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Illustration de deux personnes portant des vêtements aux couleurs du drapeau transgenre
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Journée internationale de la visibilité transgenre : regard sur la jeunesse trans

Stella Chayer Demers
31 mars 2022

Crédit visuel : Nisrine Nail – Directrice artistique

Article rédigé par Stella Chayer Demers – Journaliste 

La communauté LGBTQ+ fait face à plusieurs difficultés, renforcées par la pandémie. Parmi les membres les plus vulnérables de cette communauté se trouvent les jeunes transgenres. En cette journée internationale de la visibilité transgenre du 31 mars, il est important de tendre l’oreille pour écouter cette communauté et les problèmes auxquelles elle est, encore aujourd’hui, confrontée.

La communauté transgenre fait face à plusieurs difficultés, incluant, entre autres, l’accès à l’aide médicale, les discriminations lors de la recherche d’emploi, la difficulté à obtenir un logement et, la transphobie exprime Sam, membre du Centre SAEFTY, une organisation d’Ottawa pour les jeunes transgenres et par des jeunes transgenres.

Sam poursuit en détaillant que la jeunesse trans subit les mêmes discriminations, en plus d’être souvent encore sous l’autorité d’un.e adulte. D’après le membre du Centre SAEFTY, Ces jeunes dépendent de leur famille, qui n’est pas toujours tolérante. Ainsi, pour plusieurs d’entre eux.elles, révéler son identité en tant que personne trans signifierait la perte de leur logement.

Par conséquent, entre 25 et 40 % de la population sans-abris s’identifie comme un membre de la communauté LGBTQ+, selon le Canadian observatory on homelessness.

Un accès aux soins difficile

Même lorsqu’une personne trans est entourée d’une famille qui l’accepte, l’accès aux soins d’affirmation du genre reste toujours difficile. SAEFTY a publié un rapport en 2019 sur l’expérience des familles et jeunes trans à la Clinique pour la diversité des genres au Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario. Ce rapport met en lumière plusieurs difficultés rencontrées par les jeunes et leur famille au cours des soins.

Selon le rapport, le processus comporte plusieurs étapes et est d’une très longue durée.  Le rapport mentionne que cette lenteur cause parfois de la détresse chez les jeunes, qui, pour la plupart, ont déjà de la difficulté à maintenir une bonne santé mentale à cause de leur dysphorie.

Le rapport détaille que l’une des raisons derrière la longueur du processus sont les critères auxquels les jeunes doivent se soumettre pour recevoir des soins. Tout d’abord, il leur faut un diagnostic officiel de dysphorie du genre. Ce terme fait référence au sentiment de détresse, d’anxiété voire de dépression, causé par l’impression d’appartenir à un genre autre que celui qui est attribué à la naissance. Pour obtenir des soins, l’individu doit avoir ressenti ce sentiment de dysphorie pendant une période d’au moins 12 mois, ce qui ne fait qu’allonger le processus.

Si âgé.e de moins de 18 ans, un.e jeune transgenre doit avoir l’approbation d’un parent pour obtenir des soins de ce genre, ce qui pose problème lorsque les parents en question ne sont pas tolérants de l’identité de leur enfant, explique un étudiant de l’Université d’Ottawa qui a souhaité rester anonyme.

Des difficultés renforcées par la pandémie

L’étudiant partage son expérience avec la chirurgie d’affirmation du genre. Il raconte que le processus qui a mené à sa double mastectomie a duré plus de deux ans. La pandémie a conduit à l’ajournement de celle-ci à trois reprises, parfois sans qu’une date concrète lui soit donnée. C’est la réalité de plusieurs autres jeunes trans, dont les soins d’affirmation du genre ont été jugés non essentiels face à la pandémie.

Ce qui a été le plus difficile pour iel est la période de récupération après l’intervention chirurgicale. « Tu as de la misère à fonctionner. Tu ne peux pas bouger tes bras, tu ne peux rien faire par toi-même », explique-t-iel. Selon iel, il serait donc difficile pour les jeunes sans système de soutien, notamment familial, d’avoir accès à ces soins, pourtant essentiels à leur bien-être. L’étudiant se compte tout de même chanceux de son parcours, citant entre autres des professionnel.le.s de la santé à l’écoute de leur besoin, une facture payée par le gouvernement provincial et une famille compréhensive.

Sam déplore les impacts qu’a eus la pandémie sur la jeunesse transgenre. « Beaucoup de choses comme le soutien communautaire, les groupes, les évènements destinés aux personnes transgenres ont été déplacées en ligne ou simplement annulées », révèle-t-iel. Selon Sam, cela peut mener à de l’isolement, surtout pour les jeunes qui comptent sur la communauté pour obtenir du soutien. Ce manque de communauté et d’espace inclusif a selon iel beaucoup affecté le bien-être mental de ces jeunes.

Comment être un.e allié.e ?

Comment est-ce qu’une personne cisgenre peut être un.e meilleur.e allié.e de la communauté transgenre ? Selon Sam, il existe différentes façons de l’être.

La première, qui est probablement la plus évidente, est le respect des pronoms personnels. Normaliser la présentation de ses pronoms et ne pas assumer les pronoms d’autrui basé sur son apparence sont des bonnes pratiques à adopter, mais Sam insiste que cela ne s’arrête pas là.

Il est important, selon iel, de défier les règles transphobiques de son milieu de travail et scolaire et de ne pas laisser place à des discours haineux. Les dons monétaires aux organisations sont également un bon moyen de soutenir la communauté trans. Si vous n’en avez pas les moyens, Sam rappelle qu’être un.e allié.e, c’est aussi tout simplement s’informer, tout en reconnaissant que « personne ne saura jamais un.e allié.e parfait.e » et qu’il est donc crucial de toujours vouloir s’améliorer.

Pour conclure, Sam rappelle l’importance de l’intersectionnalité dans l’approche d’un.e allié.e à la communauté trans. « On ne peut pas se contenter de lutter contre la transphobie. Il faut lutter contre le racisme, contre le capacitisme, et l’homophobie pour s’assurer que tous les membres de la communauté trans soient non seulement visibles, mais aussi en sécurité », souligne Sam. L’identité des personnes transgenres se retrouvent en effet souvent, d’après iel, à l’intersectionnalité entre plusieurs identités minoritaires.

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