. Après, il y a eu tout un bouleversement et les influences coloniales nous ont conduits là où nous sommes aujourd’hui, et cela crée en moi un peu de révolte […]. J’appelle alors à la conscientisation, à se rappeler de la souveraineté passée pour essayer de la ramener.

LR : Vos œuvres lient Pop, rhythm and blues (R&B), et musique africaine. D’où vient cet intérêt pour le mélange de différents genres musicaux ?

KB : Je ne dirais pas que c’est un intérêt, car ce n’est pas vraiment prémédité. C’est simplement le résultat de tout ce que j’écoute depuis mon enfance. Les harmonies et les voix qui forment comme un chœur en arrière pendant le refrain reviennent beaucoup dans mes chansons, et viennent du fait que j’ai grandi dans des chorales ; c’est là que j’ai appris à chanter. 

J’ai beaucoup écouté Corneille, Céline Dion, Garou, et autres chanteurs Pop et R&B, mais aussi une grande variété d’artistes européen.ne.s […]. Toutes ces voix ont façonné mon caractère, et cela se ressent, sans vraiment le vouloir, à travers ma propre voix.

LR : Vous avez été nommée artiste francophone de l’année 2020 au Western Canadian Music Awards. Comment avez-vous réagi ?

KB : J’ai été vraiment heureuse de voir l’ouverture de la communauté de l’Ouest du Canada à récompenser une artiste d’origine africaine ; cela a été un véritable honneur. Je trouve que c’est un témoignage d’inclusion, d’intégration, d’acceptation, et d’ouverture d’esprit [du monde de l’industrie musicale]. 

Je pense aussi que ce genre de prix encouragera les autres à s’exprimer avec leur musique. Certain.e.s peuvent se dire : « je n’ai pas de chance de gagner parce que ma musique est trop différente » […]. Mais ma nomination prouve que, le plus important, c’est que ce soit de la bonne musique.

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