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Éditorial

Être étudiant avant client

Web-Rotonde
6 octobre 2014

2-8d2724bc6eLe campus de l’Université d’Ottawa (U d’O) se laisse envahir par plusieurs compagnies privées qui ont pour seul but de faire des étudiants leurs fidèles clients. En gardant le campus ouvert à n’importe quel publiciste, les plus grosses entreprises privées ont tendance à s’immiscer à l’intérieur de la vie étudiante, sans que les étudiants aient leur mot à dire. Dans cette édition, La Rotonde s’est penchée sur le cas de Red Bull et de son accaparement du commerce de boissons énergisantes sur le campus.

L’omniprésence de Red Bull sur le campus nous amène à se questionner sur la place des campagnes de markéting sur le campus. Notre espace est-il considéré comme un lieu où n’importe qui peut faire de la publicité, qu’importe le produit? S’il n’existe pas d’entente entre Red Bull et l’U d’O, puisque l’administration n’est pas impliquée dans la vente de boissons énergisantes, on se demande à qui revient la responsabilité de ce genre de publicité? Il y a pourtant une différence claire entre ceux qui vous arrêtent entre les pavillons Tabaret et Simard pour vous parler d’une organisation charitable et ceux qui se baladent pour Red Bull et vous offrent des boissons gratuites.

Bien que le choix revienne à l’étudiant d’accepter ou non, d’acheter ou non, d’en boire ou non, il demeure difficile d’ignorer ces campagnes de markéting qui font tout pour s’approprier l’attention des étudiants à des fins commerciales.

L’administration universitaire se doit de garder le campus comme lieu d’apprentissage et d’échanges, où les étudiants peuvent s’épanouir sans être, à la limite, harcelés par des publicitaires. Pour se faire, elle est responsable de réglementer ces sollicitations commerciales qui visent les étudiants. Il est nécessaire de faire preuve de rigueur mais jusqu’à maintenant, l’Université a choisi de rester passive sur le sujet. Que sera sa réaction lorsqu’on tentera d’y promouvoir des produits encore plus nocifs pour la santé? Peut-on déambuler sur le campus en offrant des paquets de cigarettes?

Celui qui achète au Pivik, encourageant son propre commerce étudiant, est bien en droit de se demander si la montagne de boissons énergisantes aux abords de la caisse est appropriée. Surtout si on lui en donne déjà à tous les coins du campus.

La publicité omniprésente ne passe plus inaperçue à l’U d’O. Par exemple, depuis son ouverture, le nouveau Café Nostalgica est passé d’aucune publicité à plusieurs sur chaque table, et cela a de quoi attrister les habitués de l’ancien lieu de rendez-vous. Maintenant démoli, le Café avait développé une atmosphère authentique et sincère qui lui était propre. Difficile d’en faire autant quand l’espace est commandité. On remarque la même chose au bar étudiant 1848.

À chaque fois que l’on donne plus de place au logo d’une entreprise, le campus perd une partie de sa singularité. L’espace étudiant devient de plus en plus semblable à n’importe quel autre espace commercial.

L’absence de critique suite à ces transformations insinue un manque de vision quant à l’aménagement des espaces universitaires. Et ce n’est pas Destination 20/20 qui va améliorer ça.

Bien que le sujet semble échapper à l’attention de l’administration et des principales associations étudiantes, il est temps que ces derniers réfléchissent à la justesse d’une telle présence sur le campus. Il est déplorable de donner carte blanche aux distributeurs de boissons addictives et autres futilités pour qu’ils utilisent le campus comme leur terrain de jeu.

Pour répondre à cet enjeu, et du même coup s’attaquer à la platitude de notre espace de plus en plus générique, il est nécessaire de s’opposer à sa marchandisation.

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