Et si l’on discutait de la santé mentale des étudiant.e.s à la maîtrise ?
Crédit visuel : Archives
Article rédigé par Marina Touré — Cheffe du pupitre Actualités
L’Université d’Ottawa (U d’O) a organisé du 16 au 20 janvier derniers la Semaine du mieux-être. Cette semaine avait pour but de mettre en avant les multiples ressources qui existent pour aider les étudiant.e.s à prendre soin d’eux.elles. Simultanément, la Faculté des sciences sociales a récemment fait la promotion de ses services de conseiller.ère.s spécialistes de la santé mentale des étudiant.e.s en maîtrise et en doctorat. Quels sont les sentiments des étudiant.e.s en maîtrise par rapport à leur santé mentale ? Quelles ressources existent pour les aider ?
En 2020, un groupe de quatre étudiant.e.s de l’U d’O en maîtrise ou en doctorat a publié un rapport portant sur la santé mentale des étudiant.e.s aux cycles supérieurs, qui mettait en avant l’importance de se concentrer sur la santé mentale de ces étudiant.e.s. Marie-Pier Vandette, co-rédactrice du rapport, est une psychologue clinique pour les enfants, les adolescents et les familles. Elle nomme une dizaine de facteurs qui viennent créer un haut niveau de stress chez les étudiant.e.s en maîtrise. On y retrouve le mémoire ou la thèse, la charge de travail, mais aussi les opportunités de carrières et les problèmes de santé mentale. Ce sont des facteurs également mis en place par Félixe Joly, étudiante en maîtrise dans le programme en affaires publiques et internationales à l’U d’O.
Situation actuelle
En plus des différents facteurs présentés par Vandette et les rédacteur.ice.s du rapport, Joly met en avant l’impact important de la COVID-19 sur les étudiant.e.s. En effet, elle est une étudiante à risque et comptait sur un retour en personne graduel, ce qui n’a pas été le cas. L’Université n’a selon elle pas su tenir la promesse d’un retour en personne qui ne désavantagerait pas les étudiant.e.s vulnérables. Elle explique que ceux.celles-ci, en plus de la charge de travail et des facteurs de la vie quotidienne, se retrouvent aussi exposé.e.s à des risques sanitaires.
Vandette énonce que, selon une étude conduite par le Centre de toxicomanie et de santé mentale, près de 59 % des étudiant.e.s ont rapporté que la pandémie a influencé leurs sentiments d’angoisse par rapport au futur et que 39 % ont vu leur santé mentale dépérir. Ce constat est confirmé par Cindy Miron, gestionnaire du Centre de santé et mieux-être étudiant, et Andrée-Anne Maranda, cheffe du Service de counseling de l’U d’O. De plus, elles mettent toutes deux en avant les différences de profils des étudiant.e.s en maîtrise, qui, comme le mentionne Joly peuvent être des parents, ou encore travailler à temps plein, et font donc face à d’autres réalités en plus des études.
Promouvoir les services
Pour Joly, l’U d’O a échoué à maintenir la promotion des services d’aide à la santé mentale qu’elle faisait pendant la période des cours en ligne. Bien qu’elle partage ne jamais avoir utilisé les services à ce moment-là, elle trouve que les liens et les ressources ne sont plus aussi accessibles qu’elles l’étaient. « Est-ce que c’est bien partagé ? Est-ce qu’on est au courant ? Non, on ne l’est plus. », déplore-t-elle.
Miron et Maranda mettent toutes deux l’emphase sur les différents services qui existent, à travers le site web du Centre de santé et mieux-être. Elles expliquent que l’Université est en train de créer un système de triage centralisé qui pourrait répondre aux problèmes d’accessibilité. Elles présentent aussi les différents groupes de mentorat proposés par chaque faculté, qui jumellent les étudiant.e.s en maîtrise avec leurs pairs. Le bureau d’études supérieures de chaque faculté offre également un appui académique aux étudiant.e.s. « Si la demande y est, nous pourrions créer un groupe de soutien pour les étudiants en maîtrise », ajoutent-elles.
Il faudrait en plus mettre en place un service de courriels de rappel, qui informerait les étudiant.e.s mensuellement des ressources qui existent pour les aider, propose Joly. Vandette mentionne également la présence d’autres services sur le campus, comme le Service d’appui au succès scolaire ou des applications comme Calm ou Headspace.
Motivation de poursuivre les études
Cependant, cela peut être difficile de rester aux études pour les étudiant.e.s en maîtrise, dévoile Joly : « Depuis que j’ai commencé mon programme, chaque semaine avec mes amies on se demande pourquoi on a commencé une maîtrise. » Selon elle, il s’agit d’un questionnement constant. Si elle se dit toujours motivée pour terminer sa maîtrise, elle peut comprendre que pour certain.e.s de ses collègues, qui ne voient pas de différences entre les perspectives de carrières après le premier et le second cycle, choisissent de ne pas poursuivre leur maîtrise.
Pour ces raisons, Vandette suggère de mettre plus en avant les ressources qui existent sur le campus, tout en encourageant à déstigmatiser les problèmes de santé mentale et à réduire les facteurs associés au stress dans les programmes. Pour Miron et Miranda, il est essentiel que les chaque étudiant.e se sente « soutenu et outillé » tout au long de ses études.