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Arts et culture

Découvrir sa vision artistique à la maîtrise : entrevue avec Emily Escoffery

Emmanuelle Gauvreau
28 janvier 2024

Crédit visuel : Nisrine Abou Abdellah — Directrice Artistique

Entrevue réalisée par Emmanuelle Gauvreau — Cheffe du pupitre arts et culture

Emily Escoffery en est à sa première année de maîtrise en arts visuels à l’Université d’Ottawa (U d’O). Elle vient de Guelph, où elle a d’abord étudié la peinture à l’huile. Depuis son arrivée dans la capitale nationale, cette dernière explore la forme kaléidoscopique sur canevas, s’ouvre à de nouveaux médiums et apprend à se connaître en tant que jeune artiste.

La Rotonde (LR) : Pouvez-vous parler un peu de votre parcours académique avant d’arriver à la maîtrise en arts visuels à l’U d’O ?

J’ai obtenu mon diplôme de premier cycle à l’Université de Guelph. J’avais déjà peint un peu à l’école secondaire, mais c’est vraiment à l’Université que j’ai appris à le faire. Il y a quelques enseignant.e.s dont j’admire beaucoup le travail de peintre, dont Monica Tap et Martin Pearce, qui m’ont encouragée à prendre cette avenue !

LR : Est-ce que l’art abstrait a toujours fait partie de votre démarche ?

Non ! J’ai l’impression que lorsqu’on se lance dans la peinture, on commence toujours par représenter des choses que l’on peut reconnaître ou observer dans le quotidien. Pendant mes trois premières années à l’université, j’avais un penchant pour le réalisme. C’est un projet scolaire qui m’a fait explorer l’abstrait. J’hésitais à poursuivre mon exploration de cette avenue, c’est un enseignant qui m’a encouragé de le faire.

Cela a été un parcours d’exploration criblé de défis, mais il m’a conduit à ce que je fais maintenant. C’était étrange… On ne pense pas vraiment à l’impact que certains moments clés peuvent avoir dans notre vie quand ils nous arrivent. J’y pense quatre ans plus tard et je suis épatée ! Tout a beaucoup changé au cours des années, c’est intéressant de témoigner de cette évolution.

LR : Comment décririez-vous votre processus artistique ?

Il a beaucoup changé au cours des dernières années, mais je dois dire que le cœur de mon travail repose sur l’utilisation de grilles par-dessus laquelle je dessine, sans jamais savoir dans quelle direction cela me mènera. Cela dépend bien sûr du médium que j’utilise. Je peux tenter de planifier autant que je veux, le résultat sera toujours différent de ce que j’avais initialement imaginé, surtout en raison de sa nature abstraite.

Je suis toujours à la recherche du langage que je veux utiliser pour décrire mon travail. Je dirais toutefois que je crée principalement à partir de formes circulaires, de demi-cercles. Je fais pivoter les motifs jusqu’à ce qu’il se produise quelque chose !

LR : Est-il plus difficile de faire de l’abstrait pour cette raison ?

Je pense que c’est certainement plus difficile que de peindre des choses réelles, mais c’est aussi plus gratifiant parce que je dois suivre un modèle un peu plus compliqué. Le problème avec l’utilisation de motifs abstraits, c’est que sa forme permet le lâcher-prise dans la perception, alors que de peindre quelque chose de concret mène les gens à analyser, et donc à critiquer plus facilement.

LR : Sur quoi repose votre sélection des couleurs ainsi que leurs combinaisons ?

En général, lorsque j’essaie de choisir les couleurs, j’opte pour un aspect plus monochrome que complémentaire. J’ai récemment réalisé des collages où je suis soumise aux couleurs déjà présentes sur le papier utilisé. En toute franchise, je me préoccupe davantage des motifs et du design, et les couleurs sont en quelque sorte secondaires. Du moins, c’est moins important pour moi en ce moment !

LR : Dans votre travail, il semble y avoir une relation entre les motifs linéaires très concrets… Et, pouf ! Nous percevons soudainement une forme de lâcher-prise au centre des œuvres. Expliquez ce réflexe ?

Je ne m’en suis même pas rendu compte… Le « lâcher-prise ». Que voulez-vous dire par là ?

LR : Les motifs sont très structurés et, au milieu des œuvres, ils deviennent moins « mathématiques »… Plus « organiques ».

Je pense que cela est dû au chevauchement des motifs, mais aussi au fait que je découpe à la main avec un couteau Exacto. Cela crée une variation constante dans les formes.

J’ai toujours utilisé la peinture à l’huile. Ce n’est que récemment — l’année dernière — que j’ai commencé à utiliser la gouache, entre l’acrylique et l’aquarelle. Puis, ce n’est qu’en novembre que j’ai commencé à faire du collage. Je voulais l’incorporer au collage dans mon travail, mais je n’ai jamais réussi à trouver comment le faire avant d’explorer la superposition des papiers.

LR : Que diriez-vous à un.e étudiant.e qui considère faire une maîtrise en arts visuels ?

Je leur dirais d’attendre. À l’origine, j’avais postulé pour des écoles alors que j’étais en dernière année d’université. Je n’avais que 21 ans, c’était très exigeant. Je pense que les gens devraient faire une pause de cinq à dix ans après le baccalauréat pour explorer leur art et avoir une idée plus concrète de ce qu’ils veulent faire. Parfois, nous ne sommes pas prêt.e.s à se relancer. Certaines personnes ne font jamais de pause alors qu’il faut honorer les périodes de contemplation et de solitude !

Lorsque vous postulez pour une maîtrise, il faut également bien réfléchir aux financements à votre disposition. Si vous n’avez pas de soutien familial, réfléchissez aux subventions offertes dans votre province ainsi qu’à celles où vous aimeriez étudier : vivre dans la province de l’université qui vous intéresse avant d’y postuler pourrait vous permettre d’avoir plus de subventions ! Assurez-vous aussi que les ateliers de l’école convoitée vous conviennent. Vous y passerez beaucoup de temps !

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