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Arts et culture

Explorer la peinture dans toute son ambiguïté

Culture
11 mars 2021

Crédit visuel : Jean-Pierre Houde – Contribution

Entrevue réalisée par Marie-Ève Duguay – Journaliste

Étienne Gélinas est un artiste peintre originaire de Maniwaki au Québec qui, à travers ses œuvres, exploite le paradoxe qui lie l’art et la science. Il se confie sur la naissance de son intérêt pour la création, et sa démarche artistique peu conventionnelle.

La Rotonde (LR) : Qu’est-ce qui vous a mené à votre carrière actuelle ?

Étienne Gélinas (ÉG) : Mon parcours est un peu particulier, car j’ai commencé dans le domaine aérospatial jusqu’à ce que je me rende compte que ce n’était pas fait pour moi. Je me suis alors inscrit au cégep en arts visuels, et l’année suivante, j’étais [en arts visuels et médiatiques] à l’Université du Québec en Outaouais (UQO) […]. J’ai commencé à exposer à la Galerie St-Laurent Plus Hill à Ottawa, des galeries publiques, des centres d’artistes et éventuellement des galeries commerciales. 

J’ai entamé une maîtrise en gestion de projet [à l’UQO], qui m’a été extrêmement utile pour me développer en tant que professionnel dans le monde des arts. Dans les mois qui ont suivi la fin de ce programme, une professeure de l’UQO m’a proposé d’entreprendre une autre maîtrise en pratique des arts. C’était là une bonne opportunité pour moi d’entamer une exploration plus académique et de pousser ma recherche plus loin. 

LR : Qu’est-ce qui vous a encouragé à faire ce drastique changement de carrière ?

ÉG : J’ai eu une prise de conscience alors que j’étais encore en aérospatiale, et que je travaillais de nuit comme gardien de sécurité au Collège Vanier à Montréal. J’allais m’asseoir dans les laboratoires d’arts plastiques vides, et je regardais les travaux des étudiant.e.s. Je me disais qu’ils.elles avaient de la chance de faire ça comme devoirs, alors pour moi, ce n’était qu’un passe-temps de fin de semaine […]. C’est là que je me suis décidé à prendre des cours d’art. 

[Les domaines artistique et scientifique] peuvent sembler opposés et contradictoires, pourtant ils ont besoin de l’un et de l’autre pour survivre […]. J’ai toujours été attiré par ces deux mondes : j’aime ce qui relève de la poésie, c’est ce qui me donne le goût de vivre, mais j’ai aussi besoin [de sciences] pour compléter ma personne. 

LR : Votre recherche actuelle porte sur « l’ambiguïté de l’espace pictural en peinture ». Qu’entendez-vous par cela ? 

ÉG : Il existe un paradoxe entre les codes scientifiques et les codes plastiques qui régissent notre vie. Ma recherche vise à faire cohabiter ces deux éléments opposés pour créer une vibration, qui vient attirer le monde et qui amène un sentiment de nostalgie chez les gens […].

L’espace pictural, c’est la surface en deux dimensions du canevas que j’utilise pour créer ma composition. Je prends deux codes qui n’ont rien à voir entre eux, et je les fais cohabiter. Cela vient créer cette dualité, cette ambiguïté qui génère une sorte de poésie. 

LR : Comment décririez-vous votre style et votre démarche artistique ?

ÉG : J’adopte une approche abstraite qui ressemble beaucoup à une esthétique moderne. Je travaille les collages, et le mélange de plusieurs médias, comme le dessin, le crayon, l’architecture, les patrons de coutures, ou encore les textures. 

Je crée différents codes qui interagissent sur la surface du tableau. Ils appellent les yeux des gens à se promener et captivent leur intérêt, malgré le non-dynamisme de l’image. C’est difficile à faire aujourd’hui, alors que nous sommes constamment en compétition avec la surabondance et l’inondation d’images qui bougent sur nos écrans. J’essaye donc d’utiliser des stratégies découvertes pendant ma recherche pour composer des images attirantes qui [se lient à] des références de l’imaginaire collectif de l’audience. 

LR : Quels sont vos projets venir ?

ÉG : Je suis supposé être au Bangladesh en ce moment pour une exposition, mais elle a été annulée [à cause de la pandémie], et sera remise à plus tard. J’ai aussi la possibilité de faire une exposition au Japon. D’autres choses s’en viennent dans la région d’Ottawa, mais rien n’est officialisé ; on fera des annonces en ligne très bientôt !

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