Inscrire un terme

Retour
Actualités

Fermeture de la Ligne 1 de l’O-Train : À chacun ses priorités ! 

Actualités
16 octobre 2021

Crédit visuel : Dereck Bassa – Photographe

Chronique rédigée par Johan Savoy – Journaliste

La Ligne de la Confédération de l’O-Train est maintenant fermée depuis le 19 septembre 2021 suite à un déraillement du train léger, le deuxième du genre en l’espace de deux mois. La Ville d’Ottawa identifie clairement le gestionnaire du réseau comme le grand fautif, cependant, fait-elle le nécessaire de son côté pour améliorer la situation des usager.ère.s ?

Le 19 septembre dernier, l’O-Train déraillait entre les stations Tremblay et Hurdman, provoquant la fermeture temporaire de la Ligne 1. Une situation qui devait initialement durer une semaine, le temps que l’enquête sur les causes de l’incident soit réalisée et les réparations du réseau, effectuées. Cependant, près d’un mois plus tard, la situation n’a pas évolué. À noter qu’il s’agissait tout de même du deuxième déraillement de la saison estivale après celui qui s’était produit le 8 août dernier, toujours sur cette même ligne, et qui avait également entraîné une suspension du trafic.

Pour répondre à l’arrêt des circulations ferroviaires, la Ville d’Ottawa a mis à la disposition des usager.ère.s un réseau d’autobus permettant de combler le manque de moyens de transport en commun entre les extrémités est et ouest de la Ville. Une solution au départ temporaire mais qui tend finalement à s’éterniser face à l’enlisement de la situation, puisque l’interruption des services sur la ligne est à présent prolongée pour une durée indéterminée.

À l’approche de l’hiver, l’inquiétude est grandissante du côté des usager.ère.s des bus R1 qui subissent déjà un allongement du temps de transport quotidien et un achalandage important, ceci rendant le trajet plus inconfortable qu’en temps normal. « Quelle sera la situation en temps de neige ? », s’interroge ainsi Vaddy Duré, étudiante de l’Université d’Ottawa (U d’O) qui s’impatiente face à la situation.

Lehna Tchendjou, étudiante de deuxième année à l’U d’O résidant proche de Kanata, remarque, quant à elle, que son temps de trajet a quasiment doublé avec l’interruption du train léger. Elle poursuit en pestant que ≪ la surfréquentation des autobus, en plus de coller les personnes les unes aux autres, provoque des bousculades ». Une situation pour le moins problématique en période de pandémie, nous en conviendrons.

Des défaillances à répétition

En service depuis le 14 septembre 2019, la Ligne 1 a connu un nombre important d’incidents entraînant des fermetures à répétition. En mars 2020, six mois après l’ouverture de la ligne, la Ville d’Ottawa avait déjà émis un avis de défaut au gestionnaire du train, le Groupe de Transport Rideau (GTR) pour des défaillances en cascade. Des dysfonctionnements qui se chiffraient à une cinquantaine après seulement deux mois de services.

À la suite des récents déraillements survenus les 8 août et 19 septembre dernier, la Ville a décidé d’émettre un nouvel avis de défaut. D’après elle, il s’agira vraisemblablement de la dernière sommation avant un recours en justice : « La Ville envisage également toutes ses options sur le plan juridique en vertu de l’accord sur ce projet », indique une note de service municipale en date du 5 octobre, information relayée par Radio-Canada.

Le GTR est donc clairement dans le viseur de la ville face à cette situation qui, à défaut de s’arranger, s’aggrave de mois en mois. Celle-ci pose un certain nombre de questions quant à la qualité d’un système de transport qui se chiffre tout de même à près de 6 milliards de dollars.

La ville ne veut pas d’enquête judiciaire

Interpellé.e.s par la situation, plusieurs conseiller.ère.s municipaux.ales avaient, en conséquence, fait le choix de déposer une motion dans le but de demander une enquête publique judiciaire. Leur demande a été éconduite par les décisionnaires qui ont finalement décidé de s’en remettre à « l’indépendance et au professionnalisme » de la vérificatrice générale de ville, selon les dires du maire Jim Watson.

Une décision scandaleuse selon les conseillères municipales Diane Deans et Catherine McKenney qui se questionnent sur l’entêtement du maire à vouloir éviter toute enquête judiciaire. Interrogé à de multiples reprises sur ce refus en conférence de presse, Watson a habilement orienté ses réponses en tapant encore un peu plus sur le gestionnaire du réseau et en brandissant l’excuse du coût important qu’entrainerait une telle enquête.

Questionné finalement sur la date de reprise du service de la Ligne 1, le maire affirmait comprendre l’impatience grandissante des usager.ère.s. Il ajoutait cependant qu’il était pour le moment impossible de se prononcer à ce sujet, la priorité demeurant d’effectuer une réouverture sécuritaire du service pour les habitant.e.s d’Ottawa.

Quelles solutions pour les usager.ère.s ?

Le fait que la sécurité soit la priorité du maire est tout à fait louable, cependant, quels sont les services mis à la disposition des personnes touchées par cette situation ubuesque ? Certes, le circuit d’autobus de remplacement R1 est chargé de remplir ce rôle, mais la réalité est qu’il s’avère bien insuffisant pour bon nombre d’usager.ère.s et d’étudiant.e.s empruntant quotidiennement ce trajet.

Il paraît évident que cette solution de remplacement n’est pas adaptée pour le long terme, qui plus est à l’aube de la saison hivernale. Ainsi, après avoir participé au financement d’un réseau ferroviaire défaillant au prix exorbitant, les usager.ère.s en paieront cette fois le prix physiquement, lorsque le froid rendra les longs moments d’attente encore un peu plus insupportables.

Cela dit, occupé à orienter les médias sur la culpabilité du gestionnaire du réseau et à faire taire ses conseiller.ère.s les plus réfractaires, Watson semble porter bien peu d’attention à ce problème.

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire