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Arts et culture

Hunger Games fait son grand retour dans l’arène

Emily Zaragoza
2 décembre 2023

Crédit visuel : Courtoisie — Culturius Magazine

Critique rédigée par Emily Zaragoza — Journaliste

À moins que vous ne viviez dans une grotte ou dans le district 13, vous avez forcément entendu parler de la saga Hunger Games. La série de films dystopiques, adaptés des romans à succès de Suzanne Collins, a su, il y a 15 ans, gagner le cœur du public. Le 17 novembre dernier, la franchise faisait son retour au cinéma avec un antépisode (prequel) plutôt réussi, sur la jeunesse de Coriolanus Snow, le leader impitoyable de Panem.

En mai 2020, en pleine pandémie, Suzanne Collins publie La ballade du serpent et de l’oiseau chanteur, une intrigue qui se déroule 64 ans avant que Katniss Everdeen ne se porte volontaire comme tribut à la place de sa sœur. Ce nouvel opus s’ouvre sur la dixième édition des jeux, alors que l’ombre de la guerre plane encore sur le capitole. Coriolanus Snow, prêt à tout pour perpétuer la gloire de sa famille, voit son destin lié à celui de l’étonnante Lucy Gray qui vient d’être désignée comme tribut du district 12.

Une distribution cinq étoiles

Après avoir lu le livre, certain.e.s se sont amusé.e.s à imaginer une potentielle distribution, allant même jusqu’à partager leurs suggestions sur les réseaux sociaux. Le choix des acteur.rice.s était donc un élément particulièrement important, d’autant que les performances de Jennifer Lawrence et de Donald Sutherland auraient pu faire de l’ombre sur le nouveau film.

L’antépisode est porté par le duo Tom Blyth (Coriolanus Snow) et Rachel Zegler (Lucy Gray), qui fonctionne plutôt bien en Roméo et Juliette torturés. Du côté des seconds rôles, plusieurs acteur.rice.s que vous connaissez sans doute : Viola Davis (Dre Gaul) aux allures de savante folle que l’on adore détester, Peter Hayden Dinklage (Casca Highbottom), la tête pensante des jeux, et Hunter Schafer (Tigris Snow) qui parvient — presque — à rendre Coriolanus Snow attendrissant.

Jason Schwartzman (Lucretius Flickerman) incarne avec brio le présentateur des jeux avides de sensationnalisme, caricature du divertissement télévisuel. Son ton impertinent et cynique ajoute une pointe d’humour au film. Sans nul doute, l’un des points forts de cette adaptation sur grand écran.

Une adaptation à la hauteur du livre ?

Entre 2012 et 2015, la série de films a rapporté 2,9 milliards de dollars dans le monde. De manière générale, l’adaptation de romans pour jeunes adultes est devenue la poule aux œufs d’or du cinéma (Divergente, Twilight, Labyrinthe), quitte, parfois, à produire des films décevants.

Le film reste fidèle à ce qui fait l’essence de Hunger Games. Les quelques références aux précédents opus raviront les admirateur.rice.s, tout comme la découverte des chansons, sublimées par la voix envoûtante de Rachel Zegler.

Peut-être que le film aurait dû consacrer moins de temps aux jeux eux-mêmes, afin d’éviter certaines scènes de combats futiles, et privilégier d’autres éléments de l’intrigue. La relation entre Snow et Lucy aurait, par exemple, mérité d’être plus approfondie afin d’éviter — comme dans de trop nombreux films — de donner l’image d’un amour mièvre. Le personnage de Snow est rendu presque trop sympathique aux yeux du public, et celui de Lucy Gray, légèrement naïf.

La troisième partie du film vient cependant mettre tout le monde d’accord (ou pas). L’histoire prend une dimension plus profonde, plus sombre, afin de répondre à la grande question du film : comment devient-on un monstre ?

Un film qui se pose au sommet ?

Selon la devise de la famille Snow, la neige se pose toujours au sommet. Mais qu’en est-il du film ? Une fois de plus, peut-être même davantage que dans les précédents films, les décors sont particulièrement travaillés. Le capitole est chargé de références à la Rome antique, mais aussi aux années 1930, bien loin de l’aspect futuriste et ostentatoire qu’on lui connaissait jusqu’alors.

Les costumes particulièrement réussis reflètent intelligemment la personnalité des protagonistes. L’esthétique du film est soignée, la composition de l’image semble méthodiquement étudiée, offrant un tout plus abouti que dans les films précédents.

La ballade du serpent et de l’oiseau chanteur se passe de véritable héros. Lucy Gray ne cherche pas à changer le monde et c’est tant mieux ! Le film évite ainsi de reproduire inlassablement le même scénario. Francis Lawrence, s’appuyant sur l’œuvre de Suzanne Collins, parvient à ne pas tomber dans cet écueil et offre un spectacle original.

Alors que défile le générique de fin, une question nous vient en tête : à quand le prochain film ? Malgré l’attachement des amateur.rice.s et l’enjeu financier, la réponse la plus raisonnable semble être : jamais. Comme le dit l’adage : « toutes les bonnes choses ont une fin », même Hunger Games.

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