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Estomacs vides et accords en suspens : bataille entre le SÉUO et la GSAÉD pour l’accès à la banque alimentaire

Mireille Bukasa
21 septembre 2024

Crédit visuel : Hidaya Tchassanti – Directrice artistique

Article rédigé par Mireille Bukasa – Cheffe du pupitre Actualités

À la suite des négociations entamées en février dernier entre le Syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa (SÉUO) et l’Association des diplômé.e.s de l’Université d’Ottawa (GSAÉD), l’accès à plusieurs services offerts par le SÉUO, dont ceux de la Banque alimentaire, a pris fin pour les étudiant.e.s des cycles supérieurs (maîtrise et doctorat). Afin de réinstaurer ces services, le SÉUO exige une contribution annuelle de 19 dollars par diplômé.e, mais la GSAÉD refuse de se plier à cette demande.

Coupures

Depuis la réduction significative du quota reçu par le SÉUO par la Banque alimentaire de la ville d’Ottawa, le Syndicat rapporte des coûts exorbitants qui expliquent la mise en place de cette mesure. En effet, selon la présidente du SÉUO, Delphine Robitaille, la Banque alimentaire a vu ses quotas se faire restreindre d’environ 70 %. De 14 caisses de fruits frais par semaine, par exemple, la Banque est passée à deux caisses.

« Toutes les catégories qui sont souvent en demande et qui sont coûteuses, comme les produits laitiers, les viandes et les fruits frais, ont connu une coupure significative. Le 1er octobre 2024, les quotas en provenance de la ville d’Ottawa seront encore à la baisse, » affirme Robitaille.

Le SÉUO, étant obligé de faire face à l’insécurité alimentaire jumelée à des sommes hors budget, tente de négocier une entente de partage des coûts et une entente de paiement rétroactif partiel pour l’année 2023-2024 depuis six mois avec la GSAÉD.

Rencontres sans conclusions

Dans un courriel envoyé à La Rotonde, le Commissaire à la Gouvernance de la GSAÉD, Marc Biglary, exprime la déception de son association face à la décision récente du SÉUO. « Nous avons entamé des négociations de bonne foi avec le SÉUO concernant la Banque alimentaire, le Centre des droits étudiants et le Centre de ressources féministes, dans le but de garantir un accès continu à ces services essentiels pour les étudiant.e.s diplômé.e.s. Malheureusement, le SÉUO n’a proposé nul accord qui réponde équitablement aux besoins de nos membres, et n’a accepté aucune de nos propositions », explique Biglary.

Reconnaissant la gravité du problème de l’insécurité alimentaire sur le campus, qui touche à la fois les étudiant.e.s de premier cycle et les étudiant.e.s diplômé.e.s, la GSAÉD s’est résolue à réorienter ses ressources : elle se voit maintenant forcée de recourir à des services communautaires pour les étudiant.e.s de cycles supérieurs ayant besoin d’une aide alimentaire urgente. 

Un service pourtant méconnu

La Banque alimentaire, qui se trouve dans le sous-sol du centre universitaire, est difficilement repérable. De fait, un sondage organisé sur un échantillon d’une cinquantaine d’étudiant.e.s aléatoires révèle que 70 % d’entre elles et eux ne sont pas au courant qu’il existe une Banque alimentaire au sein du campus universitaire. Seul.e.s 28 % des étudiant.e.s qui ont déclaré connaître l’existence de la Banque alimentaire s’en sont déjà servi.

La présidente du SÉUO, quant à elle, recense entre 400 et 500 bénéficiaires de la Banque par mois, dont environ 50 % d’étudiant.e.s de cycles supérieurs, alors même que cette population étudiante ne représente que 5.9 % des étudiant.e.s de l’Université d’Ottawa (chiffres de 2023).

Face à ces résultats, la présidente du SÉUO reconnaît que la promotion de la banque alimentaire n’a pas été une priorité pour l’organisation : « en ce moment, faire la promotion de la Banque alimentaire serait comme se tirer une balle dans le pied ! »  s’exclame-t-elle. « Si nous arrivons à augmenter la capacité de manière significative au travers de partenariats et d’autres initiatives, il est certain que nous ferons une promotion plus agressive sur le campus, » rassure la présidente. 

Autres services

Le seul autre service auquel n’auront plus droit les étudiant.e.s actuel.le.s aux cycles supérieurs est le Centre des droits étudiants, qui offre un service de représentation individuelle aux étudiant.e.s pour des enjeux académiques et humains en lien avec l’Université. Ce centre, dont le fonctionnement est coûteux selon le SÉUO, requiert six personnes hautement formées pour être capable de répondre aux besoins des étudiant.e.s. 25 % des utilisateur.ice.s seraient des étudiant.e.s diplomé.e.s, précise le SÉUO.

Les services offerts par le Centre de ressources féministes ne sont quand à eux pas frappés par les restrictions, et les dossiers déjà entamés par le Centre poursuivront leur cours normal. Cependant, les nouveaux cas des membres de la GSAÉD ne seront plus reçus par le SÉUO, souligne la présidente.

Robitaille explique que les 19 dollars demandés à chaque étudiant.e seront divisés selon ces services : sept dollars pour le Centre des droits étudiants, dix dollars pour la Banque alimentaire et deux dollars pour le Centre de ressources féministes. La mesure mise en place, qui empêche ainsi les diplômé.e.s d’accéder à des services essentiels, sera levée si la GSAÉD s’engage à soutenir le SÉUO en partageant les coûts, termine Robitaille.

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