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Éditorial

La FÉUO, chronique d’une mort annoncée

Rédaction
1 octobre 2018

Éditorial

Par Mathieu Tovar-Poitras – Rédacteur chef

 

Soyons honnêtes. Qui aurait cru qu’on en serait rendus là aussi rapidement ? Du 9 août, lorsque La Rotonde dévoilait les allégations de fraude, jusqu’au 25 septembre, lorsque l’Université d’Ottawa (l’U d’O) a annoncé la résiliation de son entente avec la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO), le paysage a complètement changé.

Ce n’est que le 26 septembre que la FÉUO a adressé la situation par l’entremise d’un communiqué. Une tentative de sauvetage aussi efficace que de craquer puis tenir une allumette à la proue du Titanic dans l’espoir que l’iceberg fonde. On essaie de se sauver la face chez la FÉUO ? Oui, mais ce qu’ils essaient de faire est encore plus rudimentaire. On cherche à garder la tête au-dessus, à ne pas s’avouer vaincu même si cette organisation n’est désormais plus que la piteuse ombre de ce qu’elle a déjà été.

La maladresse avec laquelle s’est prise notre chère Fédération est à la fois loufoque et inquiétante. Cherche-t-on vraiment à faire croire que ce n’est que maintenant que les têtes pensantes de la FÉUO se sont dites que ce serait peut-être une bonne idée d’adresser un message à la population étudiante, ses membres ? Désolé, mais il en faudra plus pour faire gober ça.

Il faut avouer que la manière dont le tout s’est développé était en quelque sorte prévisible. La rapidité avec laquelle l’Université a réagi suite au dévoilement des allégations aurait déjà dû mettre la puce à l’oreille des gestionnaires de la Fédération. Mais pour une raison qu’eux seuls peuvent justifier, ces personnes ont préféré adopter la stratégie d’un jeune enfant jouant à cache-cache ; se couvrir les yeux en pensant « si je ne peux pas les voir, ils ne peuvent pas me trouver ».

Trop peu trop tard

« Nous n’avons pas été parfaits », peut-on lire dans le texte signé par le comité exécutif de la FÉUO. Et de quoi s’excusent-ils ? D’avoir failli à leur devoir de communiquer. D’avoir fait des erreurs qui sont le résultat du fait « [qu’] aucun de nous n’a jamais eu à résoudre ni prévoir l’enjeu dont il est question aujourd’hui ». En gros, on s’excuse d’avoir mal géré ses erreurs sous prétexte que c’est la première fois qu’on les fait.

Pour la question de la communication, chapeau pour la justification, c’est à faire brailler. Ce n’est que maintenant qu’on émet un communiqué ? Ce n’est que maintenant que l’on condamne la suspension des transferts de fonds par l’Université ? Ce n’est qu’à ce moment dans toute cette controverse qu’on se dit être « ici pour vous tous » ? Les individus au sein de la FÉUO devaient forcément savoir à quel point le public réagissait durant les péripéties suivant le 9 août. Et pourtant, ils ont décidé de garder le silence publiquement.

Commence-t-on à regretter la disparition du poste de vice-présidence aux communications ? C’était pourtant la personne qui avait comme mandat de gérer ce genre de crise. Il ne faut pas non plus négliger qu’auparavant, cette personne agissait aussi comme correspondant de presse de la FÉUO, responsabilité qui, cette année, était celle du président Rizki Rachiq. Comme l’a dit de La Rochefoucauld, « rien n’est aussi contagieux que l’exemple ».

Une ingérence inévitable

En théorie, le fait qu’une université s’ingère dans les affaires d’une organisation étudiante indépendante comme l’a fait l’U d’O aurait dû être farouchement condamné dès le début. Toutefois, ce n’est pas ce que la FÉUO a fait. En gardant le silence publiquement suite à l’annonce de la suspension des transferts de fonds, elle a tacitement consenti à cette action, légitimant du même coup cette ingérence.

Il ne faut pas parler à beaucoup d’étudiant.e.s pour remarquer que cette décision de l’U d’O est non seulement acceptée par la majorité des membres de la Fédération, mais qu’elle est aussi saluée. Force est d’admettre qu’il faudra plus que de la marchandise de la FÉUO pour que ceux-ci regagnent confiance en leurs représentant.e.s. Une idée qui, au passage, a été proposée par Rachiq lors de la dernière réunion du conseil d’administration (CA) de la FÉUO.

Justement, tant qu’à parler de cette dernière instance, soulignons son incapacité apparente à agir sérieusement. Certains de ses membres semblent parfois oublier qu’ils représentent l’intérêt des étudiant.e.s et non les leurs ou ceux de leur entourage. On responsabilise beaucoup les membres de l’exécutif en ce moment, mais les membres du CA doivent l’être tout autant.

Dans un article publié le 9 avril 2018 par La Rotonde, Rachiq avait déclaré que « pour améliorer l’image [de la FÉUO], l’idée c’est de montrer où l’argent va réellement ». Eh bien c’est une maudite de bonne idée. Les récents développements ne sont probablement pas ce qu’il avait en tête en prononçant ces mots. Avec une image ne pouvant être qu’améliorée, la population étudiante mérite quand même la vérité.

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