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Éditorial

Fraude et violence, les grandes gagnantes de l’élection de 2020

Rédaction
9 novembre 2020

Crédit visuel : Nisrine Nail – Directrice artistique

Par Caroline Fabre – Rédactrice en chef

D’un côté, un éléphant rouge. De l’autre, un âne bleu. Au centre, un pays divisé par les tensions qui se produisent en son sein depuis plusieurs années déjà. Est-ce là le scénario de la nouvelle super production post-apocalyptique tout droit venue d’Hollywood ? Non non, c’est bel et bien celui des élections présidentielles américaines de 2020. Des élections hautes en couleur, et en fraude. 

Alors que le monde entier avait les yeux rivés sur ses écrans pour connaître l’identité du 46e président des États-Unis, la population du pays était animée par les vives tensions opposant les partisans et les adversaires de Donald Trump. L’attente de ces résultats a été, ô combien, interminable. 

Entre drapeaux brûlés, état d’urgence instauré dans certains États, comme en Oregon, et magasins barricadés avec des panneaux de contreplaqué, la première nuit des résultats de ces élections s’annonçait prometteuse. Mais qui a été choqué.e par cela, dans un pays où le président a littéralement appelé à la révolte dans trois États qui ont imposé des consignes de confinement à cause de la pandémie ? Pas grand monde. Et tant pis pour les centaines de personnes qui décèdent du coronavirus tous les jours, l’économie du pays passe visiblement avant tout. Où était-ce de la mauvaise foi du Républicain face aux gouvernements de ces trois États démocrates ?

Principe fondamental bafoué  

Si elle est un principe fondamental de la nation américaine, la démocratie a bien failli être maltraitée durant ces élections. Et quoi de mieux que de tenter de déjouer la démocratie pour y ajouter un peu de piment ? C’est bel et bien ce que le 45e président des États-Unis a tenté de faire. L’écrivain Eddy Harris s’est même d’ailleurs demandé sérieusement, sur Franceinfo, si les États-Unis sont encore une démocratie.

L’éléphant rouge n’a cessé de crier au scandale et à la fraude. Mais n’oublions pas l’expression française « c’est la poule qui chante qui a fait l’oeuf ». Trump n’a pas lésiné sur la quantité d’oeufs qu’il nous a offert pendant cette période de dépouillement. Il aura au moins eu le mérite de nous divertir. 

Par une série de subterfuges tous plus astucieux les uns que les autres, la troupe de républicains a tenté de déposséder les électeur.rice.s démocrates de leur droit de vote. Déstabilisation des services postiers pour ralentir l’acheminement des votes par correspondance, limitation du nombre des boîtes de vote pour le vote par correspondance ou les bureaux de vote dans les quartiers pauvres, ou encore interdiction de vote aux ancien.ne.s détenu.e.s ayant purgé leur peine, les méthodes citées par Denis Lacorne et Didier Combeau dans La Croix sont nombreuses. S’il a également réclamé l’arrêt des décomptes dans les États où son opposant était en tête, son électorat a bien insisté sur l’importance de compter tous les votes dans ceux où sa victoire était quasiment assurée. On ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre, Donald. 

Pour empêcher Biden de progresser, certain.e.s partisan.e.s du Républicain n’ont d’ailleurs pas hésité à envahir les bureaux de dépouillement pour arrêter le processus, parfois armé.e.s jusqu’aux dents. Ne serait-ce pas là une forme de censure moderne ? Mais face à sa défaite, le (mauvais) perdant de ces élections a d’ores et déjà choisi de déposer au moins sept recours dans six États : en Pennsylvanie, dans le Michigan, l’Arizona, le Nevada, la Géorgie et le Wisconsin.

Si les vidéos moquant ses disciples pullulent sur le web, force est d’admettre que le monde entier les a sous-estimé.e.s, le tout non sans une certaine condescendance. Car Trump a tout de même obtenu le deuxième plus haut taux de participation durant des élections depuis plus de 120 ans, le premier étant celui de Biden durant cette même élection. Malgré cette mobilisation de masse, cette statistique semble affirmer que l’homme d’affaires américain ne s’est pas retrouvé à la Maison-Blanche par hasard en 2016, usant des arguments contre l’immigration, et en faveur des armes.

Vives tensions

Adulé par certain.e.s, détesté par d’autres ; le deuxième amendement de la Constitution des États-Unis, qui autorise le port d’arme, a une fois de plus provoqué le débat. Le géant de la grande distribution Walmart avait même retiré ces dernières et les munitions de ses présentoirs quelques jours avant le début des dépouillements, afin de prévenir d’éventuels troubles civils. Pourquoi les armes sont-elles en vente quasiment librement dans un supermarché d’ailleurs ? Le pays n’a-t-il pas encore appris la leçon avec les multiples massacres, tous plus meurtriers les uns que les autres, qui ont eu lieu sur son sol ?

À l’heure où des enfants meurent canardés dans des écoles, et où des passant.e.s se font tirer dessus pour un regard jugé de travers, les potentiels débordements en ont effrayé plus d’un.e en vue des élections. Et pas seulement les résident.e.s américain.e.s, si vous voyez où nous voulons en venir. 

« Les risques de violence sont plus grands que lors de toute élection précédente récente », avait déclaré dans Vox Daniel Byman, expert en terrorisme de la Brookings Institution à Washington. De plus, les trois quarts des Américains eux-mêmes s’attendaient à de violents affrontements, révélait un sondage réalisé par USA TodayD’une part, les républicains redoutaient les groupes d’extrême gauche, antifa ou émeutiers. D’autre part, les démocrates appréhendaient les groupes d’extrême droite, les milices violentes, et défenseurs du Deuxième amendement, analysait Adrien Jaulmes pour Le Figaro.

C’est triste de voir que la population américaine a elle-même tant redouté ces élections. Et comment a-t-elle contré cette peur ? En se procurant des armes à feu, bien évidemment. Quoi de mieux pour combattre la violence, que d’utiliser la violence ? Oeil pour oeil, dent pour dent, comme dit l’expression.

Selon les estimations de The Trace, de mars à septembre, les américains ont acheté 15,1 millions d’armes à feu, une augmentation de 91 % par rapport à la même période en 2019. Après 25 ans d’existence, le centre de réflexion et de prévention des conflits International Crisis Group a, pour la première fois, publié un rapport mettant en garde contre des possibles troubles consacré aux États-Unis. Habituellement, il se consacre à l’analyse de zones de guerres et de crises, avait confié le président de l’organisation Robert Malley. Ça en dit long sur le climat et les instabilités qui entravent le pays. Mais bon, quoi de plus normal dans un pays où les armes se trouvent entre les tomates et les feutres pour enfants au supermarché ?

Si lire cet éditorial vous a donné de l’anxiété en pensant à l’avenir de notre pays voisin, souvenez-vous que Kanye West a tenté de se présenter sérieusement. Et ça, ça vous fera peut-être esquisser un sourire.

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