Inscrire un terme

Retour
Arts et culture

Français, féminité et inégalités pour Le Saux-Farmer

Culture
19 mars 2021

Crédit visuel : Jean-François Dubé – Contribution

Entrevue réalisée par Aïcha Ducharme-LeBlanc – Cheffe de pupitre Arts et culture

Directrice artistique du Théâtre Catapulte, l’artiste engagée est à la fois interprète, traductrice, auteure et metteuse en scène. Passionnée par l’art, elle se confie sur sa démarche artistique, et les sujets qui lui tiennent à cœur.

La Rotonde (LR) : Comment conjuguez-vous vos passions pour la traduction, le théâtre, et la dramaturgie ?

Danielle Le Saux-Farmer (DLF) : Le défi est pour moi de réaliser les tâches créatives tout en dirigeant une compagnie, comme le Théâtre Catapulte. Je suis en train d’apprendre comment trouver le bon équilibre dans mon temps, parce que l’administration, la gestion, la mise sur pied de projets sont très demandant, et il y a toujours ce risque de mettre de côté ma pratique de création […].

[J’essaye de dédier] des journées complètes à l’écriture, à la traduction, à l’apprentissage de textes. Mais ce sont des tâches qui peuvent souvent être mises de côté, parce qu’elles sont moins « urgentes » que la réalisation d’un budget ou le dépôt d’une demande de subvention. Si je ne bloque pas ces espaces dans mon horaire [consacrés à la création], l’administration prendra toujours le dessus. 

LR : Quelle est selon vous l’importance du théâtre francophone en Ontario ?

DLF : En général, l’art est essentiel à notre survie, mais il l’est encore plus en situation minoritaire comme c’est le cas de l’Ontario français. Le théâtre francophone est alors très important, car il représente une culture, et témoigne de la vivacité d’une population […]. On parle français pour vivre, et la langue est ce qui nous relient entre citoyen.ne.s d’une même culture. L’art vivant sert de preuve que nous [les Franco-Ontarien.ne.s] existons. 

LR : Le théâtre a la réputation d’être un domaine difficile d’accès pour les femmes. Est-ce que ça a été votre cas ? 

DLF : J’ai eu la chance et le privilège de passer l’entrevue de mon poste actuel, que j’ai réalisée avec succès. De mon expérience personnelle, cela n’a pas été difficile d’arriver [au Théâtre Catapulte].

Cela dit [les inégalités] restent un enjeu. J’avais participé de loin à la recherche Femmes, et compétitivité en théâtre, réalisée par un groupe du Québec sur les artistes féminines. Les chiffres de l’étude n’étaient pas encourageants du tout. Il existe un manque d’équité par rapport au nombre de femmes dans des postes de pouvoir, de femmes auteures, et de femmes metteuses en scène ; la présence masculine est encore très forte.

J’ai été formée au Conservatoire d’art dramatique du Québec […]. Si beaucoup de femmes veulent entrer dans les écoles [de théâtre] et finissent leurs études, il y a généralement plus de rôles et d’opportunités pour les hommes à la sortie […]. 

LR : Du 22 mai au 30 juin prochain, vous présenterez virtuellement la pièce Singulières au Québec. De quoi traite-t-elle ? 

DLF : C’est un théâtre documentaire sur la situation de la femme célibataire de 30 à 40 ans, présenté par la compagnie Nous sommes ici de Québec […]. Il s’agit vraiment d’une recherche auprès des théories de l’archétype de la vieille-fille. L’auteur, Maxime Beauregard-Martin, s’est organisé pour suivre l’histoire de cinq célibataires, et voir comment elles évoluent sur une période de deux ans, et comment elles voient leur situation.  

Est-ce que c’est un obstacle ? Est-ce qu’elles ont fait la paix [avec leur célibat] ? Comment est-ce qu’elles arrivent à rencontrer des gens avec les réseaux sociaux ? Je trouve que c’est un sujet intéressant, parce que je pense que même si nos mentalités ont évolué, on est quand même souvent influencé.e.s par l’idée de vieille-fille. 

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire