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Arts et culture

Féministe et amatrice de pornographie : deux réalités conciliables ?

Web-Rotonde
11 février 2013

– Par Élise Vaillancourt –

Souvent dénoncée comme un catalyseur des relations de pouvoir inégales entre l’homme et la femme, la pornographie est devenue, à l’ère du numérique, un laboratoire pour l’émergence de diverses communautés sexuelles en offrant une diversité de pratique de plus en plus importante.  Quelle place pour la femme au sein de cette pluralité naissante ?

La sexualité au féminin

Coordonnatrice des relations communautaires au Centre de Ressource des femmes (CRF) de la Fédération Étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO), Josée est une consommatrice d’images pornographiques. Pour elle, la difficulté des femmes à se présenter comme des êtres sexuels et sexués est un poids culturel et historique : « Pendant longtemps, la femme n’avait pas le droit de parler de sa sexualité ou de ses parties intimes… comme si elle n’avait pas de désir. C’est le [double standard de la sexualité féminine] issu de la nécessité d’être à la fois vierge et disponible sexuellement. »

Marie-Pier Deschênes, étudiante de quatrième année en sociologie et consommatrice de matériel pornographique, partage les propos de Josée. Selon elle, la société a cette vision idéaliste de la femme pure et vierge, ce qui crée une vision erronée de la sexualité féminine. « En tant que femme, tu es souvent dénoncée pour avoir une sexualité et d’en parler, alors que les gars ont le droit de le faire », déplore-t-elle.

Pornographie féministe 

Sur l’émergence d’une pornographie féministe, Josée est ferme : «Oui, elle existe». Cette pornographie féministe se manifesterait au travers de différents courants avant-gardistes tels que la pornographie queer, racialisée ou mettant en vedette des individus handicapés physiquement ou s’adonnant à des pratiques sadomasochistes. Cette pornographie se distingue, pour Mme Deschênes, par sa plus grande sensualité et la place plus grande importance accordée à l’érotisme.

Ces courants alternatifs permettent de reconsidérer les normes de la pornographie mainstream en compliquant la notion de genre, de sexualité, de race et de capacité tout en s’assurant d’avoir le consentement enthousiaste des individus impliqués, raconte Josée.

Toutefois, pour une finissante du programme de Développement international et mondialisation, Marie Mô Plamondon, ces mouvements vers une plus grande diversité restent insuffisants.  En effet, elle préfère une littérature érotique à la consommation d’images pornographiques.

Pour une diversité de corps

Les trois intervenantes s’entendent sur un point : il est nécessaire d’avoir davantage de diversité dans les corps présentés dans la pornographie. Le problème vient du fait que la culture pornographique « s’est enracinée dans des concepts d’oppression et de sexisme » en traçant les frontières des corps considérés beaux, ajoute Josée.

Suggestions de sites porno alternatifs : 

http://porn4ladies.tumblr.com/  : Présente des images et vidéos pornographiques spécifiquement adressées au public féminin.

http://iamsexuallyfrustrated.tumblr.com/ : Créé par une femme vivant une relation à distance et qui souhaitait évacuer ses frustrations sexuelles en partageant des images de pornographie romantique.

http://altporn.tumblr.com/ : Rassemble diverses formes de pornographie dite alternative, tant des images que des vidéos.

Dirty Diaries : Une série de douze films suédois présentant la sexualité féminine par les principales intéressées.

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